Alors que la situation à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne reste tendue en raison de la présence de milliers de migrants qui se dirigent vers l’Union européenne, le ministère britannique de la Défense a annoncé le vendredi 12 novembre sa décision d’y envoyer « un petit groupe » de militaires pour fournir « un soutien technique » aux Polonais.
D’après le Guardian, il ne s’agit que d’une équipe d’environ 10 soldats, qui sont arrivés jeudi et devraient passer quelques jours dans le pays pour réparer ou renforcer la clôture.
Citées par le quotidien, des sources au sein de la Défense britannique soulignent que ces soldats n’ont pas d’autre mission et qu’il s’agit d’une mesure appropriée étant donné que « c’est la Biélorussie qui pousse les migrants vers la frontière ».
Toujours sur Twitter, le ministre polonais de la Défense Mariusz Blaszczak a exprimé sa reconnaissance à Londres tout en soulignant que les soldats des deux pays allaient coopérer pour renforcer la clôture à la frontière biélorusso-polonaise. « Ensemble, nous sommes plus forts », a-t-il ajouté.
Réaction de Moscou
La Russie n’a pas tardé à réagir à ce déploiement, d’autant plus que le 9 novembre le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a accusé Vladimir Poutine d’avoir orchestré la situation avec les migrants.
« C’est un exemple classique de provocation et d’escalade. Il est clair que ce dont la partie polonaise a besoin à la frontière, c’est d’un accès pour les ONG, la presse et les agents humanitaires. Comme le fait la Biélorussie. Seul cela peut arrêter l’expulsion forcée et honteuse de réfugiés par la Pologne et la Lituanie », a écrit sur Twitter l’adjoint à l’ambassadeur de la Fédération de Russie à l’Onu, Dmitry Polyansky.
Une crise humanitaire
En effet, des groupes de défense des droits de l’Homme ont critiqué la mesure, affirmant qu’au lieu de renforcer la frontière polonaise le Royaume-Uni devrait se concentrer sur la lutte contre la crise humanitaire actuelle.
« Envoyer des soldats britanniques pour ériger davantage de clôtures à la frontière plutôt que de répondre aux besoins des personnes qui meurent à ces frontières, c’est un mépris choquant pour la vie humaine et le droit des gens à chercher l’asile », a déclaré Steve Valdez-Symonds, directeur des droits des réfugiés et des droits des migrants d’Amnesty International, cité par le Guardian.
Le quotidien rappelle que Varsovie a refusé l’aide de l’agence européenne des gardes-frontières et des garde-côtes (Frontex).
« Une sorte de penchant masochiste »
Le 11 novembre au cours d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’Onu, la France, l’Estonie, l’Irlande, la Norvège, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont condamné, selon l’AFP, « l’instrumentalisation orchestrée d’êtres humains dont les vies et le bien-être ont été mis en danger à des fins politiques par la Biélorussie, avec le but de déstabiliser des pays voisins et les frontières externes de l’Union européenne, et de détourner l’attention de ses propres violations des droits humains ».
S’exprimant devant les journalistes en amont de la réunion, Dimitri Polyansky a dit penser que ses homologues européens avaient « une sorte de penchant masochiste, parce que soulever devant nous ce sujet, qui constitue une honte totale pour l’UE, serait très courageux ».
Interrogé sur une éventuelle aide apportée par la Russie, ou par la Biélorussie, aux migrants pour que ceux-ci atteignent la frontière polonaise, le diplomate russe a répondu par la négative. Il a ajouté qu’il n’était pas nécessaire que le Conseil se penche sur tous les problèmes.
Source: Avec Sputnik