La décision prise récemment par l’administration américaine de baisser ses effectifs militaires en Irak de 5.200 jusqu’à 3.000 soldats ne peut être prise au sérieux.
Elle pourrait n’être qu’un faux-semblant -parmi tant d’autres- destiné à tromper l’opinion publique irakienne et les partis qui réclament le départ de toutes les forces étrangères de la coalition internationale depuis l’assassinat dans un raid américain du dirigeant du Hachd al-Chaabi Abou Mahdi al-Mohandes au côté du général iranien Qassem Souleimani.
Dans les déclarations des responsables américains, lorsqu’ils évoquent ce retrait, ils préfèrent le lier à la lutte contre Daech. Il faut rappeler que c’est la résurgence en Irak de ce groupuscule jihadiste takfiriste, dont la doctrine s’inspire du wahhabisme saoudien, qui a été l’alibi pour le retour des forces américaines, après avoir été contraintes de s’en retirer en 2009, à la demande du Premier ministre irakien de l’époque Nouri Al-Maliki.
En outre, à aucun moment, ces responsables américains n’affichent vouloir exécuter la volonté des députés et des centaines de milliers d’irakiens qui ont réclamé ce retrait.
D’autre part, ils ne parlent que d’un retrait partiel et non total. En deux jours d’intervalle, le chiffre de ceux qui devraient rester en Irak a fait l’objet de deux versions : celle du général Kenneth McKenzie, chef du commandement militaire américain au Moyen-Orient, tablé à 3.000. Et celle du président Donald Trump qui le fixe à 2.000.
Même en Afghanistan, le retrait total est exclu, le nombre des militaires américains devant passer de 8.600 à moins de 5.000.
A noter que la première réaction américaine lorsque le parlement irakien a voté à la majorité cette résolution a été de saper sa légitimité sous prétexte qu’elle n’a pas été prise à l’unanimité. Les députés kurdes s’étant abstenus de faire part au vote.
Or cette logique est maintenant véhiculée par certains acteurs politiques irakiens, dont le conseiller du Premier ministre Moustafa al-Kazimi, Daoud Hachem, rapportent les observateurs irakiens avisés. Ces derniers constatent que les Américains font dire à leurs subordonnés locaux leurs propres desseins, chaque fois que leur diktat est contesté.
En plus de celui du Kurdistan d’Irak, les Etats-Unis seraient en train de mettre sur pied un bloc parlementaire qui leur serait fidèle, ont révélé ces sources sous le couvert de l’anonymat pour le site web de la télévision iranienne arabophone al-Alam. Et ce sont les Emirats arabes unis qui vont être chargés de le soutenir financièrement.
Faute de quoi, Washington pourrait avoir recours aux 70 milliards de dollars des fonds irakiens bloqués par les Etats-Unis dans le compte bancaire de la banque fédérale, et qui ne peuvent être restitués à l’État irakien que selon ses conditions.
Fondé en 2003, ce fond est l’accumulation des rentrées pétrolières irakiennes qui auraient dû être transférées à Bagdad, mais qui ne l’ont jamais été. Pour des raisons inconnues. Depuis, ce sont les Américains qui décident le montant à accorder au gouvernement irakien, pour payer les salaires des employés de la fonction publique ou des dépenses publiques.
« C’est l’une des causes principales qui freinent la reconstruction de l’Irak durant ces 17 dernières années », assurent ces sources.
Ayant demandé le transfert de 5 milliards de dollars lors de sa récente visite à Washington, le Premier ministre Moustafa al-Kazimi s’est vu afficher une fin de non-recevoir de la part de l’administration américaine. Elle lui a en revanche proposé 13 milliards, à condition qu’ils soient dépensés là où elle le précise.
Et Trump a menacé de les bloquer si le gouvernement irakien insiste pour le retrait des troupes américaines, assurent ces sources irakiennes.
Il faut croire que c’est là que réside la réelle position américaine, que les déclarations du président américain ne sauraient occulter, en arguant vouloir retirer les troupes américaines de ce pays. Des allégations qui s’inscrivent aussi dans le cadre de ses promesses aux visées électorales, en cette période proche de l’échéance présidentielle , où sa réélection est sérieusement compromise.
Ces promesses qui rappellent celles de 2016, vu qu’elles répondent aux aspirations des contribuables américains qui payent de leurs poches et de leur niveau de vie les coûts de ces guerres, alors que c’est leur élite économique et financière qui en rafle les bénéfices, n’ont jamais vu le jour !
Dans ce genre de manipulations mensongères, force est de constater qu’elles trompent aussi bien l’opinion publique irakienne qu’américaine.
Comme lorsque la porte-parole de la Maison Blanche veut faire croire que Trump « veut mettre fin à une lignée de présidents américains qui pendant 39 ans ont soit déclaré une guerre soit impliqué les Etats-Unis dans un conflit international armé ».
Ou d’adosser la responsabilité de la non-exécution de ses promesses au Pentagone et aux entreprises américaines de fabrication d’armements.
«Les hauts-responsables du Pentagone ne veulent rien faire d’autre que mener des guerres pour que toutes ces merveilleuses entreprises qui fabriquent les bombes, les avions et tout le reste, restent en bonne santé», a déclaré Trump lors d’un discours électoral, le 7 septembre. Sans expliquer comment se fait-il que durant son mandat il n’a pas jugulé les velléités des uns et des autres.
Face à ce double langage sournois, reste à savoir si les électeurs américains vont lui accorder, le mois de novembre prochain, leur confiance. Mais pour les Irakiens, le doute l’emporte, et le choix semble être décisif. Leurs opérations de résistance contre les troupes américaines se poursuivent.
Source: Divers