Le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué mardi « l’approche erronée » du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov après qu’il eut préconisé le transfert au gouvernement syrien du contrôle de l’enclave kurde d’Afrine prise par les forces turques en mars.
« C’est une approche vraiment erronée. Nous savons très bien à qui nous devons rendre Afrine. D’abord, il faut discuter de rendre (…) les endroits en Syrie qui sont entre les mains, sous le contrôle, d’autres pays », a déclaré M. Erdogan, cité par l’agence de presse étatique Anadolu.
« Nous rendrons Afrine directement aux habitants d’Afrine lorsque le moment sera venu. Mais le timing nous appartient. C’est nous qui le déterminerons, pas M. Lavrov », a-t-il ajouté.
Ces propos représentent une rare critique de la Turquie envers la Russie, alors que ces deux pays, qui soutiennent des camps opposés en Syrie, ont renforcé depuis plus d’un an leur coopération sur ce dossier et dans d’autres domaines, notamment l’énergie.
Alors que Moscou soutient le gouvernement syrien, Ankara soutient les groupes terroristes. Pendant les premières années de la crise, sa frontière avec la Syrie a laissé passer des milliers de miliciens djihadistes takfiristes venus de plus de 80 pays. La milice wahhabite takfiriste Daech en faisait partie.
Lundi, M. Lavrov avait estimé que « la manière la plus simple de normaliser la situation à Afrine », était d’en remettre le contrôle au pouvoir syrien.
L’armée turque et ses supplétifs syriens ont pris le 18 mars le contrôle d’Afrine après en avoir délogé la milice kurde des Unités de Protection du Peuple (YPG), soutenue par Washington dans la lutte contre Daech.
L’offensive turque à Afrine avait été menée avec l’accord tacite de Moscou qui contrôle l’espace aérien dans le nord de la Syrie et qui en avait retiré peu avant son lancement des soldats russes qui y étaient déployées.
Lors d’un sommet axé sur la Syrie entre les dirigeants turc, russe et iranien organisé le 4 avril à Ankara, le président iranien, dont le pays soutient également le pouvoir syrien avait lui aussi appelé au transfert d’Afrine « au contrôle de l’armée syrienne ».
Source: Avec AFP