La Cour suprême israélienne a commencé, ce mardi 8 avril, à examiner les recours contre le limogeage du chef de l’Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet), Ronen Bar, audience marquée par des altercations entre partisans et opposants du gouvernement qui ont conduit à l’expulsion du public de la salle.
Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a décidé le 21 mars de limoger Bar, en qui Netanyahu dit avoir perdu toute confiance.
Saisie de cinq recours dans les heures ayant suivi l’annonce du renvoi de Bar, la Cour avait ordonné la suspension de cette décision le jour même jusqu’à la tenue de l’audience de ce mardi.
Des protestations ont eu lieu à l’extérieur et à l’intérieur de la salle d’audience, des cris et des altercations ayant contraint les juges à suspendre l’audience au bout d’une demi-heure seulement.
« Aucune juridiction au monde ne fonctionne de la sorte », a déclaré le président de la Cour, Yitzhak Amit, en ordonnant la suspension de l’audience.
Il a demandé à la sécurité de faire évacuer la salle et les débats ont repris une heure plus tard sans public.
Le limogeage de Ronen Bar est contesté notamment par l’opposition, qui y voit le signe d’une dérive autocratique du pouvoir, et par la procureure générale, Gali Baharav-Miara, qui a jugé la décision du gouvernement « fondamentalement viciée » et « entachée d’un conflit d’intérêts du Premier ministre ».
L’audience a commencé avec l’exposé de la position du gouvernement, dont l’avocat Zion Amir, était toujours interrogé par les juges peu avant midi (09h00 GMT).
Doivent suivre les avocats des requérants, puis Mme Baharav-Miara, selon le programme de l’audience.
La Cour est chargée de statuer sur la légalité de cette révocation, et pourrait rendre sa décision d’ici à la fin de la semaine, selon des médias israéliens.
« Conflit d’intérêts »
« La décision de mettre fin au mandat du chef du Shin Bet est fondamentalement viciée, entachée d’un conflit d’intérêts personnel du Premier ministre en raison des enquêtes criminelles concernant ses proches, et conduira » à politiser la fonction, a indiqué Mme Baharav-Miara dans un communiqué publié vendredi en même temps que l’avis détaillé qu’elle a transmis à la Cour suprême.
Netanyahu prétend pour sa part que le gouvernement peut décider à sa guise de nommer et renvoyer le chef du Shin Bet, à qui il reproche aussi l’échec du Shin Bet qui n’a su empêcher l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 contre les colonies de l’enveloppe de Gaza.
Dans une lettre à la Cour suprême, Bar estime lui que les raisons de son licenciement sont plus liées au fait qu’il a tenu tête à Netanyahu plutôt qu’à ses compétences, et accuse le Premier ministre d’avoir cherché à l’utiliser pour retarder son propre procès en corruption.
Les décisions prises par le gouvernement Netanyahu en mars de renvoyer le chef du Shin Bet, d’engager une procédure de destitution contre la procureure générale et de reprendre la guerre contre Gaza après deux mois de trêve, ont relancé la contestation contre l’exécutif, accusé par l’opposition de dérive dictatoriale.