Des moments cruciaux attendent la province syrienne de Deraa, située aux confins avec la Jordanie, où une activité hors du commun de la part des Jordaniens et des Américains bat son plein.
Durant ces deux dernières semaines, surtout depuis l’attaque la semaine passée de Daesh contre le camp al-Rakbane, des forces américaines et jordaniennes s’impliquent plus ouvertement sur le sol syrien.
Pour la première fois, la semaine passée, une délégation de conseillers américains et britanniques ont été vus en une tournée dans l’entourage de la ville de Deraa, sur la ligne de démarcation occidentale, dans la ville Ankhel, et aussi dans la ville Bosra al-Cham, située à l’est de Deraa et au sud-ouest de la province de Souweïda. C’est-à-dire là où se trouve l’armée syrienne.
Selon des sources sécuritaires, « il est rare que les forces américaines et britanniques envoient leurs conseillers militaires dans ces zones dangereuses, sauf si elles sont contrôlées par les groupes qui collaborent avec eux. Sachant que le front al-Nosra dispose d’une présence importante dans toutes les régions visitées ».
De plus, les Jordaniens ont déployé des batteries d’artillerie, des troupes supplémentaires de gardes frontières, des caméras de surveillance et des appareils de radars. Leurs drones destinés à surveiller les mouvements au sol survolent sans arrêt la région.
Le rythme des exercices d’entrainement des milices syriennes s’était accéléré ces temps-ci. Sont concernées Jaïsh al-Achaer (l’armée des tribus), Fourkat Chabab al-Sunna (la brigade des jeunes sunnites) et Fourkat al-Haq (la brigade du Vrai) et d’autres milices combattants dans le cadre de la Jabhat al-Janoubiyyat (le front du sud).
Une nouvelle cellule d’opérations dirigée par des conseillers américains, britanniques et jordaniens a été installée dans la région Al-Mazirib. Elle devrait être commandée par le colonel pilote syrien déserteur Ibrahim al-Ghourani qui commande la brigade al-Haq, soutenue par Amman.
A l’origine, les Etats-Unis voulaient former une sorte d’Otan arabe dans laquelle Israël serait représenté, avec pour objectif de «combattre Daesh et de faire pression sur l’Iran ». Mais comme l’Arabie saoudite craint afficher ostensiblement son alliance militaire avec l’entité sioniste, l’administration américaine a reporté l’exécution de cette suggestion, ont révélé des sources diplomatiques arabes pour Al-Akhbar. De même, l’Egypte appréhende toujours d’introduire son armée dans le marécage syrien, surtout que la position égyptienne officielle à l’encontre de la Syrie et de son président Bachar al-Assad s’est toujours démarquée de celle des autres arabes.
Il est clair que l’ingérence américano-jordanienne ne s’arrêtera pas au triangle frontalier entre la Syrie, la Jordanie et l’Irak. Le plan concocté vise un contrôle qui commence par le passage al-Tanaf et devrait s’étendre dans deux directions : au nord en s’emparant de la zone frontalière avec l’Irak, jusqu’aux deux localités de Deir Ezzor, Boukamal et Mayadeen occupées par Daesh, et au sud, jusqu’à la frontière avec le Golan occupée, incluant entre autre le bassin de Yarmouk.
Justement, à l’heure actuelle, deux mouvements d’attroupement sont observés: l’un d’eux se situe tout au long de la frontière syro-jordanienne à proximité du camp de Rakbane, et semble être destiné à se diriger vers Boukamal , estiment des sources de l’opposition. Quant à l’autre mouvement de troupes qui s’est illustré par la présence de véhicules militaires américains, britanniques et jordaniens, il est remarqué dans la ville jordanienne al-Mafrak, située en face de la ville de Deraa, toujours au mains de forces syriennes gouvernementales.
Curieusement, en parallèle à ces mouvements, la milice wahhabite terroriste a étendu ces derniers temps sa présence dans des zones de la province de Deraa occupées par les rebelles, dont la région Al-Gidor , jusqu’à menacer la localité de Nawa, également rebelle. Ses récents mouvements au sol donnent l’impression qu’elle se prépare dans le bassin de Yarmouk à lancer un assaut pour prendre le passage frontalier Tal Chéhab, lequel se trouve à la frontière avec la Jordanie.
Décidément, le prétexte est prêt pour le lancement de l’assaut américano-jordanien.
Traduit par notre à partir du journa al-Akhbar