La Chambre américaine des représentants a adopté le mardi 22 septembre à une écrasante majorité un projet de loi visant à interdire la plupart des importations en provenance de la région chinoise du Xinjiang, sous prétexte de vouloir bloquer l’entrée aux Etats-Unis de produits issus du « travail forcé » des Ouïghours.
Washington est en guerre commerciale et politique contre la Chine qui constitue l’une des principales menaces à son hégémonie dans le monde.
Elle la harcèle sur d’innombrables dossiers dont celui de la minorité musulmane ouïghoure. Les autres dossiers sont entre autres ceux de Hong Kong, du Tibet, les revendications des pays voisins sur les iles chinoises de la mer de Chine… Les Etats-Unis soutiennent aussi les Taiwanais dans leurs velléités indépendantistes et les Indiens dans leur litige frontalier contre la Chine, litige qui fait l’objet de remous ces derniers jours.
Selon l’AFP, la décision d’interdiction des importations a été prise dans un rare moment d’union entre démocrates et républicains, le texte ayant été adopté par 406 voix contre seulement trois voix opposées. Il doit encore être approuvé par le Sénat et promulgué par le président républicain pour entrer en vigueur. Les démocrates détiennent la majorité à la Chambre, tandis que le Sénat est contrôlé par les républicains.
De concert avec de nombreuses organisations occidentales de défense des droits humains, les Américains accusent les Chinois de détenir plus d’un million de ses membres dans des « camps de rééducation » de cette région du nord-ouest du pays.
Pékin dément ce chiffre et parle de centres de formation professionnelle, destinés à aider la population à trouver un emploi et ainsi à l’éloigner de la tentation de l’islamisme jihadiste et du terrorisme. D’autant que le wahhabisme tente une percée dans ce milieu.
Selon l’AFP, la proposition de loi prévoit une interdiction de toutes les importations du Xinjiang. Les seules dérogations pourraient être octroyées par les douanes américaines si une « preuve claire et convaincante » montre qu’un produit n’a pas été fabriqué grâce au travail forcé.
Selon le rapport qui avait accompagné la présentation du texte au Congrès, en mars, plusieurs biens qui ont déjà fait leur entrée sur le marché américain sont concernés par le recours au travail forcé, notamment des tissus, chaussures, téléphones portables, matériel informatique ou encore du thé.
Le rapport énumérait des sociétés accusées d’en avoir bénéficié, dont Adidas, Nike, Calvin Klein, H&M ou Coca-Cola.
Puisqu’elle bénéfice d’un large soutien des deux partis, cette proposition de loi, ainsi qu’un autre texte portant sur le « travail forcé des Ouïghours », envoie « un signal fort à Pékin et au monde que le Congrès américain ne (…) permettra pas que les droits humains soient sacrifiés au nom des intérêts commerciaux », a déclaré la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, dans l’hémicycle.
L’administration Trump avait annoncé le 14 septembre qu’elle allait bloquer l’importation d’une série de biens originaires de la région chinoise du Xinjiang, accusant Pékin d’y avoir recours au « travail forcé » de la minorité musulmane ouïghoure.