Dans le siège du Parlement irakien, l’atmosphère chauffait ce lundi 3 septembre, au cours duquel les députés élus le mois de mai dernier aurauent du choisir le président de la Chambre et ses deux adjoints.
Pour cause, c’est la bataille de la formation du gouvernement qui bat déjà son plein. Alors qu’elle devrait intervenir après la désignation du président.
Deux blocs et des pressions US
La situation est d’autant plus délicate que les élus irakiens sont divisés dans deux blocs rivaux, chacun revendiquant le titre de plus large coalition gouvernementale.
Le tout sous le poids de pressions américaines qui tournent à pleine vitesse en faveur de l’un d’entre eux: l’Alliance Al-Nasr (la Victoire), dans laquelle sont principalement représentées deux formations : celle du Premier ministre sortant Haider al-Abadi, al-Hikma (La sagesse) et celle dirigée par sayed Moqtada Sadr, Sairoune, laquelle a obtenu le premier score durant le scrutin qui s’est déroulé le mois de mai dernier. Ce bloc qui comprend aussi une constellation de petits partis irakiens assure compter dans ses rangs quelques 177 députés, soit plus de la moitié des 329 sièges du Parlement élu le 12 mai.
Ce chiffre est violemment contesté par le bloc rival al-Bina (la Construction) qui compte dans ses rangs le parti l’Etat de droit de l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, en plus de l’Alliance al-fateh (la Conquête) de Hadi al-Ameri. Cette coalition de combattants qui ont joué un rôle décisif dans la guerre contre la milice wahhabite terroriste Daech est arrivée deuxième dans l’échéance législtaive de Mai. En plus d’autres formations.
Des députés et non des chefs de listes
Cette alliance assure avoir obtenu « les signatures de 145 députés, et non celles des chefs de liste » comme c’est le cas de son concurrent.
Selon M. Maliki , certains députés refusent de suivre les consignes de liste du bloc al-Nasr. Parmi eux, l’ancien chef des unités du Hachd al-Chaabi, Faleh al-Fayadh, que le Premier ministre a destitué il y a quelques jours parce qu’il le soupçonnait de négocier derrière son dos avec l’Alliance de la Conquête, alors que Fayadh l’accuse de se plier aux desideratas américaines.
Le bloc Maliki-Ameri affirme ainsi avoir débauché 21 députés de l’Alliance de la Victoire de Sadr-Abadi.
Kurdes et Sunnites, divisés aussi
Selon l’AFP, ces défections, si elles sont confirmées, peuvent faire pencher la balance, d’autant que les partis kurdes, qui comptent 43 députés, ne se sont jusqu’ici pas prononcés et mènent des négociations avec les deux camps. Ils n’ont pas encore fourni l’identité de celui qui devrait être élu à la présidence.
Les sunnites semblent eux aussi divisés entre les deux blocs. D’autant qu’ils n’ont pas encore désigné leur candidat pour la présidence du Parlement.
Selon le journal libanais al-Akhbar, les pressions américaines ont réussi à attirer une partie d’entre eux vers l’Alliance de la Victoire. Le chef du département américain Mike Pompeo étant intervenu en personne auprès du chef de l’Alliance al-Karar (La Décision) pour le dissuader de rejoindre le bloc Maliki-Ameri. Les pétrol-dollars saoudiens y seraient aussi pour quelque chose.
Diatribe anti iranienne de Abadi
L’ambiance s’était déjà électrocutée depuis dimanche par la diatribe anti iranienne du Premier ministre sortant.
« Nous n’allons pas risquer les intérêts de notre peuple pour l’Iran ou tout autre Etat », avait pesté M.Abadi. Une allusion faite aux sanctions américaines imposées contre l’Iran et qu’il a assuré vouloir observer.
« Je ne peux pas affamer les Irakiens au motif de soutenir un pays voisin… l’Irak ne doit a personne sa victoire contre Daech… tous ceux qui l’ont aidé dans la lutte contre le terrorisme, l’ont fait pour protéger leur pays », a-t-il renchéri ce lundi. L’Iran a accordé une aide primordiale aux autorités irakiennes, lorsque Daech a conquis d’énormes superficies de l’Irak, provoquant l’effondrement de l’armée irakienne.
Une session jusqu’à mardi
A l’heure de l’écriture de cet article, la session inaugurale du Parlement a été relancée après avoir été retardée d’une heure au moins, en raison du retrait des deux composantes principales du bloc de la Construction ainsi que des deux partis kurdes. La pousuite de la session bute plus que jamais sur l’identification du bloc le plus important, lequel devrait être annoncé par le doyen des députés. Plusieurs interprétations se heurtent déjà. Un recours à une jurisprudence supérieure à celle de la tribune législative pourrait s’imposer. En attendant, le chef sortant du Parlement a décidé que la session de ce lundi restera ouverte jusqu’à mardi.
Source: Divers