Le mercredi 16 avril dernier, un drone israélien a bombardé une voiture libanaise qui se trouvait à Jdaïdet Yabous, le côté syrien du poste frontalier entre le Liban et la Syrie.
Deux missiles ont visé le véhicule noir de type Cherokee : le premier s’est abattu devant lui. Les passagers qui étaient à son bord l’ont vite évacué. C’est alors que le second missile a frappé sa partie postérieure. Il n’y a donc pas eu de victime. Certains médias avancent que la voiture aurait appartenu à un responsable du Hezbollah. Ce dernier n’a ni confirmé ni démenti ni publié de communiqué sur l’incident.
Qu’elle le soit ou pas, des observateurs libanais essaient d’interpréter les intentions des dirigeants israéliens derrière cette attaque : les israéliens ont-ils volontairement évité de causer des victimes, sachant que ce genre de missiles rate très rarement sa cible. Ou alors l’ont-ils réellement loupée pour une raison ou une autre.
Une guerre ouverte
Interrogé par le journal libanais an-Nahar, l’expert militaire libanais et général à la retraite Elias Farhate estime que le raid israélien n’a rien de surprenant.
Compte tenu des attaques qu’ils ont perpétrées, il est clair selon lui que les Israéliens sont en guerre ouverte contre le Hezbollah et l’axe de la résistance par extension et qu’ils tentent par tous les moyens de liquider leurs cadres.
Il rappelle que l’entité sioniste a souvent effectué ses attaques sur le sol syrien voire même sur l’autoroute reliant Damas au Liban, et qu’elle a depuis bien longtemps ignoré la séparation géographique entre les deux pays.
Le général Farhate a balayé les autres analyses selon lesquelles la frappe israélienne est limitée dans le temps et dans l’espace.
« La porte d’affrontements visibles et non visibles entre l’entité sioniste et la résistance est grande ouverte. Rien dans l’espace ni dans le temps ne les limite », a-t-il conclu.
Un message à la résistance
Selon d’autres observateurs, le raid constitue néanmoins un message israélien adressé à la résistance libanaise : même si nous sommes occupés par le nouveau coronavirus, mais nous vous gardons à l’œil, croit deviner le site d’information libanais Lebanon debate.
Son chroniqueur pour les questions israéliennes, Abdallah Qameh, soutient la thèse selon laquelle Israël ne voulait pas faire de victime dans le raid parce qu’il craint la réaction du hezbollah. « Contrairement à ce qui est dit que Benjamin Netanyahu chercher une bataille au Liban en réponse à l’inertie politique à Tel Aviv, il n’a aucun intérêt à entamer un nouveau round avec le Hezbollah d’autant qu’il ignore ses capacités actuelles », a-t-il analysé.
D’après lui, Israël veille aussi à ne pas accorder davantage de crédibilité aux propos su SG du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah.
L’été dernier, après l’évènement des deux drones israéliens abattus dans la banlieue sud de Beyrouth, il avait alors fait état de l’amorcement d’une nouvelle phase dans le combat, dans laquelle les drones joueraient un rôle dans les attentats et les liquidations.
Tous ceux qui suivent de près les affaires israéliennes savent à quel point Israël veille « à démentir le sayed », commente Qameh.
Scruter les armes
Dans les médias israéliens, un terme couramment utilisé illustre cette phase : « une bataille entre les guerres », dans l’attente de la guerre future inévitable.
Durant cette étape, l’un des enjeux des dirigeants israéliens est de savoir quelles sont les nouvelles techniques militaires que la résistance libanaise détient ou développe et qu’elle pourrait utiliser lors de la prochaine guerre. Leurs rapports qui scrutent les armements qu’elle est en train de s’acquérir ne connaissent pas de répit, exposant types d’armements et chiffres éventuels. Sans oublier de les faire relayer par les médias. Dissuasion oblige.
Et le Hezbollah qui joue le jeu, s’abstenant de démentir les rapports israéliens ou de les confirmer, il veille à chaque riposte à leur livrer une tout petit bout de ce que son arsenal pourrait contenir.
Qameh pense que les Israéliens cherchent surtout à savoir si la résistance au Liban s’est acquis l’armement des drones, tels qu’ils ont été utilisés par l’organisation yéménite d’Ansarullah, l’été dernier, lorsqu’elle a bombardé avec des champs de pétroliers au cœur de l’Arabie saoudite.
Une supposition très plausible, en général, mais ce n’est pas sur qu’elle soit liée spécifiquement à l’attaque de Jdaïdet Yabous.
Source: Divers