Le président des États-Unis Joe Biden va «bientôt» parler pour la première fois avec le roi d’Arabie saoudite et publier le rapport du renseignement américain sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, potentiellement explosif pour le prince héritier et les relations entre Washington et Ryad.
Interrogée sur un article du site d’information Axios selon lequel le coup de téléphone avec le roi Salmane était prévu le mercredi 24 février avant une publication du rapport jeudi, la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki n’a pas voulu confirmer ce timing.
«Rapport déclassifié»
L’appel «aura lieu bientôt, nous sommes encore en train de programmer le moment précis», a-t-elle dit mercredi devant la presse. Et le «rapport déclassifié» sera également publié «bientôt» par la directrice du renseignement national Avril Haines, a-t-elle ajouté, sans plus de précisions.
Le nouveau président américain ne s’est pas encore entretenu avec les dirigeants du royaume saoudien, alliés très proches de son prédécesseur Donald Trump au Moyen-Orient. Mais il a d’ores et déjà fait savoir qu’il parlerait le moment venu au roi Salmane plutôt qu’au prince héritier Mohammed ben Salmane, dit «MBS», interlocuteur privilégié de la diplomatie trumpiste.
Jen Psaki a confirmé cette intention de Joe Biden de «recalibrer» la relation avec Ryad par rapport au précédent gouvernement américain, souvent accusé d’avoir fermé les yeux sur la question des droits humains.
«Recalibrage»
«Cela signifie qu’il ne restera pas silencieux, il dira haut et fort quand il aura des inquiétudes au sujet de violations des droits humains, au sujet d’une absence de liberté de la presse et d’expression», a insisté la porte-parole.
La publication du rapport Khashoggi devrait être le premier test de ce «recalibrage». Joe Biden a affirmé mercredi avoir lu le rapport.
Le journaliste saoudien, résident aux Etats-Unis et chroniqueur au quotidien Washington Post, avait été assassiné et démembré en 2018 dans le consulat de son pays à Istanbul par un commando d’agents d’Arabie saoudite. Le Sénat américain, qui avait eu accès aux conclusions des services de renseignement de la première puissance mondiale, avait à l’époque jugé que le prince héritier était «responsable» du meurtre.
Mais Donald Trump n’avait jamais voulu blâmer publiquement «MBS», pour préserver l’alliance avec Ryad, pilier de sa stratégie anti-Iran et gros acheteur d’armes américaines.
«J’ai sauvé sa peau», avait-il même reconnu auprès du journaliste américain Bob Woodward.
Encore dans l’opposition, Joe Biden avait lui jugé que l’Arabie saoudite devait être traitée comme un Etat «paria» en raison de cette affaire et de ses atteintes aux droits humains.
Source: Avec AFP