La guerre du pétrole que l’Arabie saoudite a déclenchée à un mauvais moment entraînera non seulement la destruction de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), mais fera également de Riyad la plus grande victime de ce processus, car ce pays perdra d’abord son rôle de leadership, puis une grande partie de ses revenus pétroliers.
Comme d’habitude, le rédacteur en chef du journal en ligne Rai al-Youm Abdel Bari Atwan commence son article par plusieurs questions : pourquoi la guerre du pétrole entre l’Arabie saoudite et la Russie pourrait-elle devenir plus dangereuse que la guerre contre le coronavirus ? Le chaos financier conduira-t-il à l’effondrement final de l’OPEP ? Pourquoi la formation d’une coalition américano-russe contre Riyad est-elle probable ?
« Le leadership de l’Arabie saoudite se voit de nos jours en train d’entrer dans plusieurs guerres simultanées, dont la plus importante est la guerre contre le coronavirus, qui a eu des conséquences négatives sur le marché pétrolier qui a entrainé un chaos sur les marchés. »
« Un proverbe anglais dit : « Lorsque vous tombez dans un trou, la première chose que vous faites est d’arrêter de creuser ».
Mais le leadership saoudien ne semble pas avoir entendu ce proverbe, et s’il l’a entendu, en raison de son hostilité il fera exactement le contraire. Ce n’est pas étrange de leur part.
« Les dirigeants saoudiens sont maintenant tombés dans plusieurs gouffres: de la guerre contre le Yémen à la guerre du pétrole qu’ils ont déclenchée simultanément contre la Russie et les États-Unis. C’est-à-dire que Riyad, en représailles au refus de Moscou de prolonger l’accord OPEP+ a engorgé les marchés par des millions de barils à des prix très bas, tout en produisant et en exportant plus de pétrole afin de mettre en faillite les plates-formes pétrolières de schiste aux États-Unis, car la hausse des prix signifie une productivité et une rentabilité continues pour les adversaires américains. »
Atwan écrit : « Nous ne connaissons pas la logique de cette entrée en guerre contre deux superpuissances à la fois, et cela dans un contexte économiquement et politiquement incertain alors que la chute des cours du pétrole à moins de 20 dollars le baril signifie une baisse des recettes pétrolières de l’Arabie saoudite et la multiplication par deux de son déficit budgétaire (actuellement établit à environ 50 milliards de dollars) à savoir environ 120 milliards de dollars, compte tenu du fait que le budget de cette année (2020) a été fixé sur la base de 55 dollars le baril. »
Le problème est que ces politiques pétrolières effectueront non seulement l’Arabie saoudite, mais tous les pays producteurs de pétrole à l’intérieur ou à l’extérieur de l’OPEP, dont la majorité (à l’exception de la Russie) en particulier des pays en voie de développement (tels que l’Algérie, la Libye, le Nigéria, le Sultanat d’Oman, Bahreïn, le Qatar, le Koweït et les Émirats arabes unis) qui comptent sur les revenus pétroliers pour honorer leurs obligations financières.
En 2014, les dirigeants de l’Arabie saoudite ont lancé un “pari” similaire dans lequel ils ont inondé les marchés de pétrole afin de nuire aux économies iranienne et russe, et maintenant ils répètent la même erreur et jouent le même pari. Certains prédisent que les prix du pétrole tomberont même à 10 dollars le baril, comme ils l’ont fait en 1990 incitant Saddam à attaquer le Koweït.
Ce qui a été oublié dans l’esprit du décideur du gouvernement saoudien, c’est que les revenus pétroliers représentent 16 % du revenu national total de la Russie contre 90 % pour l’Arabie saoudite.
Cette guerre du pétrole, dont la mèche a été allumée par l’Arabie saoudite à un mauvais moment entraînera la destruction de l’OPEP et l’élimination de son existence en tant qu’organisation mondiale qui a maintenu des prix presque équitables pour le pétrole.
Cette monarchie en sera également la plus grande victime, car elle perdra d’abord son rôle de leadership et par la suite bonne partie de ses revenus pétroliers.
« Nous n’excluons pas la possibilité de la formation d’une coalition entre les Russes et les Américains où l’Arabie saoudite et certains autres pays arabes du golfe Persique n’ont pas leur place », a ajouté Atwan.
Source: Avec PressTV