Kamal Kharazi, chef du Conseil stratégique pour les relations étrangères en Iran, a abordé dans une interview accordée à la télévision Al-Mayadeen les récents développements en Syrie et dans la région, au cours de laquelle il a évoqué la position de l’Iran sur la crise syrienne, son soutien à l’axe de la Résistance et l’impact des agressions israéliennes en cours sur l’équilibre des pouvoirs ainsi que d’autres questions internationales.
Développements en Syrie
Kharazi a déclaré : « Les trois pays d’Astana : l’Iran, la Russie et la Turquie cherchaient à résoudre la crise syrienne et le problème de l’opposition syrienne, et chaque pays avait ses propres objectifs. »
Il a poursuivi : « Notre objectif était de soutenir la Résistance, alors que la Turquie et la Russie avaient d’autres objectifs. Malgré le contrôle russe sur l’espace aérien syrien, la Russie n’a pas pris les mesures appropriées pour répondre aux agressions israéliennes continues contre la Syrie. »
Kharazi estime également que la raison la plus importante de la progression de l’opposition syrienne et de son contrôle sur les principales villes est « le manque de résistance de l’armée syrienne et des forces soutenant l’Iran, comme les forces fatimides, qui, seules, ne pouvaient pas gérer la bataille, alors elles se sont retirées et rentrées en Iran ».
Existe-t-il un plan ourdi contre Téhéran, via la Syrie ?
Le responsable iranien a affirmé que « ce qui s’est passé était un projet américano-israélien, et la preuve en est que les responsables américains se sont immédiatement rendus à Damas, ont rencontré les dirigeants de l’opposition et ont même annulé la récompense prévue pour l’arrestation d’Al-Jolani (Ahmad al-Charaa, nouveau dirigeant de la Syrie) ».
Il a souligné que « différentes factions et plusieurs pays ont joué un rôle dans ces événements, y compris la Turquie, qui a des différends géo-historiques qu’on avait œuvrés à les résoudre grâce aux efforts de médiation de l’Iran et de l’Égypte ».
Évaluation iranienne de la performance du nouveau gouvernement syrien et de l’avenir des relations
Kharazi a expliqué : « Notre principal objectif derrière notre soutien au régime d’Assad était de lutter contre les groupes takfiri qui représentaient une menace pour tout le monde dans la région. Ils constituaient non seulement une menace pour la sécurité de la Syrie, mais aussi pour la sécurité de l’Irak et également de l’Iran».
Et de souligner « nous avons apporté notre soutien au gouvernement syrien parce qu’il faisait partie de l’axe de la Résistance contre Israël, sinon il n’y a aucune similitude entre notre régime et celui de la Syrie ».
Concernant le comportement de l’Iran envers le nouveau régime syrien, le dirigeant iranien a affirmé: « Notre comportement et nos attitudes à leur égard dépendront de leur comportement et de leurs attitudes futurs à notre égard. Ce qui nous importe c’est la souveraineté de la Syrie et l’unité de ses territoires. Nous espérons que cela sera réalisé et que la jeunesse syrienne sera capable dans l’avenir de défendre le sol de son pays contre les agressions israéliennes ».
Les répercussions du changement de régime en Syrie sur l’axe de la Résistance
Kharazi a estimé que ce qui s’est passé en Syrie, qui a joué un rôle important dans l’axe de la Résistance, « fait partie d’une stratégie annoncée par Netanyahu en 1996 et présentée à nouveau au Congrès en 2002, selon laquelle renverser les gouvernements qui soutiennent les Palestiniens sera la solution au conflit palestinien. Cette stratégie a été soutenue par les États-Unis qui à l’époque d’Obama a appelé au départ d’Assad ».
Il a souligné que malgré cela, « la Résistance continue parce que ses racines sont ancrées dans le cœur des Palestiniens et qu’elle continuera d’exister aussi longtemps qu’il y aura des agressions et une occupation israéliennes. L’émergence d’organisations telles que le Hamas et le Jihad islamique et l’armement de la Cisjordanie, reflète la solidité de la résistance, devenue plus forte qu’elle ne l’a été depuis 1948. »
L’Iran évalue les possibilités de reprendre les négociations indirectes avec Washington après le retour de Trump
Kharazi a estimé que: « La politique de Trump n’est pas encore claire, mais nous sommes prêts à négocier et à résister aux pressions, et cela dépend de la politique qu’ils (les nouveaux dirigeants US) adopteront. Dans le passé, ils ont essayé la politique de pression maximale et ont largement échoué. Nous ne précipitons pas les choses et devons être patients pour voir ce qui va se passer. Cela dépend de leur politique, et sur cette base, nous déterminons nos mesures. »