Le Liban se trouve face à un nouveau défi: la loi César qui a été votée fin 2019 par le Congrès américain.
Quelques jours avant qu’elle n’entre en vigueur à partir de ce mois-ci, elle a été mise sur la table du cabinet ministériel libanais le vendredi 29 mai par la ministre de la Justice.
Le bureau médiatique du Premier ministre libanais Hassan Diab a assuré ce mardi 2 juin qu’il va la soumettre à la discussion au sein du gouvernement. « Il se penchera sur les marges à travers lesquelles il pourra agir sans qu’il n’y ait de répercussions négatives sur le pays », a-t-il précisé dans un communiqué qui a démenti les rumeurs propagées ces derniers jours sur son adoption.
Son adoption par le Congrès américain à l’unanimité des Républicains et des Démocrates « reflète la crainte de perdre leur influence dans la région, surtout si le président décide de se retirer militairement de ce pays », analyse le journal libanais al-Akhbar qui estime que cette loi s’inscrit dans la continuation de la politique des pressions extrêmes de cette administration dans la perspective de renforcer sa position dans tout processus politique en vue en faisant pression sur les deux alliés de Damas, l’Iran et la Russie. Question de remédier à ses revers dans ses tentatives de renverser le pouvoir syrien.
Or, ses directives ne se bornent pas au volet militaire, où sont bannis les Etats et « les milices » qui combattent au côté de l’armée syrienne mais touchent toute les efforts de reconstruction de ce pays ravagé par 8 années de guerre destructrice. Les secteurs les plus visés sont l’énergie, les affaires et le transport aérien.
En plus du fait qu’elle impose des sanctions aux hauts responsables l’Etat syrien, ses chefs militaires, et ses institutions étatiques , elle vise aussi tous les Etats qui le soutiennent pour une durée de 10 ans. Notamment la Russie et l’Iran, cités nommément.
Sans oublier toutes les sociétés étrangères qui voudraient investir en Syrie dans cette reconstruction.
Ainsi que les individus, les états et les institutions qui financent le pouvoir syrien dans ses activités de reconstruction du pays, ou lui accorde un prêt au gouvernement syrien.
En toute évidence, le Liban, pays voisin de la Syrie, est entièrement concerné par les prescriptions de cette loi. Aussi bien dans son volet militaire que civil.
Plus est-il que sa relation avec la Syrie constitue sa planche de salut pour réduire les séquelles de la crise économique et financière qu’il traverse, et celle de l’endettement. Alors qu’il promeut la reprise de son économie productive, mise au ban pendant des décennies de prédominance d’une économie rentière, la Syrie représente un passage terrestre incontournable pour ses marchandises vers les pays de la région. Lors de son dernière intervention télévisée, le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a clairement expliqué ceci. Jusqu’à présent, les pressions des Américains et de leurs alliés ont entravé toute reprise des contacts officiels entre ces deux pays. Ces derniers laissent entendre que le projet d’aide au Liban du Fonds monétaire internationale en serait aussi tributaire.
Une loi qui se veut punir la Syrie, oui certes. Mais le Liban aussi. Via les armes économiques et financières. Nombreux sont les Libanais qui en sont conscients. Le dernier mot leur revient pour décider de son sort et du leur. Aller vers l’Ouest, conformément à l’esprit de cette loi, et se soumettre à ses desideratas qui n’apportent rien de bon pour le Liban, si ce n’est que de l’embourber indéfiniment dans des dettes infinies . Ou tenter une nouvelle voie, « vers l’Est », comme le propose le chef du Hezbollah, pour peut-être recouvrer leur indépendance. Dans l’état actuel des choses dans le pays du Cèdre, une nouvelle aventure vaut la peine.
Source: Divers