Les habitants de Kerman se sont rassemblés en masse mardi 7 janvier, réclamant vengeance aux cris de « Mort à l’Amérique » après l’assassinat du général Qassem Soleimani, qui doit être inhumé dans l’après-midi dans cette ville du sud-est de l’Iran.
Le centre de la ville natale du chef de l’axe de la Résistance était envahi par une marée humaine semblable à celles ayant déferlé dimanche et lundi à Téhéran et dans les autres villes où les cercueils du général et de ses compagnons d’armes tués avec lui ont transité pour un hommage populaire.
Chef de la Force Qods, unité d’élite chargée des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution (l’armée idéologique iranienne), Soleimani a été tué assassiné le 2 janvier par une frappe de drone américain devant l’aéroport de Bagdad.
Soleimani l’architecte de la défaite de l’administration US
Le processus d' »expulsion des Etats-Unis de la région a commencé », a lancé à la foule de Kerman le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution.
« Notre volonté est ferme. Nous disons également à nos ennemis que nous allons nous venger, et que s’ils (frappent de nouveau) nous mettrons le feu à ce qu’ils adorent », a-t-il dit sur un ton énigmatique. « Eux-mêmes savent bien de quels lieux je parle ».
Et de souligner: « le général Soleimani a frayé un chemin qui se terminera par la victoire de la nation et la défaite des arrogants ».
Le martyr Qassem Soleimani est l’architecte de la défaite de l’administration américaine. Il est plus puissant et vivant maintenant qu’il est tombé en martyre », et « plus dangereux pour l’ennemi », a assuré le chef des Gardiens devant les cercueils de l’officier et de son bras droit, le général de brigade Hossein Pourjafari, exposés parmi des gerbes de fleurs sur la place Azadi (« Liberté » en persan) de Kerman.
« Grand commandant »
Selon la radio d’Etat, Soleimani doit être enterré à Kerman entre 14H00 et 16H00 (10H30 et 12H30 GMT).
Elevé à titre posthume au grade de général de corps d’armée, inusité depuis des années en Iran, l’officier est largement considéré dans son pays comme un héros pour le combat qu’il a mené contre les groupes takfiristes de Daesh en Irak et en Syrie. Cela a permis, aux yeux des Iraniens, à leur nation multiethnique d’éviter la désintégration qu’ont connue à ses portes, l’Irak, la Syrie ou l’Afghanistan.
A Kerman, on a attendu toute la nuit sur les lieux pour être présent.
« Nous sommes ici pour rendre hommage au grand commandant de la Défense sacrée », dit Hemmat Dehghan, en faisant allusion au rôle de Soleimani dans la défense du pays pendant la guerre imposée contre l’Iran (1980-1988).
Il « était aimé non pas simplement à Kerman ou en Iran, mais dans le monde entier », assure à l’AFP cet ancien combattant de 56 ans.
« Désescalade »
« Le monde entier, les musulmans, sunnites et chiites, l’Irak, la Syrie, l’Afghanistan et tout particulièrement l’Iran, tous lui doivent beaucoup pour leur sécurité », ajoute cet homme, affirmant être venu de Chiraz, à plus de 500 km.
Depuis l’assassinat de Soleimani, tué par une frappe aérienne devant l’aéroport de Bagdad, le monde entier redoute une nouvelle déflagration majeure au Moyen-Orient.
Une loi classe « terroristes » toutes les forces US
Alors que les principaux dirigeants civils, religieux et militaires iraniens se relaient pour annoncer une vengeance terrible, le Parlement iranien a adopté mardi en urgence une loi classant toutes les forces armées américaines comme « terroristes ».
Les députés ont amendé une loi récente qui déclarait « terroristes » les forces américaines déployées de la Corne de l’Afrique à l’Asie centrale en passant par le Moyen-Orient.
Le nouveau texte étend cette dénomination au Pentagone, à l’ensemble des forces américaines, aux responsables de l’assassinat de Soleimani, et à toute personne physique ou morale impliquée dans son assassinat.
Sources: AlManar + AFP