Cheikh Naim Qassem, le numéro deux du Hezbollah a assuré que ce dernier est décidé à sauver le peuple libanais que cela plaise à Israël ou pas, sans compter ni sur les grandes puissances ni sur les pays du Golfe.
Il a tenu ces propos lors d’une interview jeudi 8 juillet avec la télévision libanaise d’informations al-Mayadeen au cours de laquelle il a parlé des changements introduits par la dernière bataille en Palestine, le mois de mai dernière, Épée d’al-Qods, de la commémoration de la guerre 2006 et de ses apports dans le conflit arabo-israélien et de la crise libanaise et des moyens de lui remédier.
Revenant sur la coopération entre le Hezbollah et les factions palestiniennes durant Épée d’al-Qods, il a rappelé que la résistance au Liban a fourni à la résistance palestinienne des renseignements importants, notamment concernant l’affaire des tunnels connue sous l’appellation israélienne du plan métro, lorsqu’Israël a prétendu avoir éliminé des dizaines de combattants du Hamas dans les tunnels de Rafah, au nord de la bande de Gaza et avoir entamé son incursion terrestre.
« Sur la question de la coordination avec les frères palestiniens, il y avait une quantité d’informations et de renseignements, à chaque instant, sur les mouvements des Israéliens, leurs plans et capacités. La résistance au Liban a fourni aux frères palestiniens des informations très précises qui ont affecté l’évaluation du déroulement de la bataille et la manière de mener des opérations défensives », a-t-il assuré.
Les factions de la résistance palestinienne avaient lancé cette bataille, le 11 mai dernier, en riposte aux agressions israéliennes destinées à expulser les palestiniens de leurs quartiers à l’est de Jérusalem, notamment à Cheikh Jarrah ou à interdire aux fidèles palestiniens de se rendre sur l’esplanade des Mosquées et la mosquée al-Aqsa pendant le mois de Ramadan.
Cheikh Qassem a ajouté : « L’incident le plus important que tout le monde peut connaître est peut-être ce qui s’est passé lorsque les Israéliens voulaient attaquer les tunnels, et faire croire à l’aide d’une campagne de propagande qu’ils avaient entamé leur incursion terrestre, pour éliminer les Palestiniens à l’intérieur des tunnels. Mais les combattants de la résistance ne sont pas entrés dans les tunnels ciblés… Il s’est avéré plus tard qu’il n’y avait pas eu d’opération terrestre, mais plutôt un leurre afin de les éliminer ».
Et d’assurer que « ce plan, à l’origine, nous était connu, et il était connu des Palestiniens, grâce à un travail de renseignements et d’informations minutieux ».
L’axe de la résistance plus solidaire que jamais
Selon cheikh Qassem, à l’instar de la guerre de juillet 2006 entre le Liban et l’entité sioniste, qui a permis « d’atteindre un équilibre de dissuasion qui a protégé le Liban pendant 15 années, des agressions d’Israël qui appréhende la riposte de la résistance », celle de 2021 sonne l’heure de la libération de la ville sainte d’al-Qods, qui est selon lui « plus proche que jamais ».
« Comme la bataille de 2006 a été fondamentale, la bataille de 2021 l’est davantage, dans le sens de l’effondrement qui pourrait se produire sur le front du côté israélien. Cela a également mis en évidence que l’axe de résistance est un axe cohérent et victorieux, qui a enregistré de grands progrès depuis les étapes précédentes », a-t-il ajouté.
Et de poursuivre : « l’initiative des Palestiniens en faveur de la lutte fonctionne, à la fois sur le plan défensif et offensif pour soutenir al-Qods occupée, ce qui a bouleversé les critères de compréhension des Israéliens… Ils ont été surpris par le timing, par l’ampleur des attaques qui avaient eu lieu, par les préparatifs palestiniens, par leur constance et persévérance, et ils ont été surpris parce que leurs services de renseignements n’en savaient rien ».
« Pour la première fois, il y a eu une opération palestinienne à Jérusalem occupée qui rassemble tous les Palestiniens, Arabes et musulmans. L’axe de résistance y est apparu solidaire et complémentaires de diverses manières et moyens. Les Palestiniens de l’intérieur de la Palestine ont déclaré qu’ils font partie de l’axe, qu’ils sont son fer de lance. Cela veut dire que la bataille prend la direction d’Al-Qods, d’une alliance en faveur Jérusalem, et ce ne sera pas la bataille des Palestiniens tous seuls. Pour la première fois, les Palestiniens, avec leurs différentes factions, le Hamas, le Jihad islamique, et toutes les autres factions, ont annoncé qu’elles faisaient partie de l’axe de résistance, et que l’Iran soutient cet axe de toutes ses capacités. C’est une question très importante pour se démarquer des hypocrites parmi les Arabes, qui prétendaient être du côté de la cause palestinienne, mais qui ont couru vers la normalisation », avec l’entité sioniste, a-t-il souligné.
Selon lui « l’axe de résistance est désormais connu pour être un axe politique, militaire, médiatique et culturel cohérent. Par conséquent, ceux-là de concert avec ceux qui dirigent l’Iran islamique, avec l’imam Khamenei, constituent le leadership de ce projet ».
En réponse à une question sur la nature des relations entretenues entre la résistance palestinienne et le reste de l’axe, le secrétaire général adjoint du Hezbollah a affirmé : « la libération de la Palestine est d’abord une responsabilité palestinienne, entre les mains des Palestiniens. Mais l’Axe est leur soutien et leur appui et il exécute ce que lui demandent les Palestiniens. Il ne leur dicte rien. Ils sont entièrement libres de leur comportement, leur choix et leurs actions.
Des capacités militaires sans précédent pour l’axe de la résistance
Cheikh Qassem a poursuivant en s’étalant sur les capacités militaires disponibles aujourd’hui entre les mains de la résistance, assurant « qu’elles presque infinies ».
« l’histoire du conflit avec l’ennemi israélien n’a jamais connu un niveau pareils d’armements et de capacités militaires dont dispose actuellement dans la région l’Axe de la Résistance ».
Selon lui, les potentiels qui sont apparus à l’intérieur de la Palestine reflètent l’ampleur du développement des capacités de l’axe à l’extérieur (de la Palestine). Depuis l’intérieur, les palestiniens ont frappé Jérusalem dès le premier round de la bataille, puis ils ont ciblé Ashkelon et d’autres endroits, et ils disent (aux Israéliens) avancez s’il vous plaît vers le combat au sol. Ils pourront restaurer ce qu’ils ont perdu en un ou deux mois . »
Il a ajouté : « Si l’agression se poursuit à Jérusalem et ses environs à un rythme plus élevé, et atteint un certain stade où la résistance palestinienne estime qu’il s’agit d’une ligne rouge, une nouvelle opération militaire sera également lancée. Cette affaire est terminée. Dans le sens que nous ne sommes désormais plus face à une réalité palestinienne qui se défend et attend. Non, nous sommes face à une réalité où ils peuvent prendre l’initiative de l’attaque pour la défense de Jérusalem, ou pour protéger le statut et l’avenir de Gaza ».
Cheikh Qassem a souligné que « quand on regarde les victoires de l’axe de la résistance en Iran, en Syrie, en Irak, au Yémen, en Palestine et au Liban, et dans toute cette région, on voit aussi, en revanche, les défaites pour l’autre axe , parce que l’axe américano-israélien – et ceux qui le soutiennent parmi les Arabes du Golfe – n’ont pas pu réaliser ce à quoi ils aspirent, en l’occurrence éliminer la résistance, faire tomber son projet et essayer d’en écarter les gens. Quant aux tentatives de frapper cet axe dans son cœur ou dans ses contours, l’axe américain n’a été capable de réussir aucune d’entre elles…Les Etats-Unis peuvent montrer leur puissance et leur tyrannie, mais ils ne peuvent pas arrêter la résistance, ni changer la volonté de changement ».
Contourner les sanctions et ne pas réaliser leur projet
Il a dit : « Comment y faire face ? Nous essayons de contourner les sanctions autant que possible. Je veux dire par là que le contournement se fait parfois avec la coopération de l’axe, comme cela se passe actuellement entre l’Iran et la Syrie. D’autres fois, il se ait par des moyens indirects ou invisibles. Mais la meilleure façon d’affronter les sanctions est de rester ferme et de ne pas réaliser le projet politique auquel ils aspirent. Ils finiront par faire marche arrière, et les choses s’amélioreront. Si Dieu le veut, c’est ce qui se passera dans le futur ».
Sur le Liban, il a souligné qu’à aucun moment le Hezbollah ne s’est présenté comme une alternative à l’Etat libanais.
« La formation d’un gouvernement est la premiere étape pour trouver des solutions à la crise. La semaine prochaine devrait être décisive. Parce que les gens ne supportent plus », a-t-il déploré.
Nous ne comptons ni sur les grandes puissances ni sur les pays du Golfe
Interrogé sur le choix de se diriger vers l’Est, en allusion à la Chine, à la Russie et à l’Iran, et qui avait été proposé initialement par le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah pour aider le Liban à sortir de sa crise, il a dit : « lorsque nous proposons de nous orienter vers l’Est et de collaborer avec l’Iran, lorsque nous avons proposé d’importer de l’essence en livres libanaises ainsi que les produits alimentaires et les médicaments et d’entretenir des liens avec l’Iran, la Russie ou la Chine , nous voulons par là ouvrir de nouvelles portes. Mais ceci nécessite une volonté de la part de l’Etat. Bien entendu, si nous agissons seuls, ceci ouvrira une porte. Mais on a besoin de compléter ce travail de collaboration avec les autres forces politiques dans l’intérieur libanais ».
Interrogé sur les appréhensions israéliennes de l’aide iranienne au Liban, de crainte que cela ne favorise sa popularité, cheikh Qassem a répondu : « c’est notre dernier souci qu’Israël s’inquiète. C’est lui la catastrophe. Les Israéliens se mettent à miser sur la politique en Syrie et au Liban et sur ce qui pourrait se passer, parce qu’ils ont perdu la capacité de l’initiative. Nous aspirons à sauver notre peuple que cela plaise aux Israéliens ou pas. Nous ne comptons ni sur les grandes puissances, ni sur les pays du Golfe, ni sur personne. Toute aide conditionnée à une orientation politique est rejetée. »
Source: Médias