Mintpress News a publié une enquête sur l’utilisation par Israël du sexe et des allusions sexuelles comme outil de propagande destiné à blanchir ses crimes de guerre, par le biais de campagnes médiatiques et de comptes sur les réseaux sociaux qui représentent des femmes soldats de manière provocatrice.
L’article estime qu’il s’agit d’une stratégie officielle soutenue par le gouvernement israélien qui vise à détourner l’attention des scènes de massacres et de destruction commis à Gaza vers des images séduisantes. Elle cible de jeunes hommes par des contenus provocateurs associant les femmes soldats à l’identité militaire israélienne, et à la normalisation des crimes et des violations en associant l’image de l’armée à la puissance et à l’attrait sexuels.
Selon le site, un large éventail de ces comptes de l’armée israélienne sont diffusés sur les réseaux sociaux et comptent des centaines de milliers, voire des millions d’abonnés.
Son contenu mêle une hostilité explicite envers les musulmans à un déni indirect des atrocités israéliennes. Dans un commentaire, une soldate dit : « Nous allons capturer des musulmans », tandis que dans un autre message, elle demande à son jeune public : « Regardez-moi dans les yeux. Pensez-vous vraiment que je pourrais commettre des crimes de guerre ? »
Des nécrologies pornographiques
La publication de photos de femmes soldats israéliennes en tenue suggestive ne se limite pas aux réseaux sociaux, les médias grand public le font régulièrement, même pour annoncer leur décès.
Le Times of Israel a utilisé des illustrations suggestives dans la nécrologie d’une jeune fille, décédée alors qu’elle fuyait le festival de musique Supernova, en choisissant la photo de la jeune femme de 20 ans portant uniquement un soutien-gorge.
De même, la journaliste israélienne Mazlit Eraksinen a écrit l’éloge funèbre d’une autre jeune israélienne qui venait de terminer son service militaire dans l’armée israélienne lorsqu’elle a été tuée lors de l’attaque du 7 octobre par une photo si suggestive qu’elle a suscité de nombreuses critiques en ligne.
« Utiliser ses charmes pour attirer la sympathie est un niveau d’humilité inédit », a commenté un internaute, tandis qu’un autre a commenté : « C’est quoi cette nécrologie pornographique ? C’est quoi ce bordel ? »
Une stratégie de photos semi-pornographiques dictée par le gouvernement
L’idée de publier des photos sexy et de représenter explicitement les femmes soldats israéliennes comme une force sexuelle était une idée originale du gouvernement israélien lui-même, estime Mintpress.
En 2017, il a lancé une campagne de relations publiques pour améliorer l’image d’Israël aux États-Unis. Il a commencé à rechercher des partenaires américains pour diffuser des photos semi-pornographiques de ses soldats. Cela a donné lieu à une série de collaborations et de publications avec le magazine masculin Maxim, avec des titres tels que : « Découvrez les femmes soldats israéliennes sexy qui ont conquis Internet », « Découvrez le compte Instagram sexy de cette Israélienne devenue mannequin de maillots de bain », « Les filles sexy de l’armée israélienne »…
Expliquant les raisons de cette campagne, David Dorfman, conseiller média au consulat d’Israël aux États-Unis, a déclaré : « Les hommes de cet âge n’éprouvent aucun sentiment pour Israël, et nous considérons cela comme un problème. Nous avons donc eu une idée qui pourrait les séduire. »
Fréquenter les unités féminines
Une autre tentative d’améliorer l’image de Tsahal a consisté à inviter des célébrités américaines à fréquenter des unités féminines.
En 2017, l’humoriste Conan O’Brien s’est rendu en Israël et a filmé un extrait de son entraînement avec des femmes soldats de Tsahal.
Deux ans plus tard, l’actrice et chanteuse Hailee Steinfeld s’y est également rendue dans le cadre d’un voyage de relations publiques financé par l’État.
Des rencontres hormonales pour le problème démographique
Mintpresse révèle aussi que dans les voyages gratuits organisés par le gouvernement pour inciter les jeunes juifs de la diaspora à s’installer en Israël sont encouragées les relations sexuelles entre Juifs locaux et visiteurs.
Les organisateurs de ce programme facilitent ce qu’ils appellent des « rencontres hormonales » en employant de belles femmes soldats de l’armée israélienne qui accompagnent les groupes partout où ils se rendent, et qui comprennent parfaitement leur rôle. De nombreux groupes ne séjournent pas dans des hôtels, mais dans des tentes bédouines, un arrangement qui facilite les premières relations, selon un rapport.
Pour le gouvernement, les avantages de tout cela sont évidents. On estime que les adolescentes influençables qui perdent leur virginité en Israël sont plus susceptibles de développer un lien émotionnel plus profond avec l’État d’Israël. Les diplômés de Birthright s’installent en Israël en plus grand nombre que ceux qui n’ont pas bénéficié d’un voyage gratuit, et ils ont 160 % plus de chances d’épouser un partenaire juif. Cela contribue à atténuer le problème démographique du pays, à savoir construire un État juif supérieur dans une région où ils demeurent minoritaires. Pour atteindre cet objectif, le programme fait appel à des personnes « ouvertes » dont les services contribuent à la mission.
Entre ces rencontres émotionnelles, les visiteurs découvrent une histoire revisitée du pays, sont accompagnés vers des bâtiments et monuments clés, et ont souvent l’occasion de rencontrer le Premier ministre Netanyahu, qui a promis plus de 100 millions de dollars de financement public pour soutenir le projet.
« Les filles sont sous mes charmes »
Les soldats israéliens associent également vie militaire et sexualité à travers leurs profils : les photos de soldats servant à Gaza sont omniprésentes sur les applications de rencontre israéliennes. Selon une estimation, plus d’un tiers des profils présentent des hommes et des femmes portant des uniformes « militaires » israéliens.
Ces profils vont de visages souriants en uniforme militaire brandissant des armes à des soldats exhibant des biens palestiniens volés, se tenant devant des bâtiments bombardés, savourant la destruction de Gaza, et même des photos montrant des individus profanant ouvertement des mosquées.
Bien que ce phénomène ait choqué de nombreux observateurs internationaux, les soldats sont une denrée prisée sur le marché des rencontres israélien. Un soldat de réserve a déclaré au journal israélien Haaretz : « J’ai l’impression que les filles sont sous mon charme depuis que j’ai commencé mon service militaire. Après avoir publié des photos de moi en uniforme, elles semblaient plus attirées et intéressées par moi. J’ai l’impression qu’une photo en uniforme, c’est comme se tenir à côté d’une Ferrari, c’est devenu un symbole de statut social. »
Une campagne inefficace malgré un budget en hausse de 2000%
Conscient que le soutien occidental est essentiel à son projet colonial, le gouvernement israélien mène une vaste opération de relations publiques. Le budget du ministère des Affaires étrangères consacré aux relations publiques a augmenté de plus de 2 000 %, atteignant désormais 150 millions de dollars. Une partie de ce budget est consacrée à des campagnes ciblant les jeunes visant à sexualiser l’image de ses soldats.
L’efficacité de cette campagne est toutefois loin d’être évidente. Il est à noter que seulement 9 % des Américains de moins de 35 ans soutiennent les actions d’Israël à Gaza, contre 49 % des plus de 55 ans. Cette aversion pour Israël s’étend aux jeunes Juifs américains, dont la majorité considéraient Israël comme un État d’apartheid, même avant le 7 octobre 2023.
Cette grande disparité d’opinions s’explique en partie par les différences de consommation médiatique entre les générations. Les Américains d’un certain âge, qui dépendent encore des journaux et des informations télévisées, continuent de soutenir Israël. Les jeunes générations, exposées à une diversité de points de vue sur les réseaux sociaux, l’ont abandonné.
Comme l’a souligné Jonathan Greenblatt, PDG de la Ligue anti-diffamation (ADL), pro-israélienne, TikTok pose un sérieux problème. Ce qui a incité les législateurs américains à interdire la plateforme en mars dernier.
Source: Média