Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah s’est exprimé sur la question du nouveau coronavirus, « désormais le premier souci de toute l’humanité » à travers un discours télévisé dans lequel il a comparé « la bataille contre le coronavirus à une guerre mondiale », qui incombe à chaque individu d’assumer ses responsabilités.
Dans cette bataille, le SG du Hezbollah a souligné que « tout le monde a un rôle à remplir car, contrairement aux autres batailles politique ou militaire ou économique ce sont d’habitude des gens qualifiés qui assument la responsabilité d’affronter de telles batailles ».
Il a expliqué que « l’ennemi dans cette bataille est un virus dont on ne connait pas encore toute son identité», ajoutant que « notre choix dans cette bataille –comme dans toute autre bataille – est la résistance face à cet ennemi, et non de s’abandonner au désespoir car face à un ennemi comme corona qui vise votre vie, deux buts s’imposent à chacun : empêcher sa propagation et soigner les contaminés ».
Il a rappelé que «notre devoir religieux premier et primordial sur lequel nous serions jugés, c’est le devoir de préserver sa vie, celle des siens, celle de son entourage et celle de son peuple » et dans ce cas il faut respecter de manière stricte toutes les mesures sanitaires imposées par le gouvernement libanais ». Au point d’exprimer son soutien à toute décision émanant du gouvernement libanais concernant « l’instauration de l’état d’urgence au Liban ».
Sur la question irakienne, son éminence a qualifié « l’agression US d’acte idiot , arrogant, et lourd de conséquences » pour l’occupation américaine en Irak.
Principaux points de son discours :
Je vais parler de cette pandémie, car le coronavirus est désormais le premier souci de tout le monde sur la Terre, et ce avant toutes les autres questions.
Je ne peux pas parler en tant qu’expert médical sur cette question, par contre je compte l’aborder sous le titre des responsabilités.
Sachez que nous sommes confrontés à une bataille, cette bataille est comparable à celle d’une guerre mondiale car aucun Etat dans le monde n’est pas confronté à ce virus, d’ailleurs ce n’est pas pour rien que l’OMS l’a qualifié de pandémie.
Or, dans cette bataille, comme dans toute bataille, et là je parle en tant qu’expert en matière de bataille de résistance, il y a un ennemi et il y a des cibles, et dans toute bataille d’habitude, la première chose qu’on fait c’est d’identifier l’ennemi, afin de définir les moyens de défense et de résistance. Dans ce cas, l’ennemi est un virus dont on ne connait pas encore toute sa puissance, sa personnalité, mais son danger est devenu évident, car il menace directement la vie des gens.
Il ne s’agit pas d’un ennemi qui impose une guerre psychologique ou économique qu’on peux gérer dans un lieu géographique précis ou dans un cadre précis, sa menace traverse toutes les frontières, atteint tous les continents, touchent toutes les races, les catégories sociales, les confessions. Cet ennemi ne s’arrête pas à un nombre précis de morts, ils tuent sans compter .
Les médias américains parlent de dix millions de vies menacées aux USA. Donc nous sommes face un ennemi menaçant et il est important d’en prendre conscience afin de pouvoir assumer nos responsabilités et notre rôle dans la lutte contre cet ennemi..
Le plus dangereux dans cet ennemi n’est pas qu’il menace l’économie ou l’année scolaire ou universitaire, ce genre de questions sont récupérables, mais la vie des gens n’est pas récupérable quand on meurt c’est fini, c’est terminé..
Dans cette bataille, il y a une évidence incontournable qui s’impose : l’obligation d’affronter cet ennemi, le choix est donc la résistance face à cette ennemi, le choix n’est certes pas d’abandonner ou de baisser les bras ou d’observer et d’attendre sans agir, la décision doit être la confrontation et la résistance.
La responsabilité de la confrontation et de la résistance doit être générale et publique, ainsi pour ce qui est du Liban, la responsabilité revient à l’Etat libanais, au gouvernement libanais, aux ministres , à la Justice, au Parlement, à l’armée libanaise, à la police, à toutes les institutions publiques, mais aussi au peuple libanais qui doit assumer sa responsabilité, aux- non-libanais qui vivent sur le territoire libanais, les migrants syriens, les refugies palestiniens dans les camps, tous ont la responsabilité de lutter contre la propagation de ce virus ..
Dans cette bataille tout le monde a un rôle, contrairement aux autres batailles politiques ou militaires..
Dans les premiers rangs de cette bataille se trouvent le ministère de la santé, les hôpitaux, les médecins, bref tout le cadre médical, il faut les considérer comme des combattants réels..
Le but dans cette bataille c’est de pouvoir définir notre rôle dans cette bataille, en attendant de trouver un remède, le but est de limiter et d’empêcher la propagation de ce virus, et de réduire la perte en vies humaines, c’est très important.
Deux buts et donc deux moyens de résistance : empêcher la propagation et soigner les contaminés. Et il est possible de réaliser ces buts.
Théoriquement et pratiquement c’est possible d’empêcher la propagation de ce virus, la Chine semble y réussir.
Pour le deuxième but, le traitement est possible, on peut guérir de ce virus, la guérison est possible théoriquement et pratiquement.
Donc les deux buts sont réalisables, certes cela exige de la volonté, de de la patience, de l’endurance etc.
A la lumière de cette présentation, il convient de définir les points suivants :
1-Pour vaincre l’ennemi dans cette bataille, il faut une véritable solidarité sur le plan national, une coopération et une coordination entre les médias et l’Etat, il faut répandre le positivisme et l’optimisme, et non ouvrir des dossiers politiques pour régler des comptes, je ne veux pas évoquer toutes les polémiques provoquées ou les commenter, car cela n’aboutit à aucun résultat. Au contraire suscitent des rancunes. Restons humbles, s’il faut critiquer ou exprimer son opinion, faisons-le avec politesse, ce n’est pas le moment à la négativité. Et, surtout il faut éviter un langage raciste, confessionnel, régional, partisan ou communautaire..
2-Certes, la responsabilité des gouvernements est incontestable et incontournable, mais permettez-moi en tant que dignitaire religieux, d’évoquer la responsabilité religieuse dans la lutte contre ce virus, car c’est mon devoir de le faire.
De manière générale, les musulmans, les chrétiens et les juifs croient au Jour du Jugement, au Jour de la Résurrection, et ils savent que Dieu a ordonné aux hommes de préserver la vie humaine. Il s’agit là d’un devoir divin et certain que de lutter pour préserver sa vie et tout autant de préserver la vie et la santé de sa famille, de son environnement. Or, celui qui manque à ce devoir commet un grand pêché, ce n’est pas un choix, c’est un devoir divin, et donc c’est une obligation de respecter et d’exécuter les mesures sanitaires qui préservent la vie et la santé des gens dans cette bataille, ce n’est pas une question juridique à laquelle vous serez jugez par un tribunal d’hommes, il s’agit d’une question religieuse qui aura des conséquences sévères sur votre jour du Jugement.
Et donc, si vous manquez à ce devoir par négligence ou volontairement, vous serez jugé par un tribunal divin, Dieu vous jugera, point d’échappatoire au jugement divin.
Or, ce facteur divin est le plus puissant facteur pour résister contre ce virus, une nation qui assume une telle responsabilité divine, peut vaincre une telle bataille.
Dans le cadre de ce devoir divin, les hautes références religieuses ont annulé les cérémonies religieuses et c’est normal.
3-Dans cette bataille, il est requis un plus haut degré de transparence. Ainsi, toute personne au Liban qui doute d’avoir attrapé ce virus doit se rendre obligatoirement à l’hôpital et doit s’isoler. Sa famille, ses parents, doivent la dénoncer, pas question de cacher cette question.
Le ministère de la santé a fait preuve de transparence d’ailleurs, le premier cas a été dénoncé par le ministère de la santé, tous les cas ont été dénoncés par le ministère de la santé et annoncés au public sauf pour les cas qui eux-mêmes ont tenu à cacher leur situation et ne se sont déclarés que quand leur cas est devenu trop grave.
La question de la transparence et de l’honnêteté est un problème dans le monde, la Grande-Bretagne a caché au début le nombre de personnes atteints par ce virus, hier , elle parle de dix mille cas atteints alors qu’elle parlait de dix ! Aux USA, Trump a parlé de 36 mille décès aux USA atteints du H1N1 pour minimiser la gravité des personnes atteintes de corona aux USA en rappelant que la vie de l’économie se d♪roulait normalement alors pouquoi tant de bruit sur ce virus. Aujourd’hui, il a changé de ton!!
Trump affronte de graves problèmes, le gouverneur d’Ohaio a déclaré sur CNN, que dans notre Etat nous avons 100 mille contaminés et nous ne pourrons pas faire tous les tests de dépistage par manque de moyens ! Trump est un gros menteur et son secrétaire d’Etat aux affaires étrangères ose accuser l’Etat iranien de mentir à son peuple ?! Alors que les autorités iraniennes ont eu le courage de dévoiler les responsables iraniens qui sont contaminés !
Le pire c’est que certains dans le monde arabe voient dans cette honnêteté une source de moquerie contre l’Iran !
Honte à eux car, ces responsables iraniens qui ont été contaminés, participent sur le terrain aux côtés de leur peuple dans la lutte contre la propagation de ce virus, l’un d’entre eux est le propriétaire d’un hôpital.
Les USA proposent une aide au peuple iranien, qu’ils lèvent alors les sanctions, cela suffit, les Iraniens n’ont pas besoin d’aide juste qu’on les laisse en paix.
4-Respecter totalement les décisions du gouvernement libanais, s’il faut fermer les restos, les cafés, les écoles alors oui il faut le faire.Ce sont des mesures qu’il faut respecter.
La mesure la plus importante c’est de cesser les rassemblements et de s’isoler, de se confiner chez soi , et de n’en sortir que par nécessité. Ce n’est pas le moment de râler et de se morfondre sur son sort parce qu’on est obligé de rester chez soi. Il faut se comporter et accepter ces mesures comme si nous étions en temps de guerre, sauf que cette guerre est bactériologique, nous ne sommes pas en période de vacances pour aller faire du ski avec les enfants ou aller à la campagne pour organiser des déjeuners ou des diners en famille en plein air. De même, pas question d’organiser ou de participer à des activités culturelles, religieuses, comme les cérémonies de commémorations des martyrs ou les cérémonies de deuils des martyrs si de nouveaux martyrs tombent. Aux familles des martyrs d’annuler ce genre de rassemblements et de se contenter à des cérémonies de deuils restreintes entres les membres de la famille uniquement, nul besoin d’inviter les gens du village, même si cela est une belle tradition chez nous.
Ce virus est menaçant oui, mais sa lutte est facile.
5-Accorder plus d’attention et renforcer le cadre sanitaire public, le soutenir par tous les moyens. Les médecins et les infirmiers sont sur le premier front de cette bataille, en particulier ceux qui travaillent à l’hôpital public de Rafic Hariri, il faut préserver leur moral en appréciant leur effort et les remercier, j’irai même jusqu’à proposer de répondre de manière exceptionnelle à leurs demandes voire de leur offrir des bonus, car ils offrent de grands sacrifices, et de faire comme en Iran. Sur proposition de l’OMS, les autorités iraniennes ont accordé à chaque médecin et infirmier touchés par ce virus et qui en est mort le statut de « martyr médical »..
6-Il faut envisager le pire pour ne pas être surpris et pris de panique au moment où cela arrive, que Dieu nous en garde. Supposons que ce virus se propage sur tout le pays, il faut déjà penser à assurer des lieux pour accueillir le plus grand nombre de contaminés. Dans certains pays, des hôtels, des écoles se sont mis à la disposition de l’Etat. Sur le plan du cadre médical, tous les étudiants en médecine dans les universités doivent être prêts à intervenir, d’ailleurs j’en profite pour saluer les étudiants en médecine de l’université libanaise qui ont offert leurs services de manière bénévole et instantanée.
7-Le Hezbollah est prêt à offrir au gouvernement libanais toutes ses capacités humaines, logistiques et médicales. Au ministère de la santé je dis que hélas, nous ne pouvons mener cette bataille car elle relève de sa compétence, les outils de cette bataille ne sont pas chez nous..
Il faut savoir profiter des expériences des autres pays comme l’Italie, la France, l’Iran, la Chine, car le temps est un facteur très important, plus on tire les leçons des autres expériences menées par d’autres pays, plus on gagne du temps et on parvient à limiter la propagation de ce virus chez nous.
8-La solidarité sociale comme par exemple, en fermant les restos, les clubs de Fitness, les cafés, etc on force beaucoup d’employés au chômage, et donc il est important d’encourager à la solidarité sociale, que les riches aident les plus démunis, qu’ils soutiennent les familles en difficultés pécuniaires. Il faut organiser des collectes de fonds, des aides sociales, des actions bénévoles afin d’empêcher la famine.
9-Si l’Etat libanais décide d’imposer l’état d’urgence, nous ne serons pas contre, c’est une décision que seul lui est en droit de prendre et d’en évaluer l’utilité urgente pour l’intérêt public. Or, quand on provoque des congés forcés et prolongés, il faut trouver des solutions alternatives. Dans certains pays, les banques se sont dites prêtes à offrir leur soutien financier à leur pays respectif, sans prêt à des taux d’intérêt hauts, j’espère que les banques au Liban en feront autant.
Ces banques ont réalisé des gains faramineux, durant des décennies, elles ont transféré leurs capitaux à l’étranger, elles ont réalisé de nouveaux bénéfices avec la crise actuelle de la monnaie libanaise, il est temps pour elles d’assumer leur responsabilité nationale envers leur pays : vous devez assumer cette responsabilité.
10-Dans cette bataille, il faut s’armer de foi et avoir confiance en la miséricorde d’Allah, Ce Tout-Puissant qui est Capable de tout, Il doit être Présent dans notre esprit, dans notre cœur , dans toute bataille. Et donc, il est important de se réfugier auprès d’Allah, prier pour Lui et Le supplier pour qu’Il nous soutienne. Cette bataille exige de garder l’espoir, de faire preuve d’endurance, de volonté, de patience. Tout cela Allah nous le donne, nous avons besoin de son Orientation divine, c’est notre arme.
Sachez, que dans toute bataille, le plus menaçant est quand une des parties ressent de la peur, quand elle panique et s’abandonne au désespoir, alors même si elle est équipée d’armes nucléaires elle est vaincue dans la guerre. Répandre le sentiment de panique est pire qu’un crime, c’est comme répandre la corruption, car on répand la faiblesse.
Il faut que vous viviez comme si vous étiez en période de guerre. En temps de guerre on ne sort pas, on économise, on se serre les coudes , on s’entraide, on lutte pour résister, etc et on fait tout ce qui est dans nos moyens pour préserver la vie. Et si la mort arrive et bien soit-il. Tel est finalement le destin de toute l’humanité, mais au moins nous mourrons en accomplissant notre devoir divin, en résistant, en luttant, en croyant en Allah..
Car la relation avec Allah est une relation ouverte, vous pouvez parler avec Allah quand vous voulez, comme vous voulez, et si nous avions survécu des raids, des bombardements, des occupations, des attentats c’est parce que nous avions la volonté de résister, on doit faire la même chose dans cette bataille.
La question économique et financière du Liban
Le gouvernement d’Hassan Diab a annoncé que sa priorité est de sauver le pays économiquement. Pour ce faire, il a mis en place un plan de sauvetage..
Or, contrairement aux rumeurs, nous n’avons pas présenté de plan au gouvernement, car c’est à lui de proposer un plan de sauvetage. Certes nous avons notre vision des choses mais ce n’est pas notre responsabilité. Oui, nous devons nous accorder sur un plan de sauvetage dans lequel tout le monde participe..
Autre point sur la question du Fonds monétaire international.
Nous sommes avec le gouvernement pour qu’il consulte toute partie experte dans le monde capable de l’aider dans son plan de sauvetage du pays. Et donc, ce n’est pas vrai que nous étions opposés à toute aide étrangère au Liban. Sutour si elle est offerte sans condition préalable, elle est la bienvenue.
Toute aide financière ou tout prêt est bienvenu tant qu’il respecte les conditions de l’Etat libanais. Sinon pas questions, comme par exemple si on nous accorde un prêt à condition de naturaliser les réfugiés palestiniens ! Qui osera au Liban accepter une telle condition ? Cela est contraire à la Constitution et à l’intérêt national.
Prenons un autre exemple, on nous accorde un prêt à condition de hausser la TVA de 15 pour cent ! Bien entendu, nous serons contre ce prêt. D’ailleurs, qui peut accepter aujourd’hui une telle condition ? Il y a quelques mois, un gouvernement d’union nationale, composé de toutes les forces politiques du pays a éclaté pour avoir ajouté quelques centimes sur la tarification du WhatsApp !
Notre position est donc claire. Nous n’acceptons pas de mettre le Liban sous la tutelle du FMI ou de personne d’autre. Mais qui donc accepte au Liban que le pays soit sous la tutelle de quiconque ??
ET si le FMI propose une aide en respectant les conditions de la Constitution, de l’intérêt national, alors nous l’accueillerons à bras ouvert. Tenez par exemple, le projet CEDRE a réclamé des réformes, nous n’étions pas contre. Mais si une aide se propose avec des conditions qui font éclater le pays, nous ne pouvons l’accepter.
Parmi les différents choix de solution à la crise que traverse le pays, il faut penser au rôle des banques. Elles peuvent offrir leur aide financière à l’Etat, en renforçant les secteurs de production, en encourageant les petites et moyennes entreprises.
Ces banques ont récolté des dizaines de milliards de dollars au Liban, et ont réussi à transférer leurs capitaux et ceux de certains dépositaires vers l’extérieur. Je les conseille d’agir pour une fois d’une manière humanitaire, en sacrifiant une partie de leurs intérêts pour empêcher l’effondrement financier du pays.
Il faut rappeler à ces banques que ce sacrifice n’est en rien comparable au sacrifice du sang que des Libanais ont consenti pour que ce pays reste libre et indépendant. Des familles ont sacrifié leur être le plus cher pour préserver la dignité et la sécurité du pays. Et donc, les banquiers doivent assumer leurs responsabilités et offrir au gouvernement leur aide comme le font diverses banques qui se respectent dans d’autres pays, c’est votre devoir moral et humain..
Pour terminer, un mot sur les derniers évènements survenus en Irak. Nous condamnons l’agression US contre des sites militaires et civils en Irak, comme l’aéroport international de Karbala, cet acte est une violation criante de la souveraineté de l’Irak. Les USA se sont comportés avec arrogance et de manière stupide et idiote. Leurs actes engendreront des conséquences qui se retourneront contre l’occupation américaine. D’ailleurs, cela a déjà commencé.
FIN
Source: AlManar