Un scénario qui ressemble à celui qui a eu lieu en Irak, dans les années 90 du siècle dernier et se poursuit de nos jours: les Kurdes de Syrie ont entamé la procédure de leur séparation de l’Etat syrien.
Avec l’aide des Américains qui interfèrent en Syrie sous prétexte de combattre la milice wahhabite Daesh, la communauté kurde de Syrie qui constitue 15% de la population totale a bénéficié du chaos généré par la guerre pour étendre son contrôle dans certaines régions du Nord.
Selon l’AFP, elle s’est dotée d’un « contrat social », une Constitution pour la « région fédérale » autonome, proclamée dans le nord de ce pays et où devraient être organisées des élections dans les mois à venir.
Elle a instauré en 2012 un système de trois « administrations autonomes » — Afrine, Kobané et Jaziré — qui ont désormais leurs propres forces de police et des écoles indépendantes.
En mars dernier, les Kurdes sont passés à une étape supplémentaire en annonçant l’établissement d’une « région fédérale » unissant ces trois cantons, une initiative immédiatement rejetée par le pouvoir syrien et l’opposition.
Selon l’AFP, le « contrat social » qui est l’équivalent d’une Constitution a été approuvé par l’Assemblée constituante, à l’issue des réunions des 165 représentants des trois cantons qui se sont achevées jeudi, selon un communiqué de clôture distribué à la presse jeudi.
Cette Constitution prévoit la création d’une Assemblée législative dont les membres seront élus tous les quatre ans. La loi fondamentale consacre également « l’égalité » de toutes les langues utilisées dans le nord de la Syrie, et donne à chaque communauté le droit de « vivre et gérer ses affaires dans sa langue ».
Les Kurdes font valoir que leur projet fédéral est fondé sur une base « territoriale » et non « ethnique », avec des représentants pour la population arabe et d’autres minorités, notamment assyrienne, dans ces zones.
« Nous allons commencer à faire appliquer la Constitution », a indiqué à l’AFP le chef du comité exécutif chargé de superviser ce processus, Mansour al-Souloum. « Les élections seront organisées dans les six mois à venir », a-t-il souligné.
D’autres régions pourraient être libérées et pouraient vouloir rejoindre les zones de la fédération, a signalé Mme Hadiyyat Youssef , la présidente du Conseil exécutif de la fédération kurde pour la télévision arabophone al-Mayadeen, en marge d’une rencontre organisée à Rmelane, le jeudi dernier. Ces autres régions pourraient bien être les deux provinces occupées par Daesh, Raqqa et Deir Ezzor. Les Américains ayant accrédité les milices kurdes pour libérer celle de Raqqa, province à majorité arabe.
Aucun représentant américain n’a néanmoins participé à cette réunion dans laquelle étaient présents 163 personnalités membres du parti démocratique du Kurdistan. Ni aucune délégation régionale non plus.
Mme Youssef y avait annoncé la décision de déplacer le projet de fédération kurde de l’ouest vers l’est de l’Euphrate.
Cette décision prend en considération les exigences d’Ankara: celle-ci a lancé le 24 août son offensive Bouclier de l’Euphrate dans le nord de la Syrie, en réclamant ce déplacement, afin notamment d’éviter la formation d’une zone autonome kurde continue le long de la frontière turco-syrienne.
Selon la correspondante d’al-Mayadeen, au cas où la fédération kurde est réalisée, elle devrait s’étendre sur une superficie de 80 mille Km2 c’est à dire sur 40% de la superficie de la Syrie .
Elle menace les ressources vitales de l’Etat syrien vu que la province de Hassaka est son réservoir en blé et en coton .
Et elle risque aussi priver les autres régions syriennes de leurs besoins hydrauliques vu qu’elle comprend le barrage de l’Euphrate, et de ceux en hydrocarbures, surtout si elle s’empare de Raqqa et Deir Ezzor.
En confisquant ces deux dernières régions, cette fédération séparerait la Syrie de l’Irak: un projet cher aux Américains.
Sources: AFP, al-Mayadeen TV, al-Manar