Le Département de l’Information des forces de Sécurité intérieure a démantelé une quinzaine de réseaux travaillant séparément à la solde de l’ennemi israélien, dans plusieurs régions libanaises ainsi qu’en Syrie. Cette opération est la plus importante depuis 2009 date à laquelle des dizaines de réseaux avaient été découverts.
Le journal libanais al-Akhbar en a révélé les détails dans un article publié ce lundi 31 janvier.
Depuis 5 semaines, un officier spécialisé a signalé au commandement du département avoir trouvé une enseigne illustrant une action à dimension sécuritaire. Un suivi étroit du suspect a montré un lien évident avec l’ennemi israélien.
C’est alors que le Département de l’Information a lancé la plus grande opération de sécurité de son histoire contre l’espionnage israélien. En quatre semaines il a pu se saisir des dossiers liés à des dizaines de suspects. Ils sont impliqués, directement ou indirectement, avec ou sans connaissance préalable, dans l’approvisionnement de l’ennemi de données liées à ses cibles. Ces dernières ne se limitent pas à la résistance et ses centres, mais aussi aux forces de la résistance palestinienne présentes au Liban, en particulier le Hamas.
L’élargissement des investigations a révélé de nombreuses surprises, notamment :
Premièrement : le département de l’Information a découvert l’existence d’une pénétration ennemie à proximité de son propre commandement
L’enquête auprès du suspect a révélé que le but de l’infraction était de recueillir des données grâce à son poste dans le but de préciser l’identité des agents de la succursale et les rôles qu’ils jouent.
Deuxièmement, il a été constaté qu’il y avait une brèche chez le Hezbollah, via le recrutement d’un membre de la mobilisation dans le parti. Originaire d’une ville du sud du Liban, il avait participé à des missions en Syrie. Le suspect a été arrêté par l’appareil sécuritaire de la résistance et son interrogatoire a révélé qu’il avait été recruté par une organisation qui prétendait travailler pour les Nations unies en vue de réaliser des statistiques, des études et des sondages d’opinion.
Troisièmement, la découverte d’un suspect syrien à Damas. L’appareil de sécurité de la résistance a coordonné avec les services de sécurité syriens pour l’arrêter. Il a admis qu’il surveillait les quartiers généraux civils, militaires et commerciaux et fournissait des cartes routières et des bâtiments dans la capitale syrienne, sans connaître le but de la collecte de ces informations.
Quatrièmement, il a été constaté que l’ennemi israélien a réussi à infiltrer un certain nombre de travailleurs d’organisations non gouvernementales et d’associations et à les recruter pour collecter des données sur la situation politique et sociale, ainsi que des informations sur l’immobilier et les habitations dans la banlieue sud et dans la sud, en plus des informations classiques sur les centres du Hezbollah, ceux de l’armée, et des renseignements sur des individus au Hezbollah et des enquêtes sur les relations des personnes avec des individus et des responsables du parti.
Cinquièmement, l’enquête a permis de découvrir l’existence d’un travail ciblé sur les groupes du Hamas dans les camps palestiniens au Liban. Les opérateurs ont demandé de surveiller l’arrivée de Palestiniens de l’extérieur des camps et certains endroits qui pourraient servir à un usage militaire. L’enquête qui s’est concentrée sur le lien entre les suspects dans l’explosion du camp de réfugiés de Bourj al-Chamali le 11 décembre. Un homme en contact avec le Hamas a été arrêté.
Sixièmement, parmi les personnes arrêtées se trouvaient des ingénieurs en communication. L’un d’entre eux a été chargé de planifier la création de centres de communication à Beyrouth. Il y a aussi des jeunes hommes qui n’ont aucune expérience dans aucun domaine.
Durant l’opération de surveillance et d’enquête, le Département de l’Information a réussi à révéler le mécanisme de communication entre les suspects et leurs opérateurs et la méthode de remise des fonds aux recrues.
Dans les détails, la communication se faisait via des sites Web, des forums de discussion fermés, les réseaux sociaux, ou à travers des appels téléphoniques via des lignes téléphoniques libanaises. Il semblait que les services de sécurité de l’ennemi voulaient éviter de répéter l’erreur de « numéro de sécurité » qui était suivi dans le passé et qui a été découvert, lorsque les opérateurs avaient l’habitude de donner aux recrus un numéro étranger afin de l’utiliser pour communiquer avec eux.
Durant l’interrogatoire, certains recrus ont attribué leur collaboration avec l’ennemi au besoin d’argent en raison de la détérioration de la situation économique d’autant que parfois, l’opérateur demandait de simples informations à titre d’essai pour évaluer le sérieux avec lequel l’agent était prêt à coopérer.
Quant aux paiements financiers, ils étaient envoyés par l’intermédiaire de sociétés de transfert d’argent (Western Union, OMT). La source des fonds était des pays d’Amérique latine, d’Europe de l’Est, d’Afrique et d’Asie. Il s’est avéré que l’argent a été transféré en petites quantités pour ne pas attirer l’attention, car il est classé dans la catégorie des aides envoyées par les expatriés libanais à leurs familles. Certaines remises étaient également envoyées au nom des enfants des employeurs ou de leurs jeunes proches. Les enquêtes ont révélé qu’un certain nombre de détenus avaient reçu des transferts du montant compris entre 100 et 200 dollars seulement, en échange de renseignements sur les réseaux sociaux.
Le nombre de personnes interrogées au cours du mois dernier a dépassé les 35. Environ 20 d’entre elles ont été arrêtées par la Département de l’Information, auxquelles s’ajoutent un suspect détenu par le Service de sécurité de la Résistance et un autre en Syrie.
Ceux qui se ont été jugés coupables d’actes similaires, mais sans lien avec l’ennemi israélien, ont été libérés.
Les détenus étaient répartis entre les nationalités libanaise, palestinienne et syrienne. Parmi les Libanais, ils appartenaient à toutes les confessions : sunnites, chiites, druzes et chrétiens et travaillaient depuis la plupart des régions libanaises, de Bint Jbeil au sud à Tripoli au nord, en passant par Saida, Beyrouth, Mont Liban et Kesrouan.
Les enquêtes ont révélé qu’au moins 12 des détenus savaient qu’ils travaillaient pour l’ennemi israélien tandis que les autres pensaient qu’ils travaillaient pour des institutions internationales ou des organisations non gouvernementales.
Il a également été constaté que parmi les arrêtés figuraient ceux qui avaient réussi à tisser des relations étroites avec le « milieu de la résistance », ce qui leur avait facilité de circuler dans les régions du sud, de la Békaa à la banlieue sud de Beyrouth.
L’un d’eux, originaire de Tripoli a reconnu avoir volontairement voulu collaborer avec l’ennemi israélien parce qu’il déteste le Hezbollah.
Un autre, a souligné qu’il travaillait pour l’une des associations qui avaient fleuri lors du mouvement de contestation du 17 novembre au Liban et que son opérateur lui avait envoyé la somme de 300 dollars pour acheter des masques sur lesquels était écrit « Tous veut dire tous… et Nasrallah en fait partie ». Ce slogan brandi durant ce mouvement en novembre 2019 désignait tous les membres de la classe politique impliqués dans la corruption au Liban.
Trois des agents ont rapporté que leurs opérateurs leur ont demandé d’obtenir les relevés immobiliers dans divers quartiers pour en identifier les propriétaires. Ils leur ont aussi demandé de louer quelques appartements et de laisser leurs clés dans des endroits qu’ils leur ont précisés.
Source: Traduit à partir d'AlAkhbar