L’Arabie saoudite et la Syrie ont annoncé, le mardi 9 mai, le retour de leurs représentations diplomatiques l’une chez l’autre, après onze ans de rupture de Riyad.
La riche monarchie pétrolière du Golfe s’est récemment rapprochée de la Syrie ainsi que de l’Iran, grand soutien du président Bachar al-Assad.
« L’Arabie saoudite a décidé de reprendre les travaux de sa mission diplomatique en Syrie », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle SPA. Riyad cherche à « développer l’action arabe commune », a-t-il affirmé.
Peu après, Damas émettait une annonce parallèle : « La République arabe syrienne a décidé la reprise des activités de sa mission diplomatique en Arabie saoudite », a déclaré l’agence d’État syrienne SANA, citant une source du ministère des Affaires étrangères.
La décision de l’Arabie saoudite, cheffe de file des pays du Golfe et poids lourd régional, intervient deux jours après la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe, annoncée dimanche au Caire.
Damas avait été exclu de l’organisation panarabe en 2011 en raison de sa lutte contre les groupes terroristes locaux et étrangers soutenus par plusieurs pays occidentaux et arabes.
Réunis au Caire, les chefs de la diplomatie arabes ont voté à l’unanimité dimanche pour que la délégation syrienne « siège de nouveau à la Ligue arabe ». Le président Assad lui-même est désormais « le bienvenu s’il le veut » le 19 mai à Jeddah, en Arabie saoudite, pour le sommet annuel des chefs d’État de l’organisation, avait précisé son secrétaire général, Ahmed Aboul Gheit.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, a même effectué mi-avril une visite inédite à Damas où il a été reçu par Bachar al-Assad.
Dans ce contexte de réchauffement régional, la Turquie commence elle aussi à renouer avec le pouvoir syrien, les ministres des Affaires étrangères des deux pays devant se rencontrer mercredi en Russie, autre puissance très proche du président syrien.
Pour Washington, la Syrie « ne mérite pas d’être réadmise au sein de la Ligue arabe ». « Notre position est claire : nous n’avons pas l’intention de normaliser les relations avec M. Assad et son régime », a déclaré le secrétaire d’État Antony Blinken à la presse à Washington, rapporte l’AFP.
Même son de cloche pour Londres. Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, s’exprimant aux côtés d’Antony Blinken, s’est dit « très mal à l’aise » face à la décision de la Ligue arabe.
Outre l’Arabie saoudite, nombreux autres pays arabes ont fait des pas en direction de Damas, en particulier les Émirats arabes unis mais aussi l’Égypte, Oman ou encore la Tunisie.