Le fameux blogueur saoudien, Moujtahed, a posté lundi sur son compte twitter plusieurs tweets sur les combats opposants les forces soutenues par Ryad à celles appuyées par Abou Dhabi, dans la ville portuaire d’Aden (sud du Yémen), rapporte la chaine libanaise AlMayadeen.
Il a expliqué que: « le prince héritier émirati, Mohammad ben Zayed, œuvre pour la séparation du sud du Yémen. Il a dans ce contexte formé et entrainé des groupes armés originaires du sud afin de mettre en œuvre son plan ».
Et d’assurer : « Le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salman, est au courant de tout cela ».
Pour Moujtahed, « il n’y a pas de différend entre ben Salmane et ben Zayed sur la situation au sud ». Il a qualifié « de mensongères les informations faisant état d’une bataille saoudo-émiratie par procuration à Aden ».
Il a dans ce contexte expliqué qu’ « au début de sa guerre contre le Yémen, ben Salmane n’était pas en faveur de la séparation du sud du Yémen, vu qu’il croyait que sa durée ne dépassera pas les deux semaines pour vaincre les Houthis. Or, il a changé de position après avoir subi un échec cuisant. Ben Zayed l’a convaincu de concentrer ses efforts sur le nord et de lui laisser le sud ».
Et de poursuivre: « la proposition de ben Zayed est vouée à l’échec en raison de plusieurs obstacles. Le premier obstacle est l’attachement des forces légitimes (du président démissionnaire Abed Rabbo Mansour Hadi) à l’unité du Yémen et leur refus de se plier aux demandes saoudiennes de se retirer de leurs positions du sud ».
« Deuxièmement, si les forces pro-émiraties prennent le contrôle d’Aden, qu’est ce qui restera pour les forces légitimes (pro-Hadi) », s’interroge Moujtahed, avant de rappeler que « la raison principale de la guerre saoudienne contre le Yémen a été l’éradication de ceux qui se sont révoltés contre les forces légitimes. Est-ce logique de permettre aux forces pro-émiraties faisant partie de la coalition de mener elles-mêmes un coup d’état contre les forces légitimes ? ».
« Ben Salmane se trouve dans une impasse très critique et toutes les options sur la tables sont capables de détruire son projet pour le Yémen », a conclu le blogueur saoudien Moujtahed.
Les séparatistes pro-émiratis prennent le dessus dans les combats à Aden
Sur le terrain, les combats entre les miliciens des deux alliés ne connaissent pas de répit.
Les combattants séparatistes (pro-émiratis) du sud du Yémen encerclaient mardi le palais présidentiel à Aden, deuxième ville du pays, après trois jours de combats meurtriers contre les forces du président démissionnaire Abed Rabbo Mansour Hadi (pro-saoudien) qui ont perdu la plupart de leurs positions clés.
Hadi est lui-même réfugié en Arabie saoudite, mais son premier ministre Ahmed ben Dagher et des membres du gouvernement démissionnaire résidaient ces derniers jours au palais présidentiel d’Aden.
La crise qui a éclaté dimanche entre les séparatistes et le gouvernement de Hadi, soutenu par l’Arabie saoudite, a donné une nouvelle dimension à la guerre saoudo-US menée contre ce pays depuis trois ans dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.
« Les séparatistes ont encerclé le palais et contrôlent maintenant l’entrée principale », a indiqué à l’AFP un officier de l’armée yéménite (pro-Hadi), ajoutant: « Ceux qui sont à l’intérieur sont de fait assignés à résidence à ce stade ».
De son côté, le brigadier Saleh al-Sayyed, qui dirige des troupes combattant depuis dimanche avec les séparatistes pro-émiratis, a annoncé que ses unités avaient pris le contrôle de la 4e Brigade qui inclut la garde présidentielle à Aden.
36 morts en deux jours
« Les affrontements ont fait 36 morts et 185 blessés en deux jours », a indiqué en soirée le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur son compte Twitter. Un précédent bilan de sources sécuritaires avait fait état de 24 morts, civils et combattants.
Les combats aux chars et à l’artillerie qui ont éclaté dimanche entre les séparatistes, partisans de l’indépendance du Yémen du Sud, et le gouvernement démissionnaire du président Abd Rabbo Mansour Hadi, viennent compliquer davantage la situation au Yémen.
Lundi soir, les combats se sont intensifiés, selon des sources de sécurité. Les forces séparatistes n’étaient plus qu’à un kilomètre du palais présidentiel dans le quartier Krater et elles auraient pris deux camps militaires au nord de l’aéroport.
La coalition militaire arabe sous commandement saoudien, qui intervient au Yémen depuis 2015 sous prétexte de soutenir le gouvernement démissionnaire de Hadi, a appelé à un cessez-le-feu immédiat.
« La coalition renouvelle son appel à toutes les parties pour un cessez-le-feu immédiat et la levée de toute forme de combats », a-t-elle indiqué dans un communiqué cité par l’agence de presse saoudienne SPA.
Regrettant que les belligérants n’aient pas répondu à ses précédents appels au calme, la coalition affirme qu’elle prendra « toutes les mesures nécessaires pour restaurer la sécurité et la stabilité à Aden ».
Aden paralysée
Selon des sources sécuritaires, les séparatistes faisaient venir des renforts supplémentaires depuis les provinces d’Abyane (sud) et de Marib (centre).
Dans la province d’Abyane, ces forces se sont heurtées à des unités gouvernementales, mais elles ont réussi à poursuivre leur progression, ont précisé ces sources.
Au milieu des tirs de chars de combat et de pièces d’artillerie lourde, Aden était totalement paralysée. Les rues étaient désertes dans de nombreux quartiers, selon un vidéaste de l’AFP qui a confirmé l’utilisation de chars de combat par les belligérants. Ecoles et magasins sont pour la plupart restés fermés.
L’ONU a déclaré dans un communiqué que l’aéroport et le port d’Aden étaient fermés « jusqu’à nouvel ordre ».
Source: Médias