Les opérations anti israéliennes de la Résistance islamique, bras militaire du Hezbollah visent ces derniers temps l’unité d’élite de l’armée d’occupation israéliennes Golani.
Le samedi 27 avril, elle a annoncé dans un communiqué avoir frappé le siège des forces du bataillon 51 de la brigade Golani dans la colonie al-Manara adjacente au secteur oriental de la frontière libanaise, dans le nord de la Palestine occupée.
Le texte précise que cette frappe est une riposte aux agressions israéliennes contre les villages et les maisons civiles libanais, surtout contre Kafarkela et Kafarchouba.
Les images de la vidéo diffusées par Media de guerre montrent que la résistance a utilisé dans sa frappe deux obus guidés incurvés de type al-Mas qui dépendent d’un guidage filaire télévisé. Cet obus vise sa cible via une attaque aérienne qui lui permet de contourner les défenses et les fortifications et de cibler les points faibles ennemis.
Des observateurs libanais ont constaté ces derniers temps, que les opérations spécifiques de la résistance prennent pour cible les zones de stationnement et les quartiers généraux de cette brigade et de ses affiliations, parfois loin des frontières, dans des zones invisibles, voire des sites récemment établis. Ce qui illustre que le Hezbollah effectue avec précision un travail de collecte de renseignements et d’information dans chaque nouveau stationnement.
Samedi, le Hezbollah avait revendiqué en plus de l’attaque d’al-Manara une autre opération dans le secteur oriental, et deux autres dans le secteur occidental. La dernière a eu lieu vers 23 :53 contre la colonie Meron et les colonies aux alentours, à l’aide de roquettes Katioucha. Les médias israéliens ont indiqué qu’un radar central a été frappé dans une base militaire , et des roquettes ont visé les colonies du mont Meron dont Safsoufa, Hagno, Kafar Hosh et Ber Yuhay.
Ce dimanche le Hezbollah n’a visé que quatre positions : al-Baghdadi ainsi que Rweisat al-Alam et al-Sammaqah, dans les collines libanaises occupées de Kfarchouba, dans le secteur oriental, et un batiment utilisé par les soldats israéliens dans la colonie de Shtoula.
Rabbin israélien : Du jamais vu en « Israël ».
Le rabbin israélien du commandement de la région nord frontalière avec le Liban, Abichai Levy, a déclaré ce dimanche que les fêtes de la Pâque juive ont été célébrées cette année dans des conditions inédites pour « Israël ».
« Depuis 1948, on n’a jamais passé comme ça les fêtes de Pâque . Tous sont mobilisés dans l’armée, les colonies sont devenues des bases », a-t-il assuré, indiquant que « les forces de réserve ont été multipliées ».
Et de poursuivre : « Au Hermon (Jabal al-Cheikh), les préparations des fêtes de Pâque ont été organisées sous les feux et la menace des roquettes ».
Selon lui, « il n’y a jamais eu une mobilisation aussi rapide et globale depuis la création d’Israël pas même pendant les fêtes du Kippour en 1973 ».
« Israël est dans une guerre défensive qui nécessite beaucoup de patience et beaucoup de pressions opérationnelles », a-t-il ajouté.
Et de conclure : « La difficulté n’est pas seulement physique mais surtout morale. Tu peux être dans une bataille défensive pendant des heures et tu sens que tu n’as rien fait. Les soldats surveillent les tranchées sous la pluie, dans le froid et dans la chaleur. Ce que nous n’avions jamais fait dans les décennies précédentes ».
Les médias israéliens ont évoqué une énième fois la colère des colons des colonies du nord notamment ceux qui n’ont pas été évacués.
L’un d’entre eux, Evin Tsor, qui habite dans le kibboutz Amir s’est plaint pour le site d’information Walla que « l’Etat nous oblige de rester et de vivre ici mais en même temps il nous interdit pour des raisons sécuritaires de mener notre vie courante ».
Cheikh Qassem : Gaza d’abord
Dans un discours prononcé samedi le numéro deux du Hezbollah cheikh Naïm Qassem a déclaré que « le soutien du Hezbollah à Gaza a invalidé les plans de guerre israéliens en Palestine et au Liban, actuels et futurs ».
Et d’assurer : « Celui qui ne voit pas l’avenir ne peut pas connaitre cet ennemi et ne pourra comprendre que cet appui aura des avantages et des bénéfices qui dépassent le soutien à Gaza voire même la protection du Liban. Jusqu’à la constitution d’une force de dissuasion réelle qui fait face à Israël, lequel sait qu’il ne peut dépasser certaines limites ».
En allusion sans doute à la visite ce dimanche du ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné au Liban pour proposer un plan en vue d’un arrêt des hostilités entre le sud du Liban et le nord de la Palestine occupée, il a affirmé que « toutes ces initiatives ne sont pas viables si elles ne sont pas basées sur un cessez-le-feu à Gaza ».
« C’est à partir de là-bas que vient le traitement de cette question », a-t-il insisté.
Et cheikh Qassem de poursuivre : « celui qui apporte une initiative avec pour titre un cessez-le-feu au sud voudrait réconforter Israël afin qu’il puisse faire davantage à Gaza. Cela signifie qu’il nous invite à participer au soutien de l’ennemi israélien ! ».
« Nous sommes avec Gaza et non avec Israël. Que cesse la guerre à Gaza d’abord avant qu’elle ne cesse au Liban », a-t-il souligné avant de conclure : « Les menaces selon lesquelles Israël va attaquer le Liban consolide notre conviction que notre confrontation est juste et affermit notre position. Nous allons voire à qui ces menaces seront utiles. Eux ou nous ».
Séjourné : Le scénario du pire
Pour la deuxième visite de Séjourné au Liban depuis sa prise de fonction en janvier, une source diplomatique française a expliqué pour l’AFP qu’il va poursuivre ses efforts visant à éviter que la situation ne s’envenime davantage constatant que le « le volume d’échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah a été multiplié par deux depuis les 13 et 14 avril ». Date de la frappe iranienne inédite contre « Israël » en riposte à l’attaque meurtrière israélienne contre le consulat d’Iran à Damas.
« Si je regarde la situation aujourd’hui, s’il n’y avait pas une guerre à Gaza, on pourrait parler d’une guerre au Sud-Liban compte tenu du nombre de frappes et de l’impact sur la région », a déclaré Stéphane Séjourné après avoir visité la force de maintien de la paix des Nations unies à Naqoura, au Liban-Sud. « Je vais faire passer des messages et faire des propositions aux autorités pour stabiliser cette zone et éviter une guerre », a-t-il ajouté.
Dans le discours prononcé au terme de sa tournée au Liban, le chef de la diplomatie française a dit : « La nuit du 13 au 14 avril était un tournant ». « Nous refusons le scénario du pire (…) Personne n’a intérêt à l ‘escalade y compris le Hezbollah » a-t-il encore insisté, précisant que le même message était adressé à Israël.
Avant sa visite, des médias libanais ont évoqué la possibilité que Séjourné ne veuille transmette un message israélien qui menace le Liban d’une guerre plus importante, au-delà des affrontements frontaliers en cours. Sous prétexte de faire appliquer la résolution onusienne 1701 qui stipule le déploiement de l’armée libanaise aux côtés des Casques bleus de la Finul et d’établir une zone entre la ligne bleue et le fleuve du Litani qui soit exempte d’hommes armés et d’équipements militaires autres que ceux des forces régulières.
Berri : Tous les articles de la 1701
L’Agence nationale de l’information a rapporté que le ministre français a rencontré ce dimanche le chef du parlement Nabih Berri. Ce dernier lui a montrée une carte réalisée par le Conseil national des recherches scientifiques dans laquelle sont exposées les pertes humaines et matérielles causées par les agressions israéliennes dans les villages, les localités ainsi que les terres agricoles et les surfaces buissonnières.
Berri a affirmé pour Séjourné qu’Israël utilise des armes interdites comme les munitions au phosphore blanc et a franchi les règles de confrontation.
Il a aussi dit à son interlocuteur français que « Le Liban est attaché à l’application de tous les articles de la résolution 1701 ».
Il faisait sans doute allusion à l’article qui interdit les violations israéliennes de l’espace aérien libanais. Ce qu’Israël n’a jamais respecté. Entre 2007 et 2022, l’entité sioniste a violé 22 mille fois l’espace aérien libanais, selon le site Air Pressure. Durant cette durée, le Liban a envoyé 243 messages au Conseil de sécurité pour dénoncer et faire cesser ces violations. En vain.
C’est dans ce sens que les officiels libanais expriment que le Liban est favorable à « la mise en œuvre globale et complète de résolution 1701 afin de parvenir à la stabilité souhaitée ».
Le chiffre le plus difficile.
Pendant les obsèques organisées dans la localité d’al-Khiam au sud du Liban, pour le combattant de la résistance « sur la voie d’al-Qods », Rafe’ Fayez Hassan, le député du Hezbollah Ali Fayyad a déclaré: » Notre résistance a avorté le projet du Grand Moyen-Orient que les Américains et Israéliens voulaient réaliser via la guerre 2006; et en 2024, notre résistance et ses alliés dans la region sont en train de faconner ce Nouveau Moyen-Orient . Les Temps ont changé, les données ont change, nous sommes devenus le chiffre le plus difficile ». Un terme qui désigne l’acteur incontournable dans la réalisation d’un projet.
Source: Divers