Les récents incidents navals qui ont opposé la France et la Turquie en Méditerranée, objets d’une enquête à l’Otan, constituent «l’une des plus belles démonstrations qui soient» de «la mort cérébrale» de l’alliance, a estimé le 22 juin M. Macron.
«Je vous renvoie à mes déclarations de la fin de l’année dernière sur la mort cérébrale de l’Otan», a déclaré le chef de l’État à l’issue d’un entretien avec son homologue tunisien Kais Saied à la présidence française. «Je considère que c’est une des plus belles démonstrations qui soient», a-t-il ajouté, jugeant la situation «intolérable».
Un incident sérieux avec un navire français
Les Européens ont obtenu le 18 juin l’ouverture d’une enquête par l’Otan sur l’«agressivité» de la Turquie. Ankara est accusé de s’opposer aux contrôles par des bateaux de l’alliance atlantique de navires soupçonnés de violer l’embargo des Nations unies sur les armes en Libye.
Deux incidents au cours de tentatives de contrôle d’un cargo suspect en Méditerranée le 10 juin sont à l’origine de la plainte. Le plus sérieux s’est produit avec un navire français engagé dans une mission de l’Otan. Les bâtiments turcs auraient, selon Paris, menacé d’ouvrir le feu.
«Tant que nous continuerons, membres de l’Otan, Européens, parties prenantes de ce sujet, à être faibles dans nos propos ou à manquer de clarté, nous laisserons le jeu des puissances non coopératives se faire», a estimé M. Macron. «Je ne veux pas dans six mois, un an, deux ans, avoir à constater que la Libye est dans la situation de la Syrie d’aujourd’hui».
Un simple «désaccord entre alliés»?
Florence Parly, la ministre française des Armées, a porté la semaine dernière les incidents devant le conseil des ministres de la Défense de l’Otan. Huit pays européens ont soutenu sa requête.
Le secrétaire général de l’Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, a évoqué un simple «désaccord entre alliés» avant d’annoncer l’ouverture d’une enquête pour «faire toute la lumière sur ce qui s’est passé».
L’Otan est de fait confrontée à une crise provoquée par de très fortes dissensions entre ses membres, indique l’AFP. Fin 2019, Emmanuel Macron l’avait jugée en état de «mort cérébrale» après l’offensive lancée par Recep Tayyip Erdogan dans le nord-est de la Syrie, sans aucune concertation avec les alliés mais avec l’assentiment de Donald Trump.
Source: Sputnik