John Bolton est un homme sans foi ni loi :
Au début de 2002, un an avant l’invasion de l’Irak, l’administration Bush a exercé une pression intense sur [José] Bustani pour qu’il démissionne de son poste de directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.
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Bolton – alors sous-secrétaire d’État au contrôle des armes et aux affaires de sécurité internationale – est allé en personne au siège de l’OIAC à La Haye pour mettre en garde le chef de l’organisation. Et, selon Bustani, Bolton n’a pas mâché ses mots. Il a dit : ’Cheney veut que vous partiez’, en faisant référence au vice-président des États-Unis de l’époque. ’Nous ne pouvons pas accepter votre style de gestion.’
Bolton a ajouté, toujours selon Bustani : ’Vous avez 24 heures pour quitter l’organisation, et si vous ne vous conformez pas à la décision de Washington, nous avons des moyens de vous le faire payer.’
Puis après un silence :
’Nous savons où vivent vos enfants. Vous avez deux fils à New York.’
José Bustani avait obtenu que les inspecteurs de l’OIAC retournent en Irak. Ils n’auraient rien trouvé. Cela aurait contredit la campagne de propagande américaine pour déclencher la guerre contre l’Irak. Comme Bustani ne voulait pas partir, les États-Unis ont menacé de réduire le budget de l’OIAC et ont ’convaincu’ d’autres pays membres du conseil exécutif de s’en débarrasser.
John Bolton a été également à l’origine d’une campagne contre l’AIEA et son chef Mohamed ElBaradei. Le téléphone d’ElBaradei a été mis sur écoute et des rumeurs ont été lancées contre lui pour le contraindre à quitter ses fonctions.
L’administration américaine, les néoconservateurs et les médias font un remake (je recommande ce lien) de la campagne de propagande qu’ils avaient menée en faveur de la guerre contre l’Irak. Cette fois-ci, la cible est l’Iran :
Comme pour l’Irak, il est plus facile pour Bolton et Netanyahu d’atteindre leur objectif en discréditant le système actuel d’inspections internationales. Bolton a qualifié les méthodes d’inspection mises en place par l’accord nucléaire iranien de ’dangereusement inadéquates’ et a déclaré que ’l’Agence internationale de l’énergie atomique’ était ’susceptible de rater d’importantes installations [nucléaires] iraniennes’. Dans son discours au Congrès de 2015 qui attaquait l’accord avec l’Iran, Netanyahu a insisté sur le fait que ’non seulement l’Iran défie les inspecteurs, mais il est passé maître dans l’art de jouer à cache-cache avec eux’.
Tous ceux qui s’opposent à leur propagande doivent partir. Bolton, qui veut bombarder l’Iran, est de retour aux commandes. L’une de ses cibles les plus évidentes est l’AIEA, qui certifie que l’Iran s’en tient à l’accord nucléaire. Il semble que les machinations de Bolton portent leurs fruits :
Le chef des inspections de l’organe de contrôle nucléaire de l’ONU a démissionné soudainement, a annoncé l’agence vendredi sans donner de raison.
Le départ de Tero Varjoranta intervient à un moment délicat, trois jours après que les États-Unis ont annoncé qu’ils abandonnaient l’accord nucléaire entre les puissances mondiales et l’Iran, ce qui soulève la question de savoir si Téhéran continuera à s’y conformer.
Varjoranta, un Finlandais, était directeur général adjoint de l’Agence internationale de l’énergie atomique et chef de son Département des garanties* qui vérifie, depuis octobre 2013, que les pays signataires du Traité de non-prolifération nucléaire le respectent.
Une autre victime est le fonctionnaire du département d’État qui a certifié que l’Iran respectait l’accord nucléaire :
L’un des plus grands experts du département d’État en matière de prolifération nucléaire a démissionné cette semaine après que le président Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire iranien, ce qui, selon les responsables et les analystes, s’inscrit dans le cadre d’une inquiétante fuite des cerveaux de la fonction publique au cours des 18 derniers mois.
Richard Johnson, un fonctionnaire qui occupait le poste de coordonnateur adjoint par intérim au Bureau central de la mise en œuvre du programme nucléaire iranien, avait participé à des pourparlers avec des pays qui cherchaient à sauver l’accord au cours des dernières semaines, y compris la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne – un effort qui, en fin de compte, a échoué.
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Le Bureau que Johnson dirigeait est passé de sept employés à temps plein à zéro employé depuis l’inauguration de Trump.
L’homme qui a lancé la guerre contre l’Irak est maintenant récompensé. Netanyahou incite à la guerre contre l’Iran, tout comme il a incité à la guerre contre l’Irak. D’obscurs groupes d’’experts’ insensés sortent de leurs chapeaux des documents de politique générale en faveur d’un ’changement de régime’. Les ’alliés’ américains sont sous pression. Leur ouverture au ’compromis’ augmente les chances de guerre. Pendant qu’ils insistent pour s’en tenir aux règles internationales, des acteurs malveillants préparent des mesures pour briser leur résistance. On n’en est encore qu’au début d’une ’opération de formatage’ de l’opinion publique. Cette préparation du public à la guerre prendra probablement un an ou deux.
Ce qui manque encore, c’est un événement qui déclenche la frénésie guerrière dans le public américain. Pour cela, les États-Unis orchestrent généralement des opérations sous faux drapeaux – l’incident du Tonkin, le naufrage du Maine, les meurtres à l’Anthrax – pour créer un motif psychologique pseudo-rationnel à la guerre. Un lobbyiste pro-israélien appelle** Israël à en monter un pour déclencher la guerre contre l’Iran.
On se demande quand et comment un nouvel incident comme le 11 septembre, ou une autre alerte à l’anthrax, aura lieu. Ce sera le signe le plus sûr que le compte à rebours de la guerre contre l’Iran a commencé.
Par Moon of Alabama; Traduction : Dominique Muselet
Source: Réseau International