Les séparatistes du Conseil de transition du sud (STC), miliciens yéménites pro-émiratis, ont pris le samedi 20 juin le contrôle de l’île stratégique yéménite de Socotra. Le STC accuse les forces qui contrôlaient l’île d’être proche de l’axe turco-qatari.
Les séparatistes, farouchement hostiles aux Frères musulmans, ont indiqué que les forces basées sur l’île étaient composées en grande partie de partisans d’Al-Islah, parti islamiste allié au président démissionnaire pro-saoudien Abed Rabbo Mansour Hadi.
Cette hostilité du STC vis-à-vis du parti al-Islah est partagée par les Émirats arabes unis qui ont formé les unités combattantes et de sécurité des séparatistes et continuent de les soutenir.
En fait, « il s’agit d’une tentative saoudo-émiratie pour compenser la perte des deux pays en Libye, et un coup, quoique moral, à l’axe qatari-turc qui leur était opposé », rapporte le quotidien libanais, citant des informations confidentielles sur le terrain.
Mais l’occupation de Socotra ouvre la porte à plus de complications que Riyad se retrouvera face à face, alors qu’il se bat pour préserver ses derniers « intérêts » restants au Yémen.
En d’autres termes, c’est l’Arabie qui a donné le feu vert aux alliés des Émirats pour qu’ils y délogent les représentants symboliques du gouvernement démissionnaire du président sortant, Abed Rabbo Mansour Hadi, dans l’archipel.
Selon les informations d’Al-Akhbar, les Saoudiens n’ont pas seulement ignoré l’attaque du STC pour renverser la ville de Hadibu (capitale de Socotra), mais ils ont participé eux-mêmes à l’assaut du bâtiment de sécurité de la ville, où se trouve également le quartier général des forces saoudiennes.
Depuis le changement de rapport de force en Libye en faveur des Turcs et des Qataris, les médias saoudo-émiratis ne cessent d’évoquer les soi-disant « plans turcs d’intervention militaire au Yémen ».
Entre-temps, le ministre yéménite de l’Industrie et du Commerce, Mohammad al-Maytami, a remis dimanche 21 juin sa démission au président démissionnaire Mansour Hadi, pour protester contre la position de son gouvernement face aux tentatives de la coalition saoudo-émiratie de «déchirer le Yémen».
L’île, située dans l’océan Indien à quelque 350 km de la ville portuaire d’Aden, tire son importance stratégique de sa position face à la Corne de l’Afrique, non loin du détroit de Bab al-Mandeb, qui commande l’entrée sud de la mer Rouge, et aux abords d’importantes routes commerciales maritimes. Socotra, souvent appelée «Galapagos de la mer d’Arabie», a une biodiversité exceptionnelle avec une faune et une flore en grande partie endémiques.
Sources: AlAkhbar + AlQuds al-Arabi + AFP