L’implication des Etats-Unis dans le sud syrien, via des conseillés a compliqué la donne, sans toutefois changer l’équilibre des forces. Surtout, après les derniers succès réalisés par l’armée syrienne et ses alliés en conquérant les zones situées au nord est de la base où ils sont déployés, dans la base Al-Tanf, jusqu’aux frontières avec l’Irak.
Dans les apparences, les Américains semblent s’être résignés à l’état actuel des choses, dont entre autre la présence de l’armée syrienne et de ses alliés à la frontière avec l’Irak. Mais cette situation n’est pas sans inquiéter les Syriens, qui appréhendent des sauts d’humeur des Américains et le bombardement de nouvelle cibles ou aéroports, d’autant qu’ils sont en perte de vitesse.
Selon Al-Akhbar, dans le désert oriental de la province de Souweïda, du Quneitra et de Deraa, il y a un véritable tiraillement politique et sur le terrain, lequel devrait dessiner l’avenir du règlement politique. En même temps, l’éventualité que les Russes déploient leurs forces dans le sud et dans le Golan n’est pas à exclure. Il servirait à parrainer le règlement politique tout en soulevant la question de l’occupation israélienne du Golan syrien par Israël.
Echec des parrains du terrorisme
Une source sécuritaire syrienne a décrit pour al-Akhbar la situation dans le sud syrien dans les termes suivants : c’est « l’étape de réduction des quotas et de renversement du projet de partition ».
Selon lui, la résistance de l’armée syrienne et son environnement populaire dans les régions occupées par les groupes armés ont empêché ces derniers d’élargir leur emprise et ont contraint les Etats qui parrainent le terrorisme à se retirer quelques pas en arrière et à chercher d’autres issues pour rétablir le contact avec l’Etat syrien ».
D’après al-Akhbar, les pays ennemis de la Syrie ont échoué dans leurs tentatives d’unifier les factions armées dans le cadre d’un seul projet. la diversité des sources de financement entre le Qatar, l’Arabie saoudite et la cellule MOQ, ensuite l’entrée en action du Pentagone et la CIA sans oublier le rôle israélien et l’élargissement de la zone d’influence du front al-Nosra ont réduit les possibilités de l’établissement d’un projet unifié pour les groupes rebelles.
Chaque fois que les cellules d’opérations rassemblaient les groupes armés pour combattre l’armée syrienne, ils ne tardaient pas, une fois l’intensité des combats baissait, à s’entretuer entre eux, soit pour le contrôle des zones conquises et la répartition des butins de guerre, soit pour s’accuser de trahison en se lançant la responsabilité des échecs encaissés.
Une cinquantaine de milices ont ainsi échoué de donner l’exemple afin de succéder au rôle du front al-Nosra dans le sud ou à celui de Daech qui occupe le bassin de Yarmouk, par le biais de la milice intitulée Jaïsh Khaled Ben Al-Walid.
La Jordanie se rétracte
La Jordanie a finalement coupé le financement des miliciens du sud et s’est cantonnée à soutenir celles qui œuvrent directement sous son parrainage, d’autant que les milices avaient battu en retraite face à l’avancée de l’armée syrienne dans le désert, malgré le couverture aérienne américaine qui a bombardé à trois reprises les forces gouvernementales.
De même, la Jordanie a échoué dans ses tentatives d’amadouer les tribus bédouines qui vivent dans la badia orientale de Souweïda, en raison entre autre de l’importance de la relation qui les relient à l’Etat syrien.
C’est ce qui explique peut-être le fait qu’Amman a baissé de ton après avoir menacé d’intervenir en personne dans le sud syrien et dans le bassin de Yarmouk, sous prétexte de contrer l’avancée de l’Iran et du Hezbollah dans cette région.
Désormais, et via une médiation russe, Amman s’est mise à exprimer sa volonté pour le retour de l’armée syrienne au passage frontalier de Nassib, et pour rétablir l’artère économique terrestre si cher pour elle. Des rencontres régulières ont lieu entre des délégations russes, jordaniennes et certaines factions soutenues par Amman depuis quelques semaines. Mais l’intervention jordano-américaine dépend essentiellement de la volonté politique de l’administration américaine, tiraillée par des désaccords sur l’attitude à adopter avec l’armée syrienne et les craintes d’un embourbement dans le sud pour réaliser une zone d’influence jordano-américaine.
En même temps, il est également question de désaccords entre Amman et Riyad.
Le front al-Nosra en perte de vitesse
Sur le terrain, le front al-Nosra semble aussi dans l’impasse. Il mène depuis trois mois un combat sans arrêt contre l’armée syrienne dans le quartier al-Manchiyyeh dans la ville de Deraa, sans réaliser aucune avancée.
Depuis quelques jours, il a lancé une bataille pour prendre le contrôle de la ville al-Baath, puis celle de Khan Arnaba dans la province de Quneitra. Ces deux villes sont les plus densément peuplées a proximité du Golan occupé.
Selon diverses sources, les pertes que le Nosra a essuyées dans ces batailles ont profondément altéré ses capacités à lancer de nouvelles batailles dans l’avenir. D’autant qu’il combat aussi contre Daech en même temps.
La branche d’Al-Qaïda en Syrie avait expérimenté une situation d’usure similaire dans la province nord de Hama, depuis deux mois, alors que les autres factions étaient restées à l’écart.
« Les factions soutenues par la Jordanie se sont impliquées dans la bataille pour que le Nosra ne cueille pas les fruits de succès éventuels, mais c’est le Nosra qui désormais assume à lui seul les séquelles des défaites encaissées. Ce qui est l’indice que l‘ordre de liquidation du Nosra est entré en vigueur, comme c’est le cas dans les autres régions », explique une source sécuritaires concernée.
En outre, l’influence du Qatar sur le Nosra ne peut être occultée, d’autant que l’émirat est assiégé par les pays du Golfe et voudrait à tout prix disposer d’une certaine influence sur les factions sur le terrain.
Autre donnée intéressante concernant le sud syrien est sans doute l’aptitude israélienne à afficher davantage ses liens avec les groupes armés de Quneitra ou avec des personnalités de l’opposition syrienne. Cet effort accompagne celui, déployé de plus en plus ostensiblement sur la coopération israélo-saoudienne sous prétexte d’affronter l’Iran.
6 ans après le début de la guerre en Syrie, seul l’Etat syrien et ses alliés semblent détenir une stratégie claire destinée à rétablir son contrôle dans le sud syrien en entier. Tout en affichant son aptitude à un règlement politique, la condition sine qua none de Damas pour qu’il puisse passer est que le sud syrien reste dans le cadre de la gestion de l’Etat syrien. Selon la soure sécuritaire syrienne, en deca de cette exigence, Damas n’est pas prête à discuter.
Traduit en résumé par notre rédaction du journal al-Akhbar