Les forces spéciales irakiennes se sont déployées jeudi à Kirkouk où un parti a hissé le drapeau kurde sur ses sièges, réveillant les tensions plus d’un an après la reprise de la ville disputée par Bagdad.
Mardi soir, le drapeau rouge, blanc, vert et jaune de la région autonome a été hissé au-dessus de sièges de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), le parti du président irakien Barham Saleh, dans la ville de Kirkouk.
Arrivé jeudi sur place, le chef des unités du contre-terrorisme, le général Abdel Wahab al Saïdi, a donné jusqu’à vendredi midi à l’UPK pour les abaisser, tandis que ses hommes se déployaient dans la ville.
Kirkouk, comme sa province du même nom, est une zone multi-ethnique où cohabitent Kurdes, Arabes et Turkmènes, placée selon la Constitution sous le contrôle des autorités centrales de Bagdad et non de celles du Kurdistan autonome voisin.
Dans le chaos de la percée jihadiste de 2014, les forces du Kurdistan en ont pris de fait le contrôle, avant de devoir rendre les clés –notamment des installations pétrolières– à l’automne 2017, après le fiasco du référendum d’indépendance kurde.
Depuis, le gouverneur kurde a pris la fuite et le rapport de force entre communautés a été totalement bouleversé.
Fin 2018, Bagdad et Erbil sont finalement parvenus à s’accorder sur une reprise des exportations de pétrole de Kirkouk vers la Turquie. Mais au moment même où le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo saluait cette décision à Bagdad mercredi, la tension montait à Kirkouk, mettant en péril ces avancées.
L’affaire a pris de telles proportions que le Premier ministre Adel Abdel Mahdi, pourtant connu pour être une figure consensuelle ayant par le passé réglé des différends entre le Kurdistan et Bagdad, a fait appel au président.
Selon un communiqué de son bureau, les deux hommes se sont parlés, alors que le président, gardien de la Constitution selon la loi irakienne, est en visite au Qatar.
M. Abdel Mahdi, ajoute le communiqué, a estimé que « ces drapeaux au-dessus de QG de partis à Kirkouk constituent une violation de la Constitution ». Il a préconisé de s’en remettre à la Cour suprême, qui avait jugé le référendum d’indépendance illégal, de même que sa tenue à Kirkouk.
Source: AFP