Personne ne croit le président américain quand il prétend ne pas être au courant au préalable de la frappe israélienne à Doha contre des dirigeants du Hamas.
Pour plusieurs raisons. Tout d’abord pour la nature de la relation fusionnelle entre les USA et Israël qui n’a plus besoin d’être prouvée. Dans tous les projets de conquête impérialistes américains de par le monde, les israéliens sont de mèche.
Cette relation fusionnelle est la plus éclatante dans la guerre génocidaire à Gaza et la réalisation de son objectif ultime, le grand Israël. Trump n’avait-il pas lui-même évoqué pendant son premier mandat qu’Israël est trop petit et a besoin d’être agrandi.
Pour des raisons logistiques aussi : il est inconcevable qu’Israël ait pu investir dix de ses avions de combat dans l’attaque, sans en informer leurs alliés américains, et sans que leurs radars plantés dans toute la région, notamment dans leur base d’al-Udeid au Qatar, n’aient pu les détecter dès leur décollage, sachant que certains ont été alimentés en carburant pendant leur vol.
Mentir sans être désavoué
Tout en permettant aux responsables de son administration de confier sous couvert d’anonymat aux agences (Axios et l’AFP), à peine l’attaque perpétrée, que les USA en étaient bel et bien informés, Trump ne trouve aucune difficulté à s’en démarquer, se sachant qu’il ne serait pas désavoué.
Il cherche surtout à cacher son implication directe. C’est à sa demande persistante que la réunion des dirigeants du Hamas avait été tenue à Doha, pour discuter d’une énième proposition de cessez-le-feu. Il l’avait faite via son envoyé Steve Witkoff, accompagnée d’une déclaration menaçante que c’est « le dernier avertissement » !
Négocier pour tuer
Ces derniers mois, les précédents où les Américains donnent de faux-semblants en entreprenant des négociations pendant la préparation d’attentats ou d’offensives ne manquent pas. Au Liban, lors de l’assassinat de l’ancien secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah et puis en Iran lors de l’élimination des dirigeants des Gardiens de la révolution en Iran.
De même, ni les antis aériens des Américains stationnés dans leur base et ailleurs n’ont réagi, ni ceux des Qataris qu’ils leur avaient vendus n’ont pu intercepter les missiles, lorsque tous les endroits susceptibles d’être les lieux de réunion des dirigeants du Hamas, dont leurs résidences, y compris celui de son actuel chef Khalil al-Hayya, et de son ex-chef le martyr Ismail Haniyyeh, ont été bombardés par les dix bombes larguées à quelques secondes d’intervalle.
Manifestement, en voulant garder sournoise son implication , Trump semble vouloir continuer à utiliser sa manœuvre malsaine : négocier pour tuer. Une nouveauté en soi.
Une complicité cachée par les mots de solidarité
Son implication ne saurait dissimuler celle des pays arabes dans cette attaque.
Pour atteindre le Qatar, les avions israéliens doivent survoler l’un des deux trajets possibles : celui de la Jordanie et de l’Arabie saoudite, ou celui de la Jordanie puis de l’Irak. Le premier, étant le plus court serait le plus plausible d’autant qu’ils l’utilisent pour frapper le Yémen. Ils sont passés sans être inquiétés. Ce qui n’a pas été le cas pour les missiles et les drones iraniens contre Israël !
Leurs radars les ayant surement captés, les déclarations de solidarité des dirigeants arabes avec le Qatar ne sauraient cacher leur complicité.
Croire ou faire semblant de croire
Avec le Qatar, Trump profère ses mensonges tout en étant persuadé qu’il sera cru sur parole, dans les apparences. Répétant, ainsi que ses hommes de main en boucle que cette frappe ne se répètera plus sur son sol, il se veut rassurer dans les apparences ce pays « allié » auquel il doit simuler un respect inexistant de sa souveraineté. Tout ce que Doha entreprend passe avant tout par un feu vert américain.
Dans sa première réaction après l’attaque israélienne, après avoir dénoncé « un acte de traitrise », le Premier ministre qatari s’est contenté de dire que les Américains ne l’ont pas mis au courant, sans nullement suspecter leur quelconque implication.
Qu’il le croit sincèrement ou feint le croire ne changera pas grand-chose au résultat : Doha ne sortira pas du giron américain et donc israélien.
Une déclaration de presse et non un communiqué officiel
Dans son intervention devant le Conseil de sécurité de l’ONU dans la nuit de jeudi à vendredi, le représentant qatari a certes violemment critiqué Israël, comme jamais auparavant, tout en fustigeant une atteinte aux efforts de son pays en faveur de la paix via les négociations infructueuses qu’il parrainait. Il s’est engagé à les poursuivre, malgré qu’elles aient été un piège, n’ayant à aucun moment neutralisé les velléités israéliennes d’éliminer les palestiniens, peuple et dirigeants.
Mais il n’a pas bronché lorsque le Conseil de sécurité s’est contenté d’une déclaration de presse et non d’un communiqué officiel, laquelle s’est aussi contentée de condamner l’attaque sans accuser son auteur, Israël.
Rédigée par le Royaume-Uni et la France, cette déclaration de presse n’aura aucune chance d’être inscrite dans les archives de l’organisation onusienne, a rapporté la chaine qatarie al-Jazeera, sans aucune condamnation. Elle s’est efforcée de mettre en exergue qu’elle a été approuvée par les 15 membres du CS. A leur tête les USA !
Sauver la face des uns et des autres
Alors que certains médias américains, arabes ou internationaux s’emploient pour corroborer les allégations de Trump qu’il n’était pas au courant, il semble que c’est le public arabe qu’on chercherait à tromper. En lui faisant croire que les Etats dans lesquels ils vivent sont souverains et que Washington ne s’aligne pas toujours aux décisions israéliennes.
Avec la guerre exterminatrice à Gaza réalisée grâce aux armes des USA et aux négociations trompeuses qu’ils mènent, ces allégations passent très difficilement. Régis par des dirigeants entièrement soumis au mensonges américains, les peuples arabes sont plus impuissants que jamais… Les mensonges américains leur permettraient-ils de sauver leur face et celle de leurs dirigeants ! Du moins, les dirigeants israéliens le croient profondément.
Attaquer, mais des mots défensifs
Serait-ce pour cette raison que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu insiste pour dire que l’attaque de Doha est une riposte à l’opération de Ramot dans le district de Jérusalem, après que le Hamas l’a revendiquée. Sachant que plusieurs responsables israéliens dont le chef d’état-major Eyal Zamir avaient déclaré ouvertement, depuis quelques semaines, vouloir éliminer les dirigeants du Hamas où qu’ils soient, au Qatar, en Turquie ou ailleurs. Des sources sécuritaires israéliennes avaient, elles aussi confié aux médias israéliens qu’elle avait été préparée plusieurs semaines auparavant.
Se montrer en posture défensive alors qu’il est dans une logique de conquête exterminatrice -une manipulation aussi vieille que l’implantation de l’entité sioniste, et de l’Occident impérialiste, ne saurait duper personne mais permet d’amadouer un public inquiet.
Le timing de l’attentat et le fait de la présenter comme une riposte à l’opération de Ramot accordent certes à Netanyahu une justification auprès des Israéliens, qui n’ont de craintes que pour la vie des captifs séquestrés chez le Hamas que la frappe compromet une fois de plus, sans aucune compassion pour le peuple palestinien dont il soutient l’extermination et l’usurpation de la totalité de sa patrie.
Il semble que Netanyahu ait bien réussi ce coup-ci. Une majorité d’Israéliens (55% selon Channel 12 contre 28%) et l’ensemble de la classe politique toutes tendances confondues ont soutenu sa frappe contre les dirigeants du Hamas à Doha. Bien qu’elle se soit soldée par un échec. Mais rien n’est sûr qu’ils le croient sur parole. Netanyahu est taxé par le public israélien comme l’un des dirigeants les plus mythomanes !
Incrédule mais totalement obnubilé, ce public s’attend au coup suivant.
La tête dans le sable …
Depuis quelques semaines, la campagne dans les médias israéliens fait rage contre la Turquie qui héberge certains dirigeants et cadres du Hamas. Mais les responsables turcs semblent refuser d’admettre qu’Israël oserait infliger à leur pays, membre de l’Otan, le même affront que celui du Qatar.
Malheureusement, ce sentiment de pouvoir être épargné a tragiquement prouvé son invalidité. Lui aussi s’est avéré être un piège ! Il risque d’être fatidique pour tous les peuples de la région. Ils en sont surement conscients mais préfèrent pour le moment enterrer la tête dans le sable.
Une équation incontournable est certes bien établie dans l’état actuel de l’équilibre des forces : plus ces peuples seront paralysés dans leur anémie endémique, moins la soif de férocité des Israéliens ne s’assouvira. Ces derniers sont déjà emportés dans leur projet de grand Israël.
Source: Divers



