La Cour de cassation militaire au Liban, présidée par le juge Mounir Souleiman, a décidé de libérer Mohieddine Hasna, reconnu coupable et condamné à 15 ans de prison pour collaboration avec ‘Israël’.
Ayant purgé une peine de détention de 22 mois, Hasna a fourni aux Israéliens des informations hautement confidentielles et hautement sensibles, notamment des données Wi-Fi ainsi que les fréquences des bipeurs permettant à l’ennemi israélien de localiser des téléphones portables non connectés au réseau cellulaire dans la banlieue sud de Beyrouth, dans le sud, dans la Békaa et dans le Mont-Liban.
L’arrestation de Mohieddine est intervenue après qu’un membre de la Garde du Parlement a eu des soupçons concernant un véhicule équipé d’un système de photographie avancée (360°). Cela l’a incité à fouiller les conducteurs et à contacter la Direction des renseignements, qui a révélé la nature de leurs activités subversives.
Selon les informations révélées par le journaliste libanais Radwan Mortada, les appareils saisis étaient très sophistiqués, capables de scanner les fréquences sans fil et cellulaires, de collecter des informations techniques précises sur les réseaux Internet et la localisation géographique des appareils, et de capturer des images haute résolution depuis des zones de sécurité sensibles.
Le journaliste Mortada a révélé sur son compte X que le père de l’agent avait rencontré des responsables politiques pour revendiquer la libération de son fils. Il s’est même vanté d’avoir récemment rendu visite au président Joseph Aoun.
La libération d’un tel agent soulève trois questions : « quel message la justice envoie-t-elle aux collaborateurs avec l’ennemi ? Pour quelles raisons tolère-t-elle un crime qui porte atteinte à la souveraineté et à la sécurité du pays ? Comment le recrutement israélien est-il si facilement toléré, compte tenu de sa menace potentielle pour la société ? Qui sont les parties qui ont fait pression sur la justice pour qu’elle rende une telle décision ?
Il convient de noter que la libération de Hasna intervient après la visite de la délégation américaine au Liban, en début de semaine. Il semble que les pressions US ont rapidement porté leurs fruits: les autorités concernées ont libéré le 26 août le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salameh impliqué dans la dilapidation de l’argent des Libanais et le lendemain l’agent Mohieddine Hasna.
Le Comité des représentants des prisonniers et des détenus libérés libanais des prisons israéliennes a organisé une manifestation devant le tribunal militaire de Beyrouth, dénonçant cette décision de libération.
L’Association des oulémas musulmans a elle aussi dénoncé « un état de reddition et d’humiliation devant l’ennemi sioniste » de la part du gouvernement libanais.
« Comment expliquer la gestion par l’État de la question des collaborateurs et prisonniers sionistes, alors qu’il a libéré le collaborateur Saleh Abou Hussein il y a quelques jours et qu’il rend maintenant une décision contraire à la justice en libérant le collaborateur Mohieddine al-Hasna après 22 mois de détention ? », a dénoncé l’Association dans une déclaration.
« Il est le plus dangereux des collaborateurs et a été condamné à 15 ans de prison pour avoir cédé à l’ennemi sioniste des fréquences Wi-Fi et des bipeurs, causant ainsi le martyre et la blessure de milliers de civils et de résistants », poursuit la déclaration.
Et de s’interroger : « N’est-ce pas une étape vers une normalisation progressive avec l’ennemi, en préparation de la mise en œuvre des exigences des envoyés américains, à savoir le désarmement de la résistance et l’octroi à l’entité sioniste de ce qu’elle souhaite le long de la frontière ou sur les territoires libanais qu’elle considère comme « stratégiques » pour sa sécurité ? »