Le ministre des Affaires étrangères, Youssef Raji, a de nouveau mis en garde contre une nouvelle escalade militaire israélienne contre le Liban, alors que l’ambassadeur d’Egypte assurait que le Liban avance dans la bonne direction.
Après avoir déclaré que l’État « intensifie ses efforts diplomatiques pour tenter de protéger le Liban et ses infrastructures contre toute attaque potentielle », Rajji a ajouté : « Nous avons reçu des avertissements de la part de pays arabes et de la communauté internationale selon lesquels Israël prépare une opération militaire de grande envergure contre le Liban. »
Dans un entretien accordé à la chaine qatarie Al Jazeera, Il a souligné que « les réunions en cours au sein du Comité du Mécanisme ne constituent pas des négociations traditionnelles avec Israël ». Il a précisé : « Nous souhaitons un retour à l’Accord d’armistice avec Israël, mais un traité de paix est encore loin d’être conclu. »
Selon lui « les armes du Hezbollah se sont révélées d’une efficacité limitée lors des opérations de soutien à Gaza et de défense du Liban », indiquant que « l’État est en dialogue avec le Hezbollah afin de le persuader de rendre ses armes, mais ce dernier a jusqu’à présent refusé. »
Il a également considéré le rôle de l’Iran au Liban et dans la région comme « négatif », et que « les politiques de Téhéran représentent une source d’instabilité », soulignant que « le Liban a un problème avec l’Iran, mais qu’il est ouvert au dialogue, à condition que l’Iran cesse de s’ingérer dans les affaires intérieures libanaises et de financer des organisations illégitimes dans le pays ».
Proche du parti des Forces libanaises, ex-branche armée du parti des Kataeb qui entretenait des liens avec l’entité sioniste, notamment pendant la guerre civile au Liban, Rajji est accusé par une partie de la classe politique libanaise de se plier aux diktats américains, principal allié de l’ennemi israélien du Liban.
« Dans la bonne direction »
Ses récentes déclarations qui mettent en garde contre une imminente attaque israélienne contre le Liban sont à l’opposé de celles de l’ambassadeur de l’Egypte au Liban.
« Les indicateurs montrent que nous avançons dans la bonne direction et que la période à venir sera marquée par des avancées significatives. C’est l’objectif que poursuit l’Égypte à travers ses contacts visant à réduire les tensions et à épargner au Liban le spectre d’une guerre.», a déclaré Ala’ Moussa suite à sa rencontre avec le président Joseph Aoun au palais de Baabda ce vendredi.
Il a ajouté : « L’État libanais a récemment pris des mesures positives, notamment la nomination de l’ambassadeur Simon Karam au Comité du Mécanisme. Cette initiative a été bien accueillie par les parties concernées et sera approfondie par la suite.»
Il a également souligné que la visite du Premier ministre égyptien Mostafa Madbouly à Beyrouth la semaine prochaine « vise à poursuivre les échanges de messages de soutien au Liban », exprimant l’espoir que ces efforts porteront leurs fruits.
Raids sur une dizaine de lieux
Depuis le cessez-le-feu conclu fin novembre 2024, et qui a mis fin à la guerre de soutien à Gaza lancée par le Hezbollah et aux 66 jours de guerre contre le Liban, les agressions israéliennes contre le pays du cèdre n’ont pas connu de répit.
Ce vendredi, le correspondant d’Al-Manar TV a rapporté que « des avions de combat israéliens ont mené une série de frappes aériennes sur les régions de Jabal al-Rayhan et d’Iqlim al-Touffah, au sud du Liban ». Il a également rapporté que « des avions ennemis ont ciblé Jarmaq, al-Rayhan, Brij-Jbaa, Ansar-Zrarieh, Tibna, et Wadi Houmine-Roumine, toujours au sud du Liban ainsi que la région de Hima, près de la localité de Zelaya, dans la vallée de la Bekaa occidentale ».
Selon l’Agence nationale d’information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de « violents », ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec la Palestine occupée.
Selon l’AFP, l’armée d’occupation israélienne a affirmé avoir visé des objectifs du Hezbollah dont un camp d’entrainement de la force d’élite al-Radwan, où des membres de la formation apprenaient « l’utilisation de différents types d’armes », devant servir dans « des attentats terroristes », terme utilisé par Israël pour désigner les opérations de résistance.
L’aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.
Réunion à Paris
En outre l’AFP a indiqué qu’une réunion consacrée au Liban est prévue la semaine prochaine à Paris en présence du commandant en chef de l’armée libanaise et de responsables américains au moment où Paris et Washington pressent Beyrouth d’accélérer le processus du désarmement du Hezbollah, selon quatre sources ayant connaissance du dossier.
« Rodolphe Haykal est attendu mercredi », a indiqué l’une de ces sources. L’émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus devrait également participer à cette réunion prévue à l’Elysée. Sa présence n’était toutefois « pas encore confirmée » vendredi, ont souligné les trois autres sources.
En outre, la présence d’un responsable saoudien à Paris la semaine prochaine « est envisagée », a également indiqué l’une de ces sources proches du dossier ayant toutes requis l’anonymat.
Cette réunion doit se dérouler en amont d’une autre réunion prévue à Beyrouth le 19 décembre du comité de surveillance du cessez-le-feu avec l’objectif de faire éloigner « le spectre d’une deuxième guerre » au Liban menée par Israël, selon les déclarations du président libanais Joseph Aoun. Ce comité baptisé « le mécanisme » comprend le Liban, Israël, les Etats-Unis, la France et l’ONU.
L’armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah dans le sud du Liban, conformément à l’accord de cessez-le-feu.
Pour accélérer le processus, Français et Américains souhaitent la mise en place d’un mécanisme permettant de contrôler le désarmement.
« Israël » a intensifié ces dernières semaines ses frappes contre les bastions du Hezbollah l’accusant de se réarmer.
Lundi et mardi, l’envoyé personnel du président français, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu à Beyrouth pour rencontrer les principaux responsables libanais dont Joseph Aoun et son premier ministre Nawaf Salam. « La priorité de son action, c’était le suivi et le renforcement du mécanisme de suivi du cessez-le-feu et la mise en œuvre du plan des Forces armées libanaises pour le désarmement du Hezbollah », a fait savoir jeudi Pascal Confavreux, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
La France, qui souhaite soutenir davantage les Forces armées libanaises, espère que l’Arabie Saoudite accueillera prochainement une conférence pour les épauler.
Source: Divers



