La magistrate et avocate Gladys Gutierrez, sous le coup des sanctions américaines visant les cadres du pouvoir vénézuélien, a été nommée présidente de la Cour suprême du Venezuela, a-t-elle annoncé mercredi.
« Nous assumons à nouveau cette responsabilité », a déclaré l’avocate pro-pouvoir de 60 ans qui a déjà présidé la Cour entre 2013 et 2017.
« Nous nous engageons à être très exigeants envers nous-mêmes afin d’honorer l’engagement et la confiance qui nous ont été accordés », a-t-elle ajouté dans un communiqué qui a été lu à la télévision publique.
Mme Gutierrez fait partie des personnalités sous le coup de sanctions des Etats-Unis qui s’ingèrent dans la vie politique de ce pays et veulentt imposer le chef de l’opposition, le pro américain Juan Guaido.
Ils accusent la juge d’avoir favorisé le pouvoir de Nicolas Maduro, élu en 2013 par des décisions de justice qui ont miné le pouvoir du Parlement contrôlé par l’opposition après sa victoire aux législatives de 2015.
Ses décisions avaient empêché l’Assemblée nationale d’examiner les nominations de dernière minute de juges faites par la majorité sortante pro-pouvoir, et avaient validé les pouvoirs spéciaux octroyés au président Maduro.
De tradition gauche chaviste, Maduro est la bete noire des Etats-Unis qui s’acharnent pour le destituer comme ils avaient fait avec son prédécesseur Hugo Chavez.
En plus de la juge, Washington a sanctionné en mai 2017 que sept autres juges, pour avoir « usurpé » des fonctions législatives.
Les sanctions comprennent le gel de tous les avoirs qu’elle pourrait posséder aux États-Unis, ainsi que l’interdiction pour les citoyens et institutions américains de faire des affaires avec elle.
Mardi, le Parlement, où le pouvoir dispose à nouveau de la majorité à l’issue des législatives de novembre 2020, a choisi les juges de la plus haute juridiction pour les douze prochaines années.
Les députés ont opéré une sélection qui a duré trois mois entre 400 candidats, selon l’Assemblée nationale, qui a réduit la Cour suprême de 32 à 20 membres. La Constitution stipule que les magistrats doivent être élus pour un mandat « unique » de douze ans, mais le président sortant Maikel Moreno et onze autres magistrats restent à la Cour.
Parmi les nouvelles nominations figurent l’ancienne directrice du Conseil national électoral (CNE) Tania D’Amelio, pro-pouvoir mais aussi des magistrats liés à l’opposition comme José Luis Rodriguez, Elias Bittar et le substitut Luis Emilio Rondon.
Ces annonces s’inscrivent dans le cadre d’une « révolution judiciaire » ordonnée par Nicolas Maduro en 2021, qui a impliqué des réformes de lois et règlements pénaux.
L’opposition estime qu’il s’agit d’un nouvel habillage d’un pouvoir judiciaire aux ordres de l’exécutif. Ces nominations « approfondissent la crise institutionnelle au Venezuela », a dénoncé le chef de l’opposition, Juan Guaido.
Source: Avec AFP