Un cabinet étranger de relations publiques controversé connu pour représenter des personnages peu recommandables a été payé des millions par le Pentagone pour créer de fausses vidéos de terroristes.
Le Pentagone a donné plus d’un demi-milliard de dollars à une entreprise de relation publique au Royaume Uni pour lancer un programme de propagande top secret en Irak, a pu révéler le Bureau of Investigative Journalism (BIJ).
Le travail de la société Bell Pottinger comprend de courts spots télévisés réalisés dans le style des réseaux d’information arabes et de fausses vidéos d’insurgés qui pourraient être utilisés pour suivre les gens qui les regardaient, selon un ancien employé.
L’équipe de l’agence a travaillé aux côtés des officiers militaires des États-Unis de haut rang à leur quartier général de Camp Victory à Bagdad.
Lord Tim Bell, l’ancien président de Bell Pottinger, a confirmé à Sunday Times qui a travaillé avec le Bureau (BIJ) sur cette histoire, que son entreprise avait travaillé sur une opération militaire « secrète » « couverte par divers documents de secret. »
Bell Pottinger faisait au Pentagone, à la CIA et au Conseil national de sécurité un rapport sur ses travaux en Irak, a-t-il dit.
Bell, l’un des acteurs de relations publiques ayant le meilleur palmarès de Grande-Bretagne, est crédité d’avoir perfectionné l’image d’acier de Margaret Thatcher et d’avoir aidé le parti conservateur à remporter trois élections.
Dans la première interview donnée par le réalisateur vidéo de Bell Pottinger, Martin Wells, au sujet de son travail pour l’armée américaine en Irak, a dit au Bureau (BIJ) que le temps qu’il a passé à Camp Victory avait été un « choc qui lui a ouvert les yeux et a changé sa vie ».
La production de l’entreprise a été signée par l’ancien général David Petraeus – alors commandant des forces de la coalition en Irak – et occasionnellement par la Maison Blanche, dit-il.
Le plus sensible programme décrit par Wells était la production de faux films de propagande d’Al-Qaïda. Il a dit au Bureau comment les vidéos avaient été faites. On lui a donné des instructions précises: « Nous avons besoin de faire tel style de vidéo et nous devons utiliser Al–Qaïda dans le film, » lui disait-on. «Nous avons besoin que la séquence dure 10 minutes, et elle doit être dans tel format de fichier, et nous voulons l’encoder de telle manière. »
Les Marines américains prendraient les CD pendant les patrouilles et les déposeraient dans le chaos d’une attaque ciblée. Wells déclare : « Quand ils font une descente dans une maison et la mettent à sac à la recherche de quelque chose de toutes les façons, ils venaient y déposer un étrange CD ».
Les CD sont conçus pour utiliser Real Player, une application populaire de streaming de médias qui se connecte à Internet pour fonctionner. Wells a expliqué comment l’équipe a intégré un code dans les CD qui est lié au compte Google Analytics, donnant la liste d’adresses IP où les CD sont lus.
Le compte de suivi avait une liste de diffusion très restreinte, selon Wells: les données parvenaient à lui, à un des responsables de l’équipe de direction de Bell Pottinger, et à l’un des commandants militaires américains.
Wells a expliqué leur valeur de renseignement. « Si l’un des CD est regardé au milieu de Bagdad … vous savez qu’il y a un truc là-bas, » dit-il. « Si 48 heures ou une semaine après un CD apparait dans une autre partie du monde, alors c’est le plus intéressant, et c’est ce qu’ils cherchent le plus, parce que cela leur donne une piste « .
Les CD ont circulé dans des endroits intéressants, se rappelle Wells, y compris l’Iran, la Syrie, et même en Amérique.
«Je devais imprimer pour la journée et, si quelque chose d’intéressant survenait, les remettre aux patrons et alors leur traitement commençait, » dit-il.
Le Pentagone a confirmé que Bell Pottinger avait travaillé pour eux comme contractant en Irak dans le cadre du Groupe de travail sur les opérations d’information (IOTF), produisant certains documents qui puisent ouvertement leurs sources aux forces de la coalition, et d’autres documents provenant d’autres sources. Ils ont insisté pour que tous les documents venant de l’IOTF soient « véridiques ».
Cependant, l’IOTF n’était pas la seule mission sur laquelle Bell Pottinger a travaillé. Wells dit que certains travaux de Bell Pottinger ont été réalisés avec le Joint Psychological Operations Task Force (JPOTF), ce qu’a confirmé un responsable américain de la défense.
A partir de Crofton Black & Abigail Fielding-Smith de The Bureau of Investigative Journalism
Traduction : Avic – Réseau International
Source: Sites