L’enquête sur la double explosion destructrice du port de Beyrouth s’attarde sur l’identité de l’un des trois forgerons qui avaient effectué, le jour même de l’explosion, le 4 août dernier, des travaux de soudure dans le hangar 12 de l’entrepôt qui renfermait le nitrate d’ammonium qui a causé la catastrophe.
Ce métallurgiste aurait des affinités avec des groupes extrémistes, a rapporté le journal libanais al-Akhbar dans son édition datant du samedi 29 août, citant des sources proches des investigations menées par la Police militaire et supervisées par le juge Fadi Souane.
En fouillant son téléphone mobile, « les enquêteurs ont découvert qu’il s’intéressait aux groupuscules extrémistes », ont rapporté ces sources qui ont toutefois nié avoir trouvé qu’il était entré en contact avec eux.
Ayant remarqué que ce sidérurgiste avait aussi effectué des recherches sur les moteurs de recherche d’internet sur le port de Beyrouth et le président du département d’investissement, les inspecteurs se sont arrêtés sur le fait qu’il a appris le métier de sidérurgiste via YouTube. Et sa contribution dans les travaux du port de Beyrouth a été sa première besogne.
« D’après son témoignage, il a rejoint l’entrepreneur en charge des travaux le 28 juillet 2020, c’est-à-dire deux jours avant que l’équipe n’entame ses travaux dans le port », rapportent ces sources, estimant toutefois que toutes ces informations relèvent du domaine des doutes, l’intention criminelle n’étant pas encore vérifiée.
Alors que ces trois forgerons n’ont pas encore fait l’objet de mandat d’arrêt, le juge Souane en a émis contre 16 suspects qui ont été arrêtés et subi un interrogatoire.
Entre 2.000 t. et 2.300 t. de nitrate d’ammonium
Concernant les travaux d’inspection sur le lieu de l’explosion, les enquêteurs français et américains du FBI seraient plutôt enclins à écarter la thèse de l’origine terroriste ou de l’explosion interne.
Mais l’enquête n’a pas encore conclu si elle a été déclenchée par un incendie dû à une faute humaine, à une friction électrique ou s’il est prémédité.
Les Américains évaluent la quantité du nitrate d’ammonium qui a explosé à 2.300 tonnes alors que celle avancée par les enquêteurs libanais de la division d’Intelligence des Forces de sécurité intérieure (FSI) évoquent 2.000 tonnes. La quantité stockée initialement était aux alentour de 2.700 tonnes.
Les experts français ont quant à eux informé les responsables libanais concernés que leur rapport final nécessite encore deux mois.
Chypres ne répond pas
S’agissant des résultats de l’enquête en dehors du territoire libanais, autour du navire russe Rhosus sous pavillon moldave qui est à l’origine de la cargaison de nitrate, ses propriétaires et les médiateurs, un citoyen turc auquel la société Spectrum avait eu recours comme courtier a été interrogé dans son pays par les enquêteurs libanais. Ces derniers devraient retourner en Turquie pour poursuivre leur enquête.
Or, dans le volet chypriote de l’enquête, les autorités de Larnaka n’ont toujours pas répondu à la demande libanaise d’interroger le propriétaire du navire.
Né en Russie, l’homme d’affaires Igor Grechushkin, réside à Chypre. Sa position est d’autant plus douteuse qu’il a « perdu tout intérêt » pour sa cargaison relativement précieuse, une fois arrivée au Liban, n’essayant même pas de la vendre moins chère pour rembourser ses dettes.
Source: Médias