Le Premier ministre libanais Hassane Diab a assuré que le gouvernement frappera avec fermeté tous ceux qui veulent l’effondrement du pays pour protéger leurs propres intérêts au détriment du Liban, critiquant ouvertement le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé.
Un comportement suspect
Lors d’une conférence de presse ce vendredi 24 avril depuis le palais présidentiel à Baabda, il a accusé ce dernier de se comporter d’une façon suspecte dans le règlement de la crise monétaire qui s’est aggravée ces dernières 24 heures s’illustrant par une chute vertigineuse de la livre libanaise face au dollar américain en atteignant les 4000.
«L’effondrement du taux de change s’est accéléré d’une façon suspecte dans le marché noir. En dépit des pouvoirs limités du gouvernement face à cet effondrement, nous faisons notre possible », a-t-il affirmé.
« Il y a un comportement d’une ambigüité suspecte de la part du gouverneur de la Banque centrale qui est soit impuissante, soit inactive par décision, voire même instigatrice de cette détérioration suspecte », a-t-il accusé.
Selon lui, il n’est plus possible de suivre « la politique de règlement dans les coulisses et il faut changer d’attitude avec les gens ».
« Il n’est plus permis de leur camoufler les informations. Que Salamé sorte et déclare franchement aux Libanais les faits, quel serait le plafond de la hausse du dollar et quels sont les perspectives du règlement », a-t-il suggéré.
Selon les médias libanais, M. Diab avait demandé à Salamé d’injecter un milliard de dollars pour stopper la dépréciation de la monnaie nationale, mais celui-ci a refusé, arguant ne plus avoir d’argent liquide.
5 m$ expatriés
« Les libanais ont beaucoup souffert. Est-il permis qu’il continue à les rassurer sur le prix de la livre puis tout d’un coup ces garanties s’évaporent. Il y a un écart dans la performance, la clarté et la franchise, et un écart dans les comptes, les politiques monétaires et les données qui révèlent que les pertes dans la banque s’accélèrent », a accusé M. Diab, assurant avoir décidé de confier à une société internationale le contrôle des comptes de la Banque du Liban.
Selon lui « la liquidité dans les banques commence à s’assécher, et ce qu’il faut, c’est une initiative et agir rapidement ».
« Les chiffres révèlent que plus de 5 milliards de dollars de dépôts ont été expatriés au cours des deux premiers mois de l’année », a-t-il confié.
Et d’ajouter: « Nous discutons un projet de loi pour restituer les fonds transférés à l’étranger après le 17 octobre au delà de 50 mille dollars, en annulant l’opération de transfert de la part de particulier.
Les fauteurs iront en prison
il estime qu’il faut accomplir le plan financier le plus vite possible faute de quoi le sauvetage financier sera plus difficile.
« Le changement se fait à l’intérieur du système… il y aura des comptes à rendre et les fauteurs entreront inévitablement en prison », a-t-il mis en garde.
Selon lui « le gouvernement est ferme dans sa décision de protéger le pays, et nous ne permettrons en aucun cas de porter préjudice aux intérêts des citoyens et à leurs moyens de subsistance. »
M. Diab a rejeté les critiques adressées au gouvernement qu’il dirige « comme s’il était au pouvoir depuis 73 mois ».
« Nous acceptons qu’on nous demande de comptes, mais en toute objectivité. Certains avancent que la pandémie du coronavirus a sauvé le gouvernement qui venait d’être formé depuis 10 jours. La lutte contre l’épidémie a pris énormément de temps et d’efforts. Elle a certes brouillé le gouvernement et a changé son agenda parce que la vie des gens est une priorité. Mais ceci ne nous empêchera pas de faire face à l’épidémie de la réalité financière et au trou noir financier au Liban ».
22 décès et 696 cas contaminés, dont 8 ce vendredi, ont été déplorés dans le pays du Cèdre depuis la propagation de la pandémie.
Bientôt l’ouverture
Signalant que l’armée a distribué 100 mille portions de l’aide sociale décidée par le gouvernement en raison du coronavirus, il a fait remarquer que cette opération se trouve à mi-chemin et a besoin de dix jours supplémentaires pour être achevée.
« Le fait de couper les routes va entraver cette mission parce que les distributions se feront depuis les école à partir de la semaine prochaine », a-t-il déploré. Il faisait allusion aux manifestations éparses qui ont éclaté ces derniers jours, certaines d’entre elles pour critiquer le gouvernement et d’autres pour exprimer l’hostilité au gouverneur de la Banque centrale.
Il a ajouté: « Le moment est venu de rouvrir notre pays malgré l’extension de l’état de mobilisation générale. Notre stratégie contre le coronavirus a été efficace, mais elle ne devrait pas être perdue tant que nous ne sommes pas à l’abri de l’épidémie. Nous avons mis en place une approche progressive pour lever la fermeture, car le manque de prudence peut détruire le pays. Nous devons continuer à être disciplinés pour nous assurer de rester ainsi afin de ne pas perdre le succès si les mesures ne sont pas respectées. »
« La dernière chose que nous voulons, c’est passer d’une fermeture à une autre. Nous continuerons à protéger le peuple libanais, et le gouvernement sera un puissant bouclier pour la lutte contre la corruption », a-t-il assuré.
Et M. Diab de conclure : « se trompent ceux qui pensent que nous allons les regarder faire alors qu’ils complotent un coup d’État en volant l’argent des gens en augmentant le prix du dollar. Nous ne tolérerons pas et n’hésiterons pas à éliminer tous ceux qui menacent la stabilité financière parce que ces gens veulent l’effondrement du pays pour protéger leurs propres intérêts au détriment du Liban et des intérêts du Liban. L’État frappera fermement. »