L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et les militants du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) ont contraint jeudi un navire israélien appartenant à l’entreprise Zim Integrated Shipping Services à changer de cap alors qu’il tentait d’accoster au port de Radès en Tunisie sur sa route vers l’Espagne.
Le navire a été refoulé à l’entrée du port après que des militants anti-israéliens eurent menacé de bloquer le port, et les travailleurs portuaires ont déclaré, selon l’agence de presse WAFA, qu’ils détruiraient la cargaison du navire s’il accostait. Dans ces conditions, l’équipage a décidé d’aller directement en Espagne.
L’UGTT avait appelé, sur sa page Facebook, les travailleurs portuaires et toutes les personnes concernées à empêcher le navire israélien d’entrer dans les eaux territoriales de la Tunisie.
Un porte-parole de la société de conteneurs israélienne Zim a cependant déclaré au Jerusalem Post que le navire n’appartenait pas à la société, n’était pas loué par la société et ne contenait aucune cargaison appartenant à la société.
Le 1er août, le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Sami al-Tahiri, a déclaré à la radio locale que le syndicat avait reçu des informations selon lesquelles un navire « appartenant à une compagnie israélienne » devait arriver dans le port tunisien de Radès sous un drapeau turc. Il a demandé au gouvernement de vérifier si le navire était lié à Israël.
TACBI, la Campagne tunisienne pour le boycott académique et culturel d’Israël, a déclaré qu’il serait « extrêmement scandaleux de laisser ce bateau accoster à Radès, d’autant plus que dimanche dernier, la marine israélienne a intercepté la Flottille de la liberté dans les eaux internationales ».
Deux jours plus tard, les syndicats palestiniens ont annoncé à leurs homologues tunisiens qu’ils avaient reçu des informations selon lesquelles la société turque de transport de conteneurs Arkas aurait été payée par la société de conteneurs israélienne Zim et que le navire était attendu le lendemain dans un port de Tunisie.
« Nous appelons au nom des principaux syndicats palestiniens à agir de toute urgence pour empêcher le navire mentionné d’entrer dans le port ou de décharger sa cargaison », ont déclaré les syndicats palestiniens. Ils ont ajouté que des pressions étaient nécessaires pour empêcher les transactions directes ou indirectes entre Israël et la Tunisie.
Le site internet de TACBI indique que le navire, baptisé Cornelius A, appartenait à la société turque Arkas, « avec laquelle Zim a conclu un accord de partage de navires » et n’a pas accosté le 5 août, mais a poursuivi sa route.
TACBI a déclaré que le navire s’était amarré là-bas en juillet et « aurait fait des arrêts réguliers pendant plusieurs mois ». Mais la campagne de boycott mobilisée début août avec le soutien du syndicat local UGTT « bloquera toute compagnie israélienne essayant d’entrer sur le sol tunisien. »
TACBI a publié une capture d’écran du site internet de Zim qui, selon eux, montrait que le porte-conteneurs de Zim au Texas assurait une liaison régulière entre Haïfa et Valence et que le Cornelius A se rendait de Valence à Radès. La capture d’écran elle-même ne montre aucun lien direct entre Israël et Radès, ou le Cornelius A.
En Tunisie et dans les autres cercles BDS, la « victoire » a été déclarée le 7 août quand ils ont annoncé que le navire n’accosterait pas à Radès.
Les Palestiniens ont également célébré en postant sur Facebook des images d’une femme brandissant une pancarte sur laquelle était inscrit : « Zim dégage ».
En 2014, la Tunisie a même interdit à des Israéliens de descendre d’un navire de croisière norvégien. Cela semble être l’un des premiers cas où un navire battant pavillon étranger et appartenant à une société étrangère a été empêché d’entrer dans un port en raison d’allégations selon lesquelles il aurait des accords ou des relations commerciales avec Israël.
Cet incident fait suite au refus de la Tunisie d’accueillir Israël dans le championnat international d’échecs.
Les mesures menées par les syndicats à Radès montrent que toute tentative gouvernementale de normaliser les relations avec l’entité israélienne est diamétralement opposée à la volonté du peuple tunisien.