La Turquie a mené jeudi des frappes de drones en Syrie contre des cibles militaires et des infrastructures dans des régions sous contrôle des Kurdes, tuant au moins neuf personnes, en représailles à un attentat à Ankara.
La plupart des frappes ont eu lieu dans la province de Hassaké, sous contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition dominée par les Kurdes et soutenue par les Etats-Unis.
Dimanche, deux policiers ont été blessés dans un attentat à Ankara, revendiqué par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, turc), en lutte armée contre les autorités turques depuis 1984.
La Turquie a affirmé que les auteurs de l’attaque avaient été formés en Syrie, pays voisin. Elle qualifie de « terroriste » la principale composante des FDS, les YPG (Unités de protection du peuple), qu’elle considère comme une extension du PKK.
« Sept ouvriers ont été tués dans les raids » turcs qui ont notamment visé deux briqueteries, a affirmé à l’AFP Farhad Chami, des FDS.
Selon lui, une série de raids ont visé des objectifs civils et militaires, dont un site pétrolier, un véhicule militaire et une motocyclette.
« Il y a une escalade claire depuis les menaces turques » contre les zones contrôlées par l’administration kurde autonome dans le nord-est de la Syrie, a-t-il ajouté.
Selon Orient net, le site web d’une télévision de l’opposition syrienne, 10 personnes ont été tuées dont 6 miliciens des FDS.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni, deux personnes ont été tuées dans le raid contre le véhicule.
En représailles à l’attentat de dimanche, la Turquie a mené des frappes contre des positions du PKK dans le nord de l’Irak, pays frontalier de la Syrie et de la Turquie.
« Dorénavant, toutes les infrastructures et les installations, notamment énergétiques, appartenant au PKK et aux YPG en Irak et en Syrie constituent des cibles légitimes pour nos forces de sécurité », a averti le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan.
« Je conseille aux parties tierces de se tenir à distance des lieux et des personnes affiliés au PKK et aux YPG », a-t-il ajouté.
Le chef des FDS, Mazloum Abdi, a démenti mercredi les accusations sur une éventuelle implication des forces kurdes syriennes dans l’attentat d’Ankara.
« La Turquie cherche des prétextes pour légitimer ses attaques en cours contre notre région et lancer une nouvelle agression militaire », a-t-il affirmé.
Dans le marché principal de la ville kurde de Qamichli, située dans la province de Hassaké, les commerçants ne cachent pas leur inquiétude, suivant avec angoisse les informations sur leurs téléphones portables.
« La situation empire chaque jour. La Turquie ne nous laisse pas souffler et nous vise chaque jour. Nous voulons juste que nos enfants vivent en paix », affirme Hassan al-Ahmad, un commerçant de 35 ans.
Dans un communiqué jeudi, l’administration autonome kurde a appelé « la communauté internationale, la coalition internationale » ainsi que la Russie à « prendre des positions capables de dissuader » la Turquie.
Les Etats-Unis, la Russie et la Turquie déploient des troupes dans des régions distinctes de Syrie.
Le département d’Etat a affirmé que les Etats-Unis étaient « inquiets face à l’escalade militaire dans le nord de la Syrie » et appelé « à la désescalade ».
La région contrôlée par l’administration autonome kurde est régulièrement visée par des attaques de drones turcs. Entre 2016 et 2019, la Turquie a effectué trois opérations d’envergure contre les forces kurdes.
Source: Avec AFP