Le Premier ministre chargé de former le gouvernement libanais Saad Hariri a nommé les 18 ministres, indépendamment des consultations avec les différents partis politiques libanais, comme c’est la coutume au Liban pour former les gouvernements.
« Ce cabinet dont M. Hariri a nommé à lui seul tous les ministres chrétiens, chiites et druzes est un cabinet de fait accompli », a commenté le journal libanais al-Akhbar.
Selon les médias libanais, il a présenté le mercredi 9 décembre au président de la république Michel Aoun son gouvernement avec sa propre distribution communautaire des portefeuilles ministériels et les noms des ministres.
« Les sources indiquent que Hariri a lui-même nommé tous les ministres chrétiens, ainsi que les ministres chiites avant même que le Hezbollah ne lui ait livré les noms parmi lesquels il devrait choisir, comme ils étaient convenus avant sa nomination », révèle al-Akhbar.
« Il a aussi nommé un proche de l’ex-député et leader druze Walid Joumblatt comme ministre des Affaires étrangères. Et lorsque le président de la République lui avait suggéré qu’il n’avait aucun mal à accorder à Joumblatt le ministère de la Santé ou de l’Education, il est resté campé sur sa position », précise le journal libanais.
Hariri a repris le portefeuille de l’Intérieur pour l’accorder à son courant Futur. Il a accordé la nomination de 5 ministres chrétiens à M. Aoun, et celle de 3 autres au courant Marada et au parti syrien social-national et au parti arménien Tachnak. « Une tentative de faire éclater les anciens alliés chrétiens », constate un observateur.
Pendant ces dernières semaines, le processus de formation du gouvernement était au ralenti, rapportent des sources hauts-placées.
Les tractations ont buté sur l’entêtement de Hariri à nommer lui-même les ministres chrétiens du cabinet, alors que le chef d l’Etat refusait qu’il lui confisque le droit de nommer les ministres chrétiens lui-même, d’autant que son bloc parlementaire est le plus important au sein de cette communauté.
En fin de compte, il en était arrivé à lui fournir la distribution communautaire des portefeuilles ministériels, sans donner de noms.
« C’est comme si les deux camps se jetaient la balle, chacun d’entre eux exploitant les points faibles de l’autre », rapportent ces sources.
Le lundi 7 décembre, lorsque Hariri a visité M. Aoun, il avait laissé une bonne impression en paraissant vouloir reprendre ses précédentes méthodes pour la formation du gouvernement. « Il a discuté avec lui comme s’il était un partenaire à part entière et non en tant que récepteur de ses diktats », selon la description d’al-Akhbar.
Hariri aurait dû le mercredi rencontrer le président pour trancher la distribution communautaire des portefeuilles ministériels et s’entendre sur les noms. Mais il s’est remis à tout mélanger de nouveau, s’accaparant toutes les nominations, « ce qui est la preuve qu’il tergiverse », selon al-Akhbar.
En sortant de chez lui, il s’est mis ainsi que sa machine médiatique à faire croire que l’ambiance avec le chef de l’Etat était positive. « Une insinuation que les choses vont bien», explique al-Akhbar. Tandis que les observateurs qui suivent ce dossier assurent que « les divergences sont toujours de vigueur ».
Source: Médias