Le Président algérien Abdelaziz Bouteflika a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de démissionner, rapporte ce mardi 2 avril l’Algérie Presse Service (APS) se référant à la présidence de la République.
«J’ai honneur de vous notifier formellement ma décision de mettre fin au mandat que j’accomplis en qualité de Président de la République, à partir de ce jour, mardi 26 radjab 1440, correspondant au 2 avril 2019. Cette décision que je prends en mon âme et conscience est destinée à contribuer à l’apaisement des cœurs et des esprits de mes compatriotes pour leur permettre de projeter ensemble l’Algérie vers l’avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement», a notamment indiqué Bouteflika dans une déclaration publiée par l’APS.
Selon lui, «cette décision procède de mon souci d’éviter que les excès verbaux qui marquent malencontreusement l’actualité ne dégénèrent en dérapages potentiellement dangereux pour la protection des personnes et des biens qui relève des prérogatives essentielles de l’État ».
Abdelaziz Bouteflika a également souligné qu’il avait pris les «mesures appropriées» pour les «besoins de la continuité de l’État et du fonctionnement normal de ses institutions durant la période de transition devant mener à l’élection du nouveau Président de la République».
Quelques heures plus tôt, l’armée algérienne avait annoncé dans un communiqué qu’elle soutenait «le peuple jusqu’à la satisfaction de ses revendications». Son patron, le général Ahmed Gaïd Salah, y avait notamment dénoncé «les conspirations abjectes, fomentés par une bande qui a fait de la fraude». Une allusion à peine voilée au cercle rapproché d’Abdelaziz Bouteflika.
Depuis l’officialisation, mi-février, de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la prochaine élection présidentielle, les mouvements de protestation se sont multipliés en Algérie, provoquant ainsi le délitement du camp présidentiel. Un temps fervent soutien du locataire d’El Mouradia, le très puissant patron de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah, avait, le 26 mars, appelé à acter la vacance du pouvoir.
Le lendemain, l’ancien Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, avait recommandé «la démission du président de la République […] dans le but de faciliter la période de transition».
Des milliers d’Algériens en liesse
Entre-temps, des milliers d’Algériens ont défilé dans les rues de plusieurs villes du pays après l’annonce de la démission d’Abdelaziz Bouteflika du poste de président de la République. A Alger, la capitale, de nombreux jeunes ont investi les places du centre-ville pour exprimer leur joie.
«Djeich chaab, khawa khawa [armée et peuple, frères-frères]», criaient certains d’entre eux.
D’autres villes du pays ont également été le théâtre de manifestations de joie à l’instar de Annaba, dans l’est du pays.
S’ils qualifient la démission du chef de l’Etat algérien de «victoire», de nombreux manifestants ont affirmé qu’ils allaient poursuivre la mobilisation pour contraindre d’autres personnalités politiques encore en poste à démissionner : «Nous devons dégager toute la bande […] le gouvernement nommé [le 31 mars] doit aussi dégager. J’appelle le peuple algérien à poursuivre les manifestations», a déclaré l’un d’entre eux à la chaîne El Bilad.
Preuve de cette détermination de nombreux Algériens à obtenir un changement radical du système politique actuel : la tenue le 5 avril prochain, de nouvelles manifestations à travers le pays.
Sources: Sputnik + RT