Lors de son discours annuel à l’Assemblée fédérale, le Président russe Vladimir Poutine est revenu sur les questions de sécurité nationale, évoquant notamment la conception d’armements et commentant le retrait des États-Unis du Traité FNI sur les missiles.
«La Russie a été et restera un État souverain. C’est un axiome: soit elle le restera, soit elle n’existera plus du tout. Cela doit être clair pour nous tous», a déclaré le Président russe ce mercredi 20 février à Gostiny Dvor, à deux pas du Kremlin.
La mise au point du système d’armement hypersonique Avangard «revêt une importance comparable à celle du lancement du premier satellite artificiel de la Terre», a estimé le Président russe, évoquant les avancées que ces deux événements ont permis de faire sur le plan du renforcement de la sécurité et de la défense nationales, mais aussi leur contribution à la science.
Des points d’attache
Le dirigeant russe a prôné l’importance du dialogue dans la politique extérieure, jugeant contre-productive toute tentative d’imposer ses règles du jeu. «Construire des relations avec nous, c’est chercher ensemble des points d’attache au lieu de dicter ses conditions», a-t-il indiqué. Avant de poursuivre: «Les priorités de notre politique extérieure sont tout à fait transparentes: c’est le renforcement de la confiance, la lutte contre les menaces globales, l’élargissement des liens économiques, commerciaux, éducatifs, culturels, scientifiques, la levée des barrières empêchant les communications entre les gens».
Les satellites US opinent du bonnet
Les États-Unis auraient dû justifier de façon honnête leur retrait du traité FNI sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, mais au lieu de le faire, Washington a cherché des prétextes en attribuant à la Russie la responsabilité du non-respect présumé de l’accord, a affirmé Vladimir Poutine.
Le chef de l’État russe a noté que depuis la signature du Traité en 1987 le monde avait considérablement évolué: de nombreux pays ont continué à développer des missiles de courte et moyenne portée, contrairement à la Russie et aux États-Unis qui s’étaient volontairement limités en la matière.
Dans le même temps, Vladimir Poutine a attribué à Washington la responsabilité du non-respect du Traité FNI, ajoutant que l’administration américaine «cherchait à se blanchir et à fixer des coupables».
«Qui plus est, ils mobilisent leurs satellites. Bien que doucement, ces derniers opinent du bonnet aux Américains à cet égard», a-t-il ajouté.
Se défendre, et non attaquer
La Russie n’envisage pas d’être la première à installer ses missiles en Europe, a assuré le chef de l’État. Or, a-t-il poursuivi, si les États-Unis déploient leurs armements sur le continent, ce geste «aggravera brutalement la situation en matière de sécurité internationale et créera des menaces graves pour la Russie».
Il a rappelé qu’il suffisait de 10 à 12 minutes à certains types de missiles pour atteindre Moscou. «Dans ce contexte nous serions contraints — je souligne que nous serions justement contraints — de prendre des mesures symétriques et supplémentaires».
Vladimir Poutine a appelé les États-Unis à «abandonner leurs illusions» d’avoir une supériorité militaire globale, ce que, selon lui, Washington avait déjà tenté d’obtenir à l’aide du système global de défense anti-missiles. «Notre réponse sera toujours fonctionnelle et efficace», a-t-il indiqué.
Encore de nouvelles armes
Les travaux se poursuivent pour les nouvelles armes russes présentées l’an dernier, a fait savoir le Président. Au printemps, le premier sous-marin nucléaire équipé du système autonome Poséidon sera mis à l’eau. L’année dernière, la production du système Avangard a été mise en série. Le missile intercontinental lourd Sarmat, doté d’une puissance «sans précédent», selon le chef de l’État russe, est actuellement soumis à des tests. Quant aux missiles hypersoniques Kinjal, ils ont pu confirmer leurs «caractéristiques uniques» lors des essais.
Qui plus est, de nouveaux missiles hypersoniques russes, dénommés Zircon, seront installés sur des sous-marins ainsi que sur des navires et pourront atteindre des cibles maritimes et terrestres.
La pauvreté trop importante
S’adressant au peuple russe, il a promis amélioration de leur situation dès cette année et de lutter contre la pauvreté qu’il a estimé beaucoup trop importante dans son pays.
« Il ne faut pas attendre mais améliorer la situation dès maintenant. (…) Dès cette année, (les Russes) doivent sentir une amélioration…La pauvreté écrase littéralement les gens (…) 19 millions de personnes vivent aujourd’hui en-dessous du seuil de pauvreté. C’est trop… un contrat social pourrait être mis en place pour soutenir la population dans le besoin .
« Dans cinq ans, environ neuf millions de personnes pourront bénéficier d’un tel soutien », a-t-il précisé.
« Plus d’enfants, moins d’impôts », a résumé Vladimir Poutine, sur fond de baisse des revenus réels de la population depuis cinq ans et d’une douloureuse augmentation de la TVA au 1er janvier.
« Nous avons besoin d’un taux de croissance élevé, c’est la seule façon de vaincre la pauvreté, de garantir une augmentation stable et tangible des revenus des citoyens…Dès 2021, le taux de croissance de l’économie russe doit dépasser 3% », a-t-il précisé.
Pour cela, M. Poutine a indiqué vouloir mettre l’accent sur l’amélioration de la productivité du travail, la diversification des exportations au-delà des simples hydrocarbures, l’amélioration du climat des affaires, l’augmentation des investissements et la formation de travailleurs qualifiés.
Ce discours du président russe devant les députés et les sénateurs est son premier depuis sa réélection haut la main en mars 2018, pour un quatrième mandat qui s’achève en 2024 et censé être son dernier, en vertu de la Constitution, selon l’AFP.
Discours devenu annuel, il s’agit de la 15e intervention présidentielle devant les deux chambres du parlement russe réunies. La première ayant été réalisée le 24 février 1994, par le Président Boris Eltsine.
Selon l’agence russe Sputnik, la préparation du texte dure plusieurs mois, pendant lesquels les services de l’administration du Kremlin envoient leurs propositions au Président. Cependant, la version finale du discours est rédigée par Vladimir Poutine en personne.
Sources: Sputnik; AFP
Source: Divers