La Turquie a affirmé jeudi qu’elle se réservait le droit de fermer la base aérienne d’Incirlik à la Coalition internationale qui lutte contre les jihadistes en Syrie, sur fonds de tensions entre Ankara et
Washington.
« Le droit de dire +nous allons fermer Incirlik+ est toujours entre nos
mains, mais, comme je l’ai déjà dit, les conditions seront évaluées », a déclaré Ibrahim Kalin, porte-parole du président Recep Tayyip Erdogan, interrogé sur la chaîne de télévision 24 TV.
Il a néanmoins ajouté que la question ne se posait pas de façon « urgente ».
Selon le vice-premier ministre turc Nurettin Canikli, cette question est à l’ordre du jour du gouvernement turc, indique l’agence Reuters.
La Turquie met depuis 2015 sa base aérienne d’Incirlik (sud) à disposition des avions alliés menant des opérations contre les jihadistes en Syrie.
Mais de profondes divergences opposent Ankara et Washington sur le dossier syrien, notamment en raison du soutien américain aux milices kurdes syriennes, que la Turquie considère comme des groupes terroristes émanant du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu s’était déjà interrogé sur l’opportunité de laisser les forces américaines utiliser Incirlik quand celles-ci ne soutiennent pas selon lui les « opérations les plus importantes » menées en Syrie.
Les forces turques sont engagées depuis plusieurs semaines dans des combats meurtriers contre le groupe wahhabite terroriste Daesh (Etat islamique-EI) pour reconquérir la ville d’Al-Bab, dans le nord de la Syrie, avec les milices miliciens syriens qui leur sont alliés.
Malgré ses demandes répétées, le président Erdogan n’a pas obtenu l’appui des avions de la coalition par des frappes.
La semaine dernière, toutefois, des avions de la coalition ont fait « une démonstration de force » près d’Al-Bab à la demande des forces turques sur place, sans toutefois utiliser leurs armements.
Ankara et Washington coopèrent « dans quasiment tous les domaines », avait ajouté M. Cavusoglu, selon Anadolu. « Mais le fait est que nous traversons une +crise de confiance+ ».
En réaction, la coalition s’était dit prête mercredi à soutenir les opérations turques dans le nord de la Syrie, sans préciser de quelle manière.
Située dans la ville d’Incirlik, à 12 km d’Adana (sud), la base aérienne d’Incirlik accueille pour le moment des éléments de l’US Air Force en Europe et sert de support aux opérations de l’Otan.
Récemment le colonel américain John Dorrian a qualifié la base d’« une valeur inestimable » pour les opérations de la coalition contre l’EI. « Le monde entier devient plus sûr du fait des opérations qui ont été conduites » à partir d’Incirlik, a-t-il souligné.
Sources: AFP; Sputnik