Le Premier ministre en charge de la formation du cabinet libanais Saad Hariri a été insulté en Arabie saoudite, lorsqu’il y a été capturé en novembre 2017, a révélé pour la première fois l’ex-journaliste libanaise Paula Yaacoubiane, la seule à l’avoir rencontré et interviewé durant cette phase critique.
Lors d’un entretien avec la télévision libanaise Al-Jadid, l’ancienne animatrice de la télévision libanaise Futur, laquelle appartient à M. Hariri a dit : « des insultes ont été adressées au président Hariri en Arabie saoudite et peut-être d’autres choses que je ne connais pas ».
» Même sans indice ni preuve je peux dire qu’il était capturé », a-t-elle ajouté
A peine arrivé le 4 novembre 2017 en Arabie saoudite, M. Hariri qui détient d’ailleurs la nationalité saoudienne, est alors apparu sur la télévision saoudienne al-Arabiyat pour présenter sa démission de la tête du gouvernement libanais. Provoquant un tollé énorme au pays des cèdres et une levée de boucliers de la part de tous ses partis politiques, en tête le Hezbollah, persuadés que ses positions ont été prises sous la menace et réclamant son retour immédiat.
Le Président de la république Michel Aoun avait alors menacé de faire descendre les gens dans les rues pour manifester contre l’Arabie saoudite s’il ne revenait pas au Liban.
A cette époque, Mme Yaacoubiane qui travaillait pour la télévision de M. Hariri s’était rendu en Arabie et y a effectué une interview avec lui pour dissiper les doutes sur son séjour là-bas.
« C’était clair que Hariri était épuisé et sous haute pression. C’était clair durant l’interview qu’il ne voulait pas démissionner. Ce qu’il avait dit lors de sa démission sur l’Iran et le Hezbollah était totalement différent de l’interview… c’était clair que quelque chose que ce qui se passait était en dehors de sa volonté », a indiqué Mme Yaccoubiane, devenue députée depuis, et dont les déclarations vont à l’encontre de ce qu’elle avait alors dit lorsqu’elle est rentrée.
De retour à Beyrouth, elle avait alors tweeté: « tout ce que j’avais dit après ma rencontre avec Saad Hariri était sincère et reflète la réalité de ce que j’avais vu. Il était libre dans sa maison lorsque je suis arrivé chez lui une semaine après sa démission »
Mais sa rencontre télévisée avait eu l’effet inverse, les Libanais étant persuadés davantage que leur Premier ministre se trouvait en Arabie malgré lui.
C’est alors que le président français Emmanuel Macron est intervenu pour régler l’affaire. Invitant M. Hariri en France, dont il détient la nationalité aussi.
De retour au Liban, le Premier ministre n’a jamais parlé de ce voyage. Les fuites médiatiques avaient alors révélé que le prince héritier Mohamad Ben Salmane lui reprochait « son laxisme » face au Hezbollah, avec lequel il forme un gouvernement d’union nationale.
Ces révélations interviennent au moment où éclate au grand jour l’affaire du journaliste saoudien opposant, Jamal Khashoggi, disparu dans le consulat de son pays en Turquie.
Elles confirment le caractère despotique et imprévisible du régime saoudien, sous le règne de son prince héritier Mohamad Ben salmane, lequel se permet toutes les infractions et les horreurs.
« J’espère que le journaliste Jamal Khashoggi est détenu et n’a pas été assassiné. S’il s’avère qu’il est mort, je peux dire à Hariri que Dieu merci qu’il est sain et sauf », a conclu Mme Yaacoubiane.
Source: Divers