Les relations entre l’Égypte et l’Arabie saoudite se trouvent au plus mal et risquent de s’empirer.
Riyad reproche le plus au Caire ses dernières positions sur la Syrie et le Yémen lesquelles ne ressemblent pas aux siennes
Tandis que les dirigeants égyptiens en veulent à leurs homologues saoudiens leurs tentatives de marginalisation, leurs décisions prises à l’improviste sans leur accorder assez de temps pour la consultation comme il se doit entre alliés et leur dénigrement des conseils fournis à Riyad. »
La crise est d’autant plus grave que les médias de part et d’autre se sont emparés de l’affaire. Sans tarder, l’ambassadeur saoudien a plié bagages.
Elle avait atteint son comble lorsque les saoudiens ont décidé de suspendre l’approvisionnement en hydrocarbures des Egyptiens.
Parmi les solutions suggérées au président égyptien figure celle de recourir au pétrole iranien. Elle ne manque pas de taper sur la susceptibilité saoudienne à l’encontre de la République islamique, promue au rang du pire ennemi du royaume wahhabite.
Mais Abdel Fattah al-Sissi a jugé une telle suggestion beaucoup trop anticipée, surtout qu’Aramco a rectifié sa position en assurant que sa suspension se limiterait à un seul mois seulement.
Entretemps, le Caire a préféré s’approvisionner dans le marché mondial pour le montant d’un milliard de dollars, mais une crise des produits manufacturés n’est pas à exclure.
Selon une source diplomatique égyptienne, ce qui aggace le plus Riyad est que « l’entente de délimitation des frontières maritimes n’est pas entrée en vigueur ». Elle aurait du concéder aux saoudiens deux iles Tirane et Sanafir avant que le tollé n’éclate et le recours à l’arbitrage du Conseil d’Etat, plus haute magistrature égyptienne ne réclame son abrogation.
Toujours selon le diplomate égyptien, Riyad est aussi vexé « parce qu’il n’a pas obtenu du Caire le plein soutien à ses projets internationaux malgré l’appui économique qu’elle lui accorde ».
Lors de la dernière session ordinaire de l’Assemblée générale des nations Unies, le ministre égyptien a exprimé clairement le refus de son pays de réclamer le départ du président syrien Bachar al-Assad, estimant que ceci ressort du choix du peuple syrien.
Ce diplomate omet toutefois de signaler une autre raison derrière ce coup de froid entre ces deux puissances arabes : la conférence de Grozny a laquelle ont participé le chef d’al-Azhar cheikh Mohammad al-Tayyeb et d’autres éminents religieux égyptiens pour répudier le wahhabisme en dehors du sunnisme.
Il est vrai que le wahhabisme qui prône une lecture très rigoriste de l’Islam jusqu’à répudier la plupart de ses écoles et prôner leur extermination, se répand dans le monde islamique aux dépens des écoles sunnites enseignées dans la prestigieuse université religieuse d’Al-Azhar.
De surcroit, usant généreusement de sa politique du chéquier, l’Arabie a pu rallier sous sa coupe une grande partie des pays arabes et islamiques et veut s’ériger en tant que leader du monde arabo-islamique.
Ces velléités hégémoniques saoudiennes n’ont pas manqué d’agacer certains de ces pays.
Au moment où l’ambassadeur saoudien au Caire se prépare à la quitter, ils se trouvent que deux autres pays arabes ont connu le même comportement saoudien: Le Liban et l’Irak . Tous deux ont violemment critiqué les ingérences de Riyad dans leurs affaires internes.
Avec l’Egypte, la contestation arabe contre l’Arabie devait peser bien lourd.
Sources: Al-Akhbar, al-Manar.