Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est défendu mercredi face aux critiques après le cessez-le-feu conclu indirectement avec les factions de la résistance après une escalade militaire qui s’est poursuivie 48 heures.
« Dans les périodes d’urgence, le public ne peut pas toujours être mis dans la confidence de décisions essentielles pour la sécurité du pays et de considérations qui doivent rester secrètes pour l’ennemi », a-t-il dit. « Nos ennemis nous ont suppliés d’accepter ce cessez-le-feu et ils savent très bien pourquoi ils l’ont fait ».
Selon l’AFP, M. Netanyahu s’exprimait à Sde Boker (sud) lors d’une cérémonie à la mémoire de David Ben Gourion, l’un des pères fondateurs de l’entité sioniste.
Or Netanyahu fait face aux critiques des colons israéliens qui habitent dans les périphéries de la bande de Gaza et de membres de sa propre coalition gouvernementale après l’annonce d’un cessez-le-feu mettant fin à la plus sévère confrontation entre l’armée israélienne et les factions de la résistance palestinienne depuis la guerre de 2014.
Ils lui reprochent d’avoir accepté le cessez-le-feu avant d’avoir frappé plus fort le Hamas qui gouverne sans partage la bande de Gaza.
« J’entends la voix des habitants du sud », a-t-il dit, « mais moi et les chefs des services de sécurité voyons une image plus large de la réalité des choses, que je ne peux pas partager avec l’opinion publique ».
Lors d’une réunion du cabinet de sécurité, forum restreint chargé des questions les plus sensibles autour du Premier ministre, les responsables de l’armée et de tous les services de sécurité ont plaidé mardi pour le cessez-le-feu, a rapporté la presse israélienne, et M. Netanyahu les a suivis, sans soumettre la question à un vote.
« Réveillez-vous »
Peu de temps après l’annonce de la trêve à Gaza, mardi soir, les colons sont descendus dans la rue pour exprimer leur déception envers les capacités militaires du régime, qualifiant leur armée d’incompétente.
Ils ont dénoncé l’armée et le cabinet sécuritaire de Benjamin Netanyahu les accusant d’avoir « cédé » à la Résistance palestinienne, rapporte Press TV.
Selon le site du quotidien israélien Yediot Aharonot, les colons arboraient aussi des banderoles dans lesquelles ils exprimaient leur tracasserie de la détérioration de la situation sécuritaire. Ils déploraient surtout les sirènes d’alarme qui ne connaissent pas de répit et des pneus brûlés durant les manifestations organisées par les Gazaouis régulièrement depuis le mois de Mars pour réclamer leur droit de retour. « Réveillez-vous, le sud est en train de brûler » proclamait une banderole auprès de feux de rue.
Grand échec
Dans les rangs de l’opposition israélienne, sa cheffe Tzipi Livni a qualifié le cessez-le-feu de « grand échec sécuritaire pour Israël » avant d’ajouter que cela pourrait porter atteinte aux capacités de dissuasion israéliennes.
Même dans les rangs de la coalition gouvernementale qu’il dirige, Netanyahu fait face à une grogne. Son ministre de la guerre et chef d’Israël beitenou Avigdor Lieberman a démissionné cet après-midi pour protester aussi contre le cessez-le-feu. Selon l’AFP, il a appelé à des élections anticipées.
« Nous avons apporté une réponse insuffisante, inadéquate et inacceptable au tir de 500 roquettes » contre Israël, a-t-il dit.
« L’Etat achète le calme à court terme au prix de graves dommages à long terme pour la sécurité nationale », a poursuivi Avigdor Lieberman.
Il a aussi critiqué la décision du gouvernement de permettre le transfert de dollars qataris dans la bande de Gaza principalement pour payer les salaires des fonctionnaires du mouvement Hamas.
« Nous devons nous entendre sur une date pour des élections le plus tôt possible », a argué M. Lieberman.
Aveu de défaite
Pour la résistance palestinienne, dont le mouvement Hamas, cette démission constitue « un aveu de défaite face à la résistance et un séisme politique sur la scène des occupants ».
« La démission de Lieberman à cause de Gaza est la confirmation de l’échec de son opération de renseignement et l’annonce flagrante de sa défaite, ce qui constitue une nouvelle victoire pour Gaza qui a fait plier l’occupation et échouer ses plans », ont conclu les factions dans un communiqué commun, publié par l’agence palestinienne al-Quds directement après le départ du ministre israélien.
Source: Divers