Alors que l’Union européenne se démène pour offrir un paquet d’incitations économiques viable pour convaincre l’Iran de rester dans le PGAC (accord nucléaire signé en 2015 entre l’Iran et les 5+1) en dépit du retrait américain, certains essaient de saper ces efforts et d’aligner pleinement les politiques de l’Europe sur la stratégie de Trump.
Ce faisant, ils sont mêmes prêts à sacrifier les intérêts de l’Europe sur l’autel de l’aventurisme US. Jusqu’où tiendra ce front de résistance anti-américain en Europe?
Un article de « lobelog.com » revient sur le sujet et évoque à titre d’exemple, une tentative du Parlement européen de bloquer l’une des principales mesures proposées par les gouvernements de l’UE pour préserver le PGAC, à savoir le mandat accordé à la Banque européenne d’investissement (BEI) pour soutenir le financement de projets d’investissement en Iran :
« Le 4 juin, lorsque la proposition a été mise en avant, le Parlement européen disposait de deux mois pour s’y opposer en émettant une résolution bloquant la mesure. Une première tentative de blocage a été entreprise le 28 juin avec à sa tête Gérard Deprez, eurodéputé belge et porte-parole de BUDG pour l’Alliance des démocrates et des libéraux d’Europe (ADLE). Le texte prétextait « les craintes exprimées par la direction du BEI au sujet des sanctions US » pour plaider le refus du BEI à s’engager en Iran.
Les analystes ont été surtout perplexes: pourquoi un grand groupe politique comme l’ADLE, dirigé par l’ex-premier ministre belge et passionné de l’euro-fédéralisme, Guy Verhofstadt, devait-il chercher à saper le PGAC, une réussite diplomatique singulière de l’UE ?
C’est que Deprez est le président d’un caucus informel dit des « Amis de l’Iran libre » au Parlement européen, affilié au groupuscule terroriste des Moujahedines du peuple. Ce même groupuscule qui figurait jusq’en 2012 sur la liste terroriste de l’Union européenne et qui à présent, dopés par les néoconservateurs de l’équipe Trump, reprend de l’envol.
Les promoteurs de la motion de blocage ont poussé à un vote en plénière. Le texte a été rejeté lors de la session plénière du Parlement européen par 573 voix contre 93, avec 11 abstentions.
Ainsi le Parlement a soutenu de manière décisive les deux mesures pour qu’elles entrent en vigueur le 5 août, la veille de l’entrée des sanctions américaines réimposées.
La lutte, cependant, n’est pas terminée. En théorie, les gouvernements nationaux pourraient encore bloquer la mesure avant son entrée en vigueur. Les États-Unis tendent déjà la main aux membres les plus faibles de l’UE, tels que les États baltes, la Pologne et la Hongrie, pour les forcer à suivre Washington, plutôt que Bruxelles en ce qui concerne l’Iran.
Comme l’a révélé le vote au Parlement européen, ces efforts sont compensés par les pro-Trump en Europe occidentale qui synchronisent leur agenda avec celui de Trump.
Ceci dit, le rejet du texte illustre une chose : la lutte pour préserver le PGAC est devenue quelque chose de plus important qu’un simple accord de non-prolifération avec l’Iran. C’est une bataille pour sauver l’ordre mondial multilatéral.
Source: Press TV