Les médias américains, se référant à des sources de Washington, affirment que le président américain Donald Trump étudie l’éventualité d’un bombardement contre les forces russes et iraniennes en Syrie si le président syrien Bachar al-Assad utilisait l’arme chimique dans la province d’Idleb.
La principale force de frappe des Américains dans la région est constituée des missiles de croisière Tomahawk mer-sol, qui ont déjà servi dans l’attaque contre l’aérodrome d’al-Chaayrate en avril 2017 et contre d’autres sites syriens en avril 2018. Le résultat laissait à désirer, mais le locataire de la Maison blanche a ensuite déclaré à plusieurs reprises que la nouvelle attaque serait «bien plus sérieuse». Et que les militaires syriens pourraient ne pas être la seule cible. Le contingent russe en Méditerranée serait-il en mesure de contrer une attaque massive de Tomahawk?
Tu ne passeras pas
Du point de vue de la couverture aérienne, la situation des militaires russes en Syrie est plutôt bonne. Un réseau complexe de défense antiaérienne a été déployé à la base aérienne de Hmeïmim à Lattaquié. La périphérie lointaine est protégée par les S-400. Le deuxième échelon est constitué par les systèmes navals S-300 Fort installés sur les croiseurs lance-missiles Maréchal Oustinov et Variag, qui se remplacent par rotation pour patrouiller dans l’est de la Méditerranée, ainsi que par les missiles sol-air Bouk-M2E.
En troisième ligne sont placés des systèmes antiaériens syriens S-125 Petchora-2M.
Et enfin, en quatrième ligne, des canons antiaériens russes Pantsir-S1 protégeant l’aérodrome et les positions des S-400.
De plus, à tout moment, les équipages en état d’alerte des chasseurs Su-30SM et Su-35 sont prêts à se joindre à la défense contre une attaque aérienne. Tout cet armement tisse une «toile» et fonctionne en coordination. En cas de menace, toute la défense aérienne serait au branle-bas de combat — des S-400 aux unités dotées de lance-roquettes sol-air portatifs.
De plus, les militaires russes organisent régulièrement des exercices pour renforcer l’interaction entre les unités en mer, au sol et dans les airs. Ainsi, fin août, la flottille de la mer Caspienne, en liaison tactique avec l’aviation et la défense antiaérienne côtière, a travaillé la manœuvre surnommée «Le Mur» visant à contrer une attaque massive de missiles de croisière.
«La structure particulière des navires, des avions de reconnaissance et de chasse en liaison avec le radar côtier transhorizon Podsolnoukh et les systèmes antiaériens Bouk-M3 a permis d’accroître significativement la distance de détection de cibles volant à basse altitude. Notamment des missiles de croisière», a déclaré aux journalistes Vadim Astafiev, porte-parole du District militaire Sud.
Selon l’expert Vladimir Korovine, du Centre d’études militaro-politiques auprès de l’Institut des relations internationales de Moscou (MGIMO), dans le cadre de cette tactique les navires de guerre, l’aviation et la défense antiaérienne côtière agissent dans le même champ informationnel — ils échangent les données et se transmettent la désignation d’objectif.
«Il faut savoir que l’éventuel ennemi sait parfaitement combien nous avons de systèmes antiaériens sur cet axe, et a depuis longtemps tracé sur la carte le rayon de leur portée. Dans notre réalité actuelle, la destruction garantie d’un missile de croisière nécessite au moins deux antimissiles. Le nombre de munitions du camp qui se défend doit être au moins deux fois plus important que le nombre de missiles de croisière de l’attaquant», explique Vladimir Korovine.
Une question d’efficacité
D’après l’expert, la coopération étroite des forces de la marine, de l’armée de l’air et de l’armée de terre réglera ce problème, du moins partiellement. En ajoutant aux systèmes antiaériens des missiles air-air de l’aviation tactique, l’artillerie antiaérienne à grande cadence de tir de la marine, les systèmes antiaériens et les dispositifs de guerre électronique des unités côtières, alors la domination numérique des moyens offensifs de l’ennemi éventuel disparaît.
«Quand tous les moyens de défense antiaérienne se trouvent dans la même formation et travaillent de manière coordonnée dans l’espace et dans le temps, un tel «mur» est très efficace. Les derniers exercices ont prouvé que nous pouvions efficacement faire face aux menaces dans les grands bassins. A mon avis, on assiste à une situation de duel en Syrie. Aucune partie ne possède l’avantage sur l’autre. Nous ne sommes pas en Irak en 1991 ni en Yougoslavie en 1999. L’ennemi éventuel ne dispose pas de supériorité décisive. C’est la seule chose qui les retient», souligne Vladimir Korovine.
L’expert rappelle que la coalition menée par les USA a tiré 105 missiles de croisière contre la Syrie en avril 2018. Selon le ministère russe de la Défense, la défense antiaérienne a intercepté 71 Tomahawk. Bien évidemment, les Américains ont déclaré que tous leurs missiles avaient atteint leur cible. Cependant, aucun média n’a découvert de résultat d’impact — que ce soit russes, syriens ou occidentaux.
«Sous nos yeux se prépare un duel, poursuit Vladimir Korovine. Les deux camps ignorent quoi faire. Si les Américains attaquaient, les Russes et les Syriens abattraient tous leurs missiles ou la majeure partie d’entre eux, et ce serait un échec total pour les USA. Dans ce cas, des acheteurs de tout le Moyen-Orient se tourneraient vers la Russie pour acheter ses systèmes antiaériens. Mais si l’ABM syrien et russe ne remplissait pas sa mission, il faudrait s’attendre à la situation inverse.»
Auparavant, le ministère russe de la Défense avait réagi aux déplacements de la marine et de l’aviation américaine en pointant l’intention de Washington de profiter de la mise en scène d’une attaque chimique par les terroristes. Selon le ministère, cette provocation est préparée actuellement avec la participation active des services secrets britanniques. Les militaires russes connaissent même l’endroit précis où il est prévu d’organiser ce spectacle: une frappe avec des munitions chimiques devrait être prochainement lancée contre la commune de Kafr Zita dans la province syrienne d’Idleb, où sont arrivés des spécialistes étrangers anglophones.
Source: Sputnik