L’Arabie a récemment mobilisé son arsenal militaire dans une tentative de freiner la progression de l’armée yéménite et des forces populaires d’Ansarullah dans le district de Khob et Al-Chaghaf à l’est de la province d’Al-Jawf.
Le district situé à la frontière saoudo-yéménite couvre 82% de la superficie totale d’Al-Jawf, soit 39,5 mille km. Il est relié à une ligne frontalière terrestre, dépassant 266 km, avec la région saoudienne de Najrane.
Bien qu’il soit éloigné de plus de 70 km du centre d’Al-Jawf, l’armée et Ansarullah ont réussi à y pénétrer ces derniers jours, jusqu’à atteindre la région d’al-Yatma ( 20 km de la frontière).
Cette dernière a été alors contrôlée par les forces yéménites suite à leur coopération avec ses habitants et à la conclusion d’un accord avec plusieurs tribus. Cette percée a suscité l’ire de la coalition saoudienne qui a eu recours à des dizaines de raids hystériques, poussant les forces yéménites à se retirer jusqu’aux alentours de la ville d’al-Yatma. La coalition y a également dépêché des forces saoudiennes et des militaires loyaux au président démissionnaire Abed Rabbo Mansour Hadi.
Des sources tribales dans la province de Jawf ont affirmé au quotidien libanais AlAkhbar que l’Arabie a distribué d’importantes sommes d’argent aux chefs tribaux et proféré des menaces contre les tribus vivant à la frontière. ‘Leurs villages seront rasés en cas de soutien au mouvement Ansarullah’.
Riyad considère toute progression des forces yéménites à Yatma comme une menace sérieuse pour sa sécurité nationale, bien que cette percée ait été réalisée sur le sol yéménite.
Le Royaume wahhabite a eu recours à la politique de la terre brûlée pour stopper l’avancée de l’armée et d’Ansarullah et restaurer, dimanche 8 mars, la ville et le marché de Yatma, éloignant ainsi le danger du rapprochement des forces de Sanaa de sa frontière sud. Elles se sont redéployées, de la zone d’Al-Mahachma, située à environ 25 km de Yatma.
Des sources sur le terrain dans la province de Jawf ont fait état de violents affrontements, durant ces derniers jours, opposant les forces de Sanaa aux mercenaires de la coalition saoudienne et au parti frériste d’al-Islah appuyés par l’aviation saoudienne. ‘L’armée et Ansarullah sont jusqu’à présent en position offensive, tandis que l’autre partie est sur la défensive’.
Les observateurs expliquent que la rage saoudienne face à la progression des forces yéménites vers Najrane n’est en aucun cas liée au soutien à ses mercenaires, mais plutôt pour protéger ses intérêts et ses ambitions dans cette région riche en pétrole.
Depuis des décennies, l’Arabie saoudite essaie d’annexer de vastes zones stratégiques de cette région à son territoire. En fait, au cours de la période écoulée, l’Arabie saoudite a modifié les caractéristiques frontalières dans les zones proches d’Al-Jawf et a avancé de plusieurs dizaines de kilomètres dans la profondeur yéménite.
Tout cela est dû à la forte éventuelle présence des réserves de pétrole et de gaz liquéfié dans le district de Khob et Al-Chaghaf. L’Arabie interdisait, depuis les années 80, le gouvernement yéménite d’y mener des forages. Riyad a même provoqué une crise avec Sanaa sous prétexte que les frontières au sud-est de Najrane n’étaient pas encore tracées.
Or, le tracé des frontières en l’an 2000 a compris une partie limitrophe de la province de Jawf et a reporté les zones avoisinantes au désert de Rub Khali.
Des sources tribales citées par AlAkhbar assurent que l’Arabie a, à cette époque, accordé au gouvernement yéménite des zones désertiques à Hadramout et saisi des régions riches en pétrole à Jawf, Maarib et dans le désert de Rub Khali.
Riyad a fermé, par la force, deux secteurs pétroliers yéménites après la découverte de grandes quantités de pétrole à l’ouest de Yatma, ainsi qu’un gisement gazier possédant de grandes quantités de gaz liquéfié.
Source: Traduit d'AlAkhbar