Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que l’armée turque était entrée en Syrie pour mettre fin au mandat du président syrien Bachar el-Assad, qu’il a accusé de terrorisme et de la mort de milliers de Syriens.
«Nous sommes entrés [en Syrie] pour mettre fin au règne du tyran Assad», a déclaré le 29 novembre le président turc lors du Symposium de la Plateforme interparlementaire de Jérusalem, tenu à Istanbul.
Cité par le quotidien turc Hurriyet, Recep Tayyip Erdogan a exposé que la Turquie n’avait pas de revendications territoriales en Syrie, mais voulait «remettre le pouvoir au peuple syrien».
«Pourquoi sommes-nous entrés [en Syrie] ? Nous n’avons pas d’intérêts sur le sol syrien. La question est de donner les terres à ceux qui sont leurs vrais propriétaires. Nous sommes là pour rétablir la justice», a expliqué le président turc.
Erdogan n’explique pas comment il sait que le peuple syrien l’a mandaté de cette mission.
Le président turc a indiqué que d’après «son estimation», près d’un million de personnes seraient mortes en Syrie depuis le début du conflit. Pourtant, les derniers chiffres des Nations unies donnent une estimation de 400 000 personnes tuées au cours de la guerre.
Sachant que ce chiffre englobe les victimes loyalistes et rebelles.
Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs déclaré que la Turquie ne pouvait pas «supporter» les meurtres ininterrompus de civils et qu’elle «avait dû entrer en Syrie au côté de l’Armée syrienne libre».
Le chef de l’Etat turc a également accusé les Nations unies d’être dans l’incapacité d’influencer la situation en Syrie. «Le monde, c’est plus que cinq pays», a-t-il dit, en faisant référence au nombre de membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.
Regain de tensions entre Ankara et Damas
Des soldats turcs ont été déployés en Syrie dans le cadre de l’opération «Bouclier de l’Euphrate», lancée par la Turquie le 24 août 2016, sans autorisation de la part du gouvernement syrien.
En octobre, 26 attaques aériennes menées en une seule nuit par l’aviation militaire turque avaient causé la mort de 160 à 200 combattants des YPG (Unités de Protection du Peuple) qui contrôlaient les cantons autonomes du Kurdistan syrien.
Depuis la campagne militaire turque en Syrie s’est poursuivie, atteingant les portes de la localité stratégique d’Al-Bab et conduisant à l’aggravation des relations entre la Turquie et le gouvernement syrien, Damas accusant Ankara de violer sa souveraineté nationale. L’Etat turc a été contraint de mettre un terme à ses opérations aériennes lorsque la Syrie a promis d’abattre tout avion militaire turc qui s’aventurerait dans le ciel syrien.
Selon la Turquie, cette opération militaire a pour but de faire cesser les fréquentes attaques transfrontalières et «de repousser les groupes terroristes qui menacent constamment [la Turquie], tels que Daesh et le PYD [Parti de l’union démocratique kurde]».
De nombreux observateurs ont cependant précisé qu’Ankara avait pour objectif de supprimer les forces kurdes en Syrie et de les empêcher de réaliser la jonction entre trois zones kurdes autonomes de facto au sud de la frontière turque.
D’autres observateurs soupçonnent Ankara de vouloir derrière son offensive élargir son champ d’action dans le nord syrien pour influer sur le cours du règlement politique lorsqu’il sera lancé.
Sources : RT, al-Manar