Un journal de Hong Kong affirme que la Chine aurait déployé un missile balistique intercontinental près de la frontière russe. Cette fuite de l’information serait délibérée et il s’agirait d’un signal politique fort envoyé par les Chinois à Washington, et non à Moscou.
Selon un journal de Hong Kong, l’une des trois brigades chinoises de missiles intercontinentaux Dongfeng-41 (DF-41) aurait été déployée dans la province du Heilongjiang, dans le nord-est de la Chine, à la frontière russe.
Cette publication, qui a attiré l’attention des médias mondiaux, a été commentée par l’expert militaire russe Vasily Kachine dans une interview à Sputnik.
M. Kachine a souligné que ce n’était pas la première fois qu’une information sur ce missile balistique apparaissait sur Internet.
« En décembre dernier, un certain nombre de sites Web et de forums militaire chinois ont publié des photos de la plateforme de lancement de ce missile balistique. Des témoins ont indiqué que l’installation se déplaçait sur une route publique vers la ville de Daqing, non loin de la frontière russe, dans la province de Heilongjiang », a déclaré M. Kachine.
L’expert a ajouté qu’en général, les médias chinois et hongkongais publiaient souvent des articles spéculant sur des sujets militaro-techniques.
Cette fois, cependant, cette information a été publiée par le journal gouvernemental chinois Global Times, qui a fait un commentaire assez belliciste, indiquant que le nouveau missile apporterait plus de respect à la Chine.
« Ainsi, nous voyons le processus habituel d’officialisation dans les médias chinois des informations sur une nouvelle technologie militaire importante », a souligné l’expert.
M. Kachine a estimé que d’une façon similaire Pékin avait déjà fourni des informations sur d’autres armes importantes, tels que le chasseur J-20.
Les autorités du pays voulaient, évidemment, que cette information ait un impact politique fort. Il semble qu’ils y ont réussi, a constaté l’expert, qui souligne le fait que la nouvelle soit venue juste après l’investiture de Donald Trump.
« Alors que le développement et la production du DF-41 a pris de nombreuses années, la Chine a fait publier des informations à ce sujet presque immédiatement après l’investiture du président américain Donald Trump, connu pour ses déclarations anti-chinoises », a remarqué Vasily Kachine.
« Ainsi, la Chine envoie un signal politique fort aux États-Unis », a-t-il ajouté.
Dans le même temps, l’expert militaire estime que le déploiement des ICBMs (des missiles balistiques intercontinentaux) dans la province du Heilongjiang ne présente pas une menace particulière pour la sécurité de la Russie, car depuis longtemps la plupart des villes russes peuvent être atteintes pas des missiles balistiques chinois de moyenne portée, qui sont plus nombreux, plus furtifs et plus précis.
« Évidemment, l’objectif principal d’une brigade présumée (de missiles DF-41) est la côte Est américaine. La nouvelle génération de missiles intercontinentaux chinois à MIRV (à têtes multiples et à guidage indépendant) exigera une réponse sérieuse de Washington », a conclu M. Kachine.
Le fait est que, selon le Global Times, la portée du missile Dongfeng-41, capable de transporter 10 à 12 ogives nucléaires, est de 14 000 km, ce qui permet effectivement à la Chine d’effectuer une frappe nucléaire n’importe où dans le monde.
En décembre dernier, la Chine a lancé un Dungfeng depuis une rampe ferroviaire mobile dans la partie occidentale du pays. L’essai s’est déroulé presque simultanément avec le séjour du secrétaire américain à la Défense Ashton Carter à bord du porte-avions John C. Stennis déployé en mer de Chine méridionale.
Source: Sputnik