Le 4 novembre dernier, l’armée saoudienne avait affirmé avoir intercepté un missile balistique tiré depuis le Yémen. Mais d’après des experts californiens, il n’en serait rien et l’ogive aurait manqué d’un cheveu l’aéroport international de Ryad.
L’histoire officielle est la suivante : le 4 novembre 2017, les rebelles houthis tirent depuis le Yémen un missile balistique. Et, grâce au système de défense anti-missiles Patriot acheté au géant de l’armement américain Raytheon, l’armée saoudienne a pu intercepter l’engin en plein vol.
Mais, d’après le New York Times daté du 5 décembre, analyses de vidéos à l’appui, le missile balistique a continué sa course pour s’écraser tout près de l’aéroport international de Ryad. «L’ogive a explosé tellement près du terminal réservé aux vols intérieurs que les voyageurs ont bondi sur leurs sièges», rapporte le quotidien américain, s’appuyant sur les conclusions des experts du Middlebury Institute of International Studies à Monterey en Californie. Un étage de propulsion du missile aurait quant à lui atterri quelque part dans le centre-ville de Ryad.
Pour arriver à leurs conclusions, les chercheurs du Middlebury Institute mettent en avant les nombreuses vidéos tournées par des témoins avec leurs téléphones et mises en ligne sur les réseaux sociaux. Une vidéo, reprise sur le site du New York Times, montre des débris du lanceur – mais pas de l’ogive – qui ont atterri sur un parking près d’une école en plein centre-ville de Ryad. Un autre fragment de missile a notamment été retrouvé sur une des avenues de la ville.
Ça devrait nous inquiéter terriblement
Selon les experts cités par le New York Times, l’armée saoudienne a lancé cinq intercepteurs anti-missile Patriot, lesquels ont échoué à détruire la partie contenant la charge. Ce qui laisse deux possibilités : soit le système Patriot n’a touché qu’une partie du missile, soit il a complètement manqué sa cible.
«Soit les gouvernements mentent quant à l’efficacité de ces systèmes, soit ils sont mal informés», a commenté l’un des chercheurs Jeffrey Lewis. «Ça devrait tous nous inquiéter terriblement», a-t-il ajouté alors que le système Patriot est déployé depuis 1984 dans plusieurs pays de l’OTAN ainsi qu’en Asie, notamment en Corée du Sud.
Les autorités saoudiennes s’étaient pourtant ouvertement félicitées de l’interception du missile yéménite. Donald Trump avait salué la performance supposée du système Patriot. «Personne ne produit ce que nous produisons et maintenant nous le vendons partout dans le monde», avait alors déclaré le président américain, soucieux de la réputation des armements produits par le complexe militaro-industriel américain.
En mai 2017, à l’occasion du premier déplacement de Donald Trump en Arabie saoudite, la Maison Blanche avait annoncé une vente d’armes au royaume saoudien pour le montant colossal de 350 milliards de dollars sur 10 ans, une manne pour l’industrie militaire américaine.
Le 30 novembre dernier, Ryad affirmait avoir intercepté un autre missile en provenance du Yémen. Les rebelles houthis qui font face à une coalition de pays arabes emmenée par l’Arabie saoudite ont de leur côté affirmé avoir touché leur cible.
Source: RT