L’Arabie saoudite aurait envoyé un message secret à Tel-Aviv l’avertissant que toute annexion, y compris de la vallée du Jourdain, fermerait la voie à la normalisation, impacterait les accords d’Abraham et pourrait entraîner des mesures de rétorsion économiques telles que la fermeture de l’espace aérien.
C’est la chaine de télévision israélienne Channel 12 qui a révélé ce fait dimanche, non sans l’approbation du gouvernement israélien, le destinataire du message.
En général, les gouvernements israéliens s’emploient pour révéler au grand jour les contacts secrets de dirigeants dont les pays n’ont pas encore normalisé avec Israël, pour assurer que la normalisation est bel et bien en cours. Le message saoudien en est ici un exemple parmi d’autres.
Sans tarder, les médias israéliens ont diffusé la réponse israélienne à ce message.
Selon le radiodiffuseur public israélien Kan, citant une source proche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, la question de l’application de la « souveraineté » israélienne dans la vallée du Jourdain serait abordée avec le président américain Donald Trump.
Or, des sources diplomatiques avaient indiqué aux médias israéliens que le secrétaire d’État américain Marco Rubio avait déjà donné son feu vert à l’annexion lors de sa récente visite, et que la décision finale serait prise après la rencontre entre Netanyahu et Trump.
L’avertissement saoudien intervient dans un contexte d’intensification du débat israélien sur l’annexion de la vallée du Jourdain et de certaines parties de la Cisjordanie, une question que Netanyahu a soulevée à plusieurs reprises ces dernières années, notamment pendant sa campagne électorale.
La menace israélienne s’est intensifiée avec la vague croissante de reconnaissance de l’État de Palestine par plusieurs pays occidentaux.
Dimanche, ce sont le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal qui ont annoncé l’avoir fait. Plusieurs autres pays devraient le faire ce lundi, dont la France, lors d’un sommet lundi au siège des Nations unies à New York. Cette réunion a été organisée à l’initiative de la France et de l’Arabie saoudite. Manifestement embarrassée en raison de son refus de franchir ce pas, l’Allemagne a réaffirmé sa position selon laquelle la reconnaissance d’un Etat palestinien ne devrait intervenir qu’à la fin d’un processus de négociation d’une solution à deux Etats, face au nombre croissant de pays ayant fait état de cette reconnaissance.
Sachant qu’il est clair aussi bien pour ceux qui reconnaitront la Palestine, et dont la démarche pourrait être intervenue trop tard, et pour ceux qui refusent de le faire, qu’Israël rejette catégoriquement l’idée de l‘Etat palestinien.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, l’affirme ouvertement
« Depuis des années, j’ai empêché la création de cet État terroriste malgré d’énormes pressions, tant à l’intérieur du pays qu’à l’international », a déclaré Netanyahu dimanche dans une vidéo diffusée par son bureau.
« Nous avons doublé les implantations juives en Judée et en Samarie (nom donné par Israël à la Cisjordanie, NDLR) et nous continuerons sur cette voie », a-t-il ajouté.
Face à l’entêtement de Netanyahu corroboré par la situation sur le terrain où la progression israélienne en Cisjordanie se poursuit, Riad a peu de chances de se faire entendre par Tel Aviv.
Etant entièrement dépendante des Etats-Unis, lesquels sont, toutes administrations confondues, totalement soumis aux desideratas israéliens, sa marge de manœuvre est presque nulle.
Plus que tous, le prince Mohamad ben Salman devrait en être parfaitement conscient. Sa requête manifestement vaine ne servirait qu’à montrer à son peuple et à tous les autres peuples arabes parfaitement conscients du danger qui se profile à travers le grand Israël, qu’il essaie de faire quelque chose.
Source: Médias