« Ni les sanctions ne me font peur, ni les promesses ne me leurrent. Je ne m’insurge contre aucun libanais et je ne sauverai pas ma peau pour que le Liban sombre.
Je suis habitué à l’injustice et j’ai appris de l’histoire qu’il nous est prédestiné, nous en Orient, de porter notre croix chaque jour… pour survivre »
C’est par ces paroles qu’il a écrites sur sa page Twitter que Gebran Bassil, le chef du Courant patriotique libre (CPL) et l’ex-ministre des Affaires étrangères libanais et de l’Energie a commenté la décision de Washington de le sanctionner.
Cette décision a été annoncée par le Trésor américain, ce vendredi 6 novembre, sous prétexte de « corruption » et de « détournement de fonds ».
Invoquant la loi dite « Magnitsky », il a annoncé dans un communiqué geler tous les avoirs aux Etats-Unis de M. Bassil, gendre du président Michel Aoun. Il a demandé aux banques libanaises effectuant des transactions en dollars de geler ses avoirs au Liban.
M. Bassil a été aussi ministre des Télécommunications.
«La corruption du système politique libanais incarnée par Bassil a aidé à éroder les fondements d’un gouvernement efficace répondant aux besoins du peuple libanais », a argué le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, dans un communiqué.
La loi « Magnitsky », du nom d’un avocat russe soi-disant mort en détention à Moscou après avoir dénoncé une affaire de corruption, a été adoptée aux Etats-Unis en 2012.
Elle est utilisée arbitrairement contre des dirigeants du monde qui résistent aux tentatives d’hégémonie des Etats-Unis dans les pays récalcitrants. Sous prétexte qu’ils enfreignent les droits humains et commettent des actes importants de corruption.
Des chefs de gouvernement pro américains
Le Liban traverse une profonde crise économique depuis un an due aux manquements de gouvernements libanais successifs, dont les chefs ont dans leur majeure partie été des pro américains.
Cette crise a culminé avec l’explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth, alors que le chef du gouvernement Hassane Diab menaçait de s’orienter vers l’Orient pour sortir le Liban de sa crise. La Chine ayant proposé des projets d’investissements au Liban. Et l’Iran aussi. La proposition avait été faite par le numéro un du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah.
Après l’explosion du port pour des raisons encore inconnues, M. Diab a présenté la démission de son gouvernement alors que les protagonistes pro américains voulaient lui en imputer la responsabilité.
Un responsable américain: Bassil est lié au Hezbollah
En vérité, la décision américaine semble toutefois être liée aux dernières évolutions sur la scène libanaise, concernant la formation du nouveau cabinet ministériel qui bute sur le nom des ministres chrétiens. Et aux relations étroites entre le CPL et le Hezbollah en particulier.
Compte tenu du partage des pouvoirs à la base communautaire, ces ministres devraient être désignés par le CPL qui a été le grand gagnant des législatives de 2018 sur le plan chrétien. Le Premier ministre désigné et chef du courant du Futur Saad Hariri insiste pour lui confisquer ce droit.
Gebran Bassil « avait usé de son influence pour retarder les efforts » en cours de formation d’un gouvernement au Liban, a dénoncé un responsable de l’administration américaine, cité par l’AFP sous le couvert de l’anonymat.
« Avec cette action aujourd’hui, nous encourageons le Liban à former un gouvernement qui exclut les politiciens connus pour avoir commis des actes de corruption et à entamer des réformes économiques sérieuses », a ajouté ce responsable, toujours selon l’AFP.
Le parti de Gebran Bassil est aussi « étroitement aligné » sur le Hezbollah, un « partenariat politique qui a permis au Hezbollah d’élargir son influence et de contribuer au système gouvernemental déficient qui a échoué à répondre aux besoins basiques du peuple libanais », a-t-il argué.
Un haut esponsale américain a confié pour Reuters que c’est le soutien de M. Bassil au Hezbollah qui est le motif qui a poussé les USA à le sanctionner.
Hariri veut nommer les ministres chrétiens
Tenu ainsi que ses prédécesseurs de son courant pour responsable des déboires gouvernementaux qui ont abouti à l’effondrement économique et financier au Liban, M. Hariri avait démissionné sous la pression de la rue libanaise, l’an dernier.
Ayant été sollicité de rediriger le gouvernement, par plusieurs protagonistes libanais dont le Hezbollah, selon lequel c’est lui qui devrait agir pour remédier à la crise dont il assure une bonne part de responsabilité, il s’est abstenu d’accepter pendant plus d’un an.
Il s’est de nouveau porté candidat après l‘initiative française et les deux visites au Liban du président français Emmanuel Macron. par la suite, il a été désigné pour former un gouvernement.
Il a promis des réformes en vue de débloquer des aides internationales dont il semble à lui seul avoir les secrets pour les décrocher pour le Liban. Signe du soutien que lui accordent les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux et de leur approbation tacite de ses politiques suicidaires sur le Liban.
Pays qui grâce à sa résistance a expulsé l’occupation israélienne en l’an 2000 et lui a fait subir une défaite de taille dans la guerre 2006, le pays du cèdre fait l’objet de pressions énormes pour renoncer à la voie de la résistance et rejoindre le train de la normalisation avec l’ennemi sioniste.
Hezbollah : les USA sont les parrains de la corruption
Justement, le Hezbollah a apporté son plein soutien à M. Bassil, dans un communiqué publié ce vendredi soir, accusant la décision américaine « de décision politisée et d’ingérence flagrante et insolente dans les affaires internes libanaises ».
« Les Etats-Unis qui sont le parrain du terrorisme et de l’extrémisme dans le monde sont aussi l’Etat qui cautionne la corruption, les corrompus et les Etats dictatoriaux à travers le monde et leur assurent sa protection et son soutien par tous les moyens. Par conséquent, ils sont les derniers qui ont le droit de parler de corruption », a-t-il souligné.
Et de poursuivre : « Washington utilise ses lois dont celles de la lutte contre le terrorisme et contre la corruption pour imposer son hégémonie et sa suprématie dans le monde. Il les utilise contre tout Etat, parti, courant ou personne libre et honnête qui ne se plie pas à ses politiques, n’exécute pas ses prescriptions ou n’accepte pas ses plans destinés à semer la zizanie et les divisions et à provoquer des conflits internes et régionaux ».
Toujours selon le Hezbollah, la décision du Trésor américain vise à soumettre une équipe politique libanaise importante aux conditions et aux diktats américains au Liban.
Et le parti de la résistance conclut dans son communiqué : « nous apportons notre soutien au CPL et à son chef et nous exprimons notre solidarité nationale, morale et humaine avec lui face à ces décisions injustes et à ces diffamtions inacceptables ».
Source: Divers